Pourquoi aime-t-on voir les mêmes films encore et encore ?

Le « film doudou », c’est une des nouvelles dénominations que l’on entend de plus en plus aujourd’hui pour définir des films que l’on aime voir et revoir. Pas particulièrement fan de l’appellation (qui vient s’ajouter à une trop longue liste de catégories où nous rangeons des films parce que ça fait joli sur SensCritique) j’ai décidé de mettre de l’eau dans mon vin et de me lancer dans une expertise du cinéma réconfortant. Les « films doudous », comme le laisse entendre leur nom, sont-ils simplement liés à l’enfance ? Intriguée par ce concept, je me suis mise à creuser.

Article écrit par Nina Lachery

Bien vite, je me suis rendu compte que je ne pouvais répondre seule à cette question et me suis retournée vers mes collègues de travail : « C’est quoi vos films doudous ? Stalker ? Le Tango de Satan ? » m’a-t-on répondu en rigolant. 

En tête, j’avais déjà quelques idées bien à moi, la plupart étaient des films (souvent d’animation), adorés petite, que je pourrais facilement visionner trois fois par semaine sans grimacer. On me cita plus sérieusement des longs-métrages comme La Petite Princesse d’Alfonso Cuarón (1995), une adaptation d’un livre du même nom ayant également inspiré la série animée Princesse Sarah, ou encore le fameux Billy Elliot de Stephen Daldry (2000).

« N’importe quel film pour ado des années 90 » me dit aussi une collègue avant d’ajouter « Ou Légendes d’Automne, c’est un merveilleux film avec Brad Pitt qui a les cheveux longs, mais c’est triste ».

Des films avec des enfants pour personnages principaux, des longs-métrages pour ado et un film historique triste, mais avec les cheveux de Brad Pitt : pour l’instant, ma première définition du terme semblait rester valide. Nous retrouvons tous dans nos « films doudous » des éléments qui ont cajolé nos esprits d’enfants ou nos envies d’adolescents. L’analyse aurait pu s’arrêter là si quelqu’un n’avait pas ajouté :

« Moi, c’est vraiment le Tombeau des Lucioles »

Bien entendu, l’affirmation interpelle tout le monde, mais alors que je m’attendais à ce que mes pairs partagent ma surprise, j’en entends plusieurs s’accorder autour du film. Ma définition tombe en morceaux devant moi et je découvre vite que pour eux, un « film doudou » ça peut être tout aussi bien un film joyeux qu’un film dramatiquement triste. Là où j’apprécie personnellement le terme « films doudou » avec les exemples les plus « doudous » du genre, c’est-à-dire Jean-Christophe et Winnie (Marc Foster, 2018) ou encore les Paddington (Paul King, 2014 & 2017) – des films avec des ours en peluche taille réelle dedans –, certains trouvent aussi leur bonheur devant des longs-métrages qui les font pleurer.

L’idée me préoccupe encore alors que, sur le retour du travail, je remarque dans le métro une femme qui, penchée sur l’écran de son smartphone, garde malhabilement l’équilibre tout en regardant Twilight Chapitre 2 (Chris Weitz, 2009). Je la vois passer les cinq premières minutes d’un appui répété du pouce et finalement s’arrêter sur l’arrivée d’Edward Cullen au ralenti à travers le parking du lycée. Je me dis alors que peut-être ce n’est pas la saga dans son entièreté qui lui plait, mais que certains passages (en particulier ceux du bel Edward) sont pour elle des doudous en puissance. Au point de les regarder à en oublier sa sortie de métro.

De la même manière, mon copain qui renifle de dédain quand nous nous retrouvons devant un film étranger en VF et pas d’accès à la télécommande pour le passer en VO, accepte tout à fait le doublage pour certains de ses « films doudous ». Parmi ceux-là on retrouve une liste immense de films des années 80 comme L’aventure intérieure (Joe Dante, 1987) ou Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (John Carpenter, 1986) qu’il aime au point d’en regarder les VO et les VF alternativement en s’enthousiasmant des traductions de blagues comme s’il ne les avait pas déjà entendues cent fois auparavant.

Chamboulée, ma définition du film doudou prend une nouvelle forme ; même s’il est toujours aussi complexe de mettre des mots sur un concept si proche de la subjectivité de chacun, je tente quelque chose. Un « film doudou » n’est pas une œuvre irréprochable, mais un métrage dont on ne cherche pas à trouver de défauts. L’acte de regarder le film devient aussi important ici que le contenu du film en lui-même, car il renvoie à des visionnages passés qui apportent autant de réconfort que l’histoire. Comme la peluche contre laquelle on se blottissait lorsqu’on était enfant, le « film doudou » peut nous permettre de vivre différentes émotions et d’en ressortir apaisés, revigorés par ces histoires que l’on connaît presque par cœur.

Et la magie de la chose est qu’un film peut devenir doudou dès le premier visionnage ou après le sixième, que ce soit un blockbuster ou un film Hongrois méconnu, qu’il ait deux étoiles sur Allociné ou que l’autrice de l’œuvre originale s’avère être une personne imbuvable. Bref, votre « film doudou » est à vous et rien qu’à vous et par le pouvoir de la subjectivité, personne ne pourra jamais vous contredire là-dessus !

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