Mercredi, le grand retour de Tim Burton sur Netflix ?

C’est la série événement ! On en entend parler de toute part et elle envahit même vos Pour Toi sur TikTok. C’est un énorme carton pour les débuts de Mercredi, la série dérivée de La Famille Addams, que nous offre Tim Burton, grand réalisateur du fantastique gothique.

Mercredi – Netflix

Article écrit par Anatole Caille

En résumé, Mercredi, jeune fille à l’allure et aux idées macabres est désormais adolescente. Après avoir été renvoyée une nouvelle fois de son lycée, elle intègre l’académie Nevermore, un établissement pour jeunes aux capacités surnaturelles. Elle y rencontre lycanthropes, sirènes ou encore gorgones. Décidée à ne pas rester, Mercredi découvrira cependant qu’une grande menace règne et qu’elle risque d’avoir un rôle clé à jouer pour sauver ses semblables.

Mercredi, le grand retour de Tim Burton ?

Tim Burton à la tête d’une série sur la famille Addams, c’était parfaitement logique. Un univers sombre et gothique avec des personnages marginaux attachants, on y voyait qu’une énorme compatibilité. Le réalisateur connu pour son imaginaire noir avait tout un univers à sa portée représentant, pour lui, un grand terrain de jeu. Pourtant, est-ce que Burton s’est éclaté avec Mercredi ? Peut-être (honnêtement, pas sûr) mais nous, on ne le ressent pas vraiment. 

Le format sériel et les moyens de Netflix auraient pu permettre au réalisateur de nous offrir un univers généreux. Malheureusement, ce n’est pas réellement le cas et on ressent Mercredi comme une caricature visuelle du travail du réalisateur. 

L’univers visuel de la série est d’une simplicité assez décevante, un grand château gothique comme base du récit, assez brut, peu mis en valeur et sans trop de personnalité. Un peu dommage de la part de quelqu’un qui s’amusait à ériger des grandes statues sombres, de tordre des portes et des arbres ou de jouer avec les formes des fenêtres dans Edward aux mains d’argent ou encore Sleepy Hollow. On peut souligner quelques idées visuelles intéressantes mais elles se font rares comme le design du monstre aux gros yeux rappelant les premiers pas de Burton dans Beetlejuice ou encore la chambre de Mercredi et de sa colocataire Enid, divisée par une démarcation précise avec la zone d’Enid, haute en couleurs et chargée en éléments décoratifs et la zone de Mercredi, noire, austère et sinistre. 

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De même, on retrouve les thèmes propres à la filmographie du réalisateur, mais sans trop de renouvellement. Mercredi est un archétype burtonnien, une marginale gothique, refusant d’être formatée par la société, une artiste incomprise et une solitaire. Mais ici, le protagoniste ne se place pas en victime, elle est mauvaise, déteste les gens, les méprise et c’est assez amusant à voir puisque le personnage ne manque pas de répliques cinglantes. 

On retrouve ici une ode à la marginalité, avec cette académie de jeunes dotés d’aptitudes et isolés dans une grande bâtisse, sous la protection de leur principale stricte, mais dévouée, Larissa Weems (Gwendoline Christie) rappelant évidemment Miss Peregrine et les enfants particuliers. Il y a, avec cette thématique, l’opportunité de faire un parallèle d’actualité en évoquant les discriminations, le rejet (on évoque par exemple les thérapies de conversion) ou encore le harcèlement scolaire. Les parallèles avec le travail du réalisateur se font donc nombreux, on retrouve également la figure du monstre, pas si monstrueux que ça puisqu’il est l’instrument du vrai mal, et chez Burton, c’est l’être humain (Sleepy Hollow).

Mercredi signe par ailleurs une nouvelle collaboration avec le compositeur Danny Elfman, cette fois-ci un peu décevante puisque ses compositions ne sont pas vraiment marquantes, excepté le sympathique générique de la série, auquel on ne pourra en profiter que sur deux épisodes.

Une recette Netflix qui marche

Côté casting, c’est là que la série tient son point fort. Mercredi est servie par une galerie de personnages très attachants, incarnés par des acteurs convaincants. On aura d’ailleurs le plaisir de retrouver Christina Ricci, iconique Mercredi de La Famille Addams de Barry Sonnenfeld (1991 et 1993). On sera ravis de retrouver Gwendoline Christie (Game of Thrones), qui incarne ici une femme touchante et ambivalente, elle a d’ailleurs révélé que son rôle de Larissa Weems était le premier où elle s’est sentie belle à l’écran. 

Enfin, pour incarner la jeune Mercredi, Jenna Ortega est parfaite. Elle livre une interprétation très riche et on sent que l’actrice s’est amusée dans ce rôle.  

Petit bémol au niveau du reste de la famille Addams qui n’obtient que peu de temps à l’écran par rapport à ce que la promotion de la série pouvait laisser penser, mis à part La Chose. La célèbre main de compagnie s’avère, en effet, être un partenaire particulièrement drôle et attachant pour la jeune fille, ce qui donne lieu à quelques situations comiques plutôt amusantes.

En définitive, Mercredi est très sympathique et remplit le cahier des charges de la série d’adolescents : divertissement, rebondissements et personnages attachants auxquels on peut s’identifier. N’étant pas exempte de défaut, on en retient cependant huit épisodes agréables à suivre, au casting et à l’histoire plaisante. Malheureusement, on est loin d’un grand retour du célèbre réalisateur du fantastique, qui se contente de nous amener là où l’attend, sans effort de renouvellement. Ironique de voir un réalisateur qui dénonçait les grandes industries d’une société capitaliste cruelle voulant pervertir l’art des artistes marginaux (Charlie et la Chocolaterie, Edward aux mains d’argent), se laisser formater par le géant qu’est Netflix, et ce, en multipliant les tentatives pour plaire au plus large public. (On notera même la grande présence de Netflix qui s’impose au point d’exposer grossièrement son logo N sur les uniformes des élèves de Nevermore.)

Ce qui est un peu dommage, mais qui a payé, au vu de l’énorme succès que représente déjà la série. En espérant une saison 2 (pas encore annoncée, mais en très bonne voie) plus ambitieuse, on vous encourage quand même à voir Mercredi, si vous avez envie de passer un bon moment, remettant au goût du jour l’univers gothique.

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