Shadowdancer : un album solo pour Desmond Myers (le him prend le pas sur le Her)

Familier de la scène musicale parisienne puisqu’il s’est fait connaître en jouant dans le groupe français Her, le chanteur américain Desmond Myers sort un premier album : Shadowdancer (disponible depuis le 8 octobre). Avec cet album, Desmond Myers se lance en solo. Shadowdancer est un album aux tonalités pop-rock psychédéliques, plein de mouvement et d’envolées rythmiques dynamisantes et électrisantes. En huit titres, l’album réussit à donner l’impression d’un  flou artistique musical (à l’image de la pochette de l’album) dans lequel Desmond Myers mêle sa voix à son synthétiseur. Avec un groove incandescent, le chanteur parle de ses démons et des différentes énergies qui l’animent. Dans Shadowdancer Desmond joue avec le feu, l’apprivoise, se brûle. Et pourtant sa musique nous apaise.

Crédits photo : Katie Parker

Propos recueillis par Yoakim Sigaud

Salut Desmond, comment tu vas ?

Salut, je vais très bien. Là je pars pour la tournée de mon album : on a sept dates en France. La première date c’est La Maroquinerie à Paris et j’ai bien hâte. Cette tournée qui s’annonce est la première de ma carrière et je suis excité. L’album est sorti le 8 octobre et nous le présentons à Paris.

Pourquoi avoir choisi la France pour tes premiers concerts ?

C’est parce que toute l’équipe sauf moi habite en France. J’ai vécu pendant 5 ans à Paris [lorsqu’il était membre du groupe Her NDLR] et j’ai rencontré énormément de gens à ce moment-là. À mon retour aux Etats-Unis j’ai gardé contact avec des gens, notamment Mathieu du groupe Her. Quand tu rencontres des gens qui te comprennent musicalement, la distance n’est pas un problème et tu gardes le contact. Je pense que quand tu as un passé avec des gens et que tu partages une culture musicale c’est facile de faire de la musique, même à distance. On est donc un groupe dispersé entre Paris, Bordeaux et Atlanta et nos échanges passent par le numérique. 

En quoi ce nouvel album change de la musique que tu as fait avant ?

Ma musique précédente était principalement de l’auto-prod influencée par la musique que j’écoute.  Mes deux grandes cultures c’est le hip-hop et la musique des années 70 : je suis très rock, folk, soul et rap. Si je devais citer un groupe de musique qui m’inspire, ce serait Led Zeppelin. Je dirais qu’avant, ma musique était une affaire très personnelle. Pour ce nouvel album, j’ai travaillé en groupe avec Louis, Mathieu et Pierre. Avec eux j’ai découvert qu’on pouvait avoir un son qui se rapproche plus de ce que j’avais en tête. Pour ce nouvel album, rien n’a été fait sur un ordinateur ; c’est le travail de notre groupe, de la “fine équipe”.

À l’écoute de ton album on est happé par la beauté des textes et par l’usage que tu fais des métaphores pour parler de tes sentiments. Quelle place occupe l’image dans tes textes ?

Je suis très admiratif de Neil Young qui est un grand parolier et qui utilise beaucoup d’images et de mots simples – c’est ça que j’aime chez lui – donc je pense que ça m’inspire beaucoup pour ma musique. Et aussi, je suis poisson en astrologie. Je ne crois pas aveuglément à l’astrologie mais peut-être que mon signe astral peut expliquer ce besoin que j’ai de communiquer en utilisant des images et cette façon de percevoir le monde à travers des allégories. Enfin, je suis fan de littérature fantasy, qui est une écriture qui utilise beaucoup le symbole pour décrire l’irréel. Peut-être que c’est une autre explication de mon goût pour les images…

La chanson Shadows, au centre de l’album, peut se traduire par “ombres” en français. La notion d’ombre est intéressante car elle sous-entend l’idée de lumière qui fait penser à ta popularité grandissante. Est ce que ta célébrité naissante change quelque chose dans ton travail et dans ta vie ?

Je pense que je suis au tout début de ma carrière mais je sens qu’avec cet album je suis dans une période un peu spéciale. Je suis constamment entre les states et la France. Je fais aussi toujours des cours de musique et des mariages pour gagner ma vie, et je suis père de famille mais ma passion c’est d’écrire mes chansons. J’essaye de conserver un esprit plein de gratitude. Ce n’est pas facile à gérer et en ce moment c’est vrai que je suis entre deux, trois, quatre mondes.

En écoutant tes textes on a l’impression que la musique est pour toi une façon de te libérer, de purger tes passions…comme si écrire cet album avait été une catharsis, un échappatoire… Est-ce le cas ?

Totalement. Ça a été une découverte récente grâce à cet album. Pour expliquer le background, j’ai collaboré avec un groupe d’artistes avec lequel j’avais un soundcloud privé et tous les jeudis on devait créer un nouveau son. J’ai fait ça pendant deux ans et demi. Ça m’a permis d’avoir 200 titres dans lesquels j’ai sélectionné les huit qui composent mon album. Ce que j’ai découvert dans cet exercice créatif  c’est que, dès que ma musique parlait de quelque chose qui m’était intime, le résultat était plus brut, plus vif et donc plus intéressant. J’ai essayé de garder cet esprit pour faire cet album : aller chercher là où ça fait mal. Pour moi, écrire un album est une forme d’autothérapie ; parfois on a des démons qui sont en nous, des envies, des doutes et le fait de les mettre en musique permet de les mettre dans une petite boite. La musique c’est des émotions transformés en sons.

Ton album est construit avec une certaine logique musicale. L’album s’ouvre avec la chanson Playing with fire dans laquelle tu chantes a capella et l’album se conclut avec le titre Abercombie par une longue partie instrumentale. Finalement dans ton album, on commence avec ta voix et peu à peu la musique prend le dessus jusqu’à éclipser totalement le chant. Donc la musique sort gagnante de ce dialogue entre voix et musique . Est-ce que c’est le cas ?

C’est très très beau. J’aimerais te dire que c’était quelque chose de voulu. Mais en vérité on n’y a pas réfléchi. Mais il est vrai que ce dialogue toxique que l’on peut avoir en nous peut être interrompu par la musique.

Quel public aimerais-tu toucher avec ta musique ?

J’aime bien le public français, parce que c’est un public qui prend le temps d’écouter et de savourer. C’est quelque chose que j’apprécie et que j’ai appris à faire en France. Je ne dis pas qu’il y a un public meilleur qu’un autre mais il faut avouer que le public français est un public plus attentif que le public américain. Aux Etats-Unis, les retours que j’ai sur ma musique c’est tout le temps “c’est génial, tu es génial”. En France, quand ma musique n’est pas géniale, on ose me le dire. Et c’est très bien comme ça ; ça aide à grandir et à devenir meilleur. Mais avant tout, je veux toucher un public qui aime la musique et je pense que tant qu’on écoute de la musique on est le bienvenu dans mon univers.

Je te souhaite d’avoir un public qui dépasse les frontières musicales et géographiques alors. Merci Desmond et à bientôt !

Retrouvez Desmond Myers sur Facebook et Instagram.

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