Ici, on aime le vert ou comment Caroline est devenue fleuriste

Vos plantes ont-elles un petit nom ? Un petit surnom ? Nous vouons une surprenante affection et bienveillance à ces petits bouts de nature qui poussent et grandissent dans nos appartements. Une plante devient comme une copine (bien que silencieuse), une joyeuse présence. Si fière et innocente, elle semble embellir la pièce et la rendre plus chaleureuse. Adoption, ou plutôt achat satisfaisant, nous voici à tenir un petit pot dans la rue, en rentrant chez nous, persuadés que nous avons enfin trouvé la touche parfaite pour nous sentir bien chez nous !

Mais… Pourquoi aimons-nous tant acheter des plantes ? Nous sommes partis à la rencontre de Caroline, fleuriste, pour en savoir plus sur ces petits êtres verts.

Crédits photo : Ulysse Klein

Propos recueillis par Maude Vuillez

Salut Caroline, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Caroline, je vais avoir 30 ans, je suis fleuriste depuis bientôt 2 ans et j’ai fait l’école des fleuristes de Paris.

Comment devenir fleuriste ? 

Il y a plusieurs façons d’accéder à ce métier. De nombreuses personnes se lancent en autodidacte, ou dans des formations qui proposent des insertions professionnelles chez des fleuristes. Tout dépend de ta vocation. Sinon, tu peux faire un CAP après le bac. Il y a des mises à niveau à faire en amont, mais accessibles. Le brevet professionnel est aussi envisageable. Alors que le CAP c’est vraiment les bases, la technique, le BP repose avant tout sur la création, une approche plus personnelle. Quand tu quittes l’école, tu es dans l’artistique, tu peux créer véritablement des choses (comme les bouquets, pas si simples à faire !) 

 Pourquoi devenir fleuriste ? Était-ce ta vocation ?

Je ne savais pas trop quoi faire, je pensais devenir commerciale dans un bureau… Mais je me suis assez vite rendue compte qu’être fleuriste, c’est un métier de passion. Lors du CAP, au début, il y a beaucoup d’élèves et petit à petit, ça se vide. Comme les amphithéâtres à l’université. Le métier de fleuriste, c’est beaucoup de contraintes et alors que le bon du métier est souvent mis en avant, quand l’on découvre les grosses difficultés qu’il peut engendrer, des élèves ont tendance à abandonner. Il faut avoir un goût pour le manuel qui prend beaucoup de place au quotidien. Pour le moment et personnellement, être employée fleuriste, je sais que je ne le serai pas toute ma vie. C’est un métier très éprouvant et le salaire n’est pas bien haut… j’ai comme objectif d’être patronne.

En tant que fleuriste, que préfères-tu au quotidien ?

J’aime quand ça bouge, que c’est vivant, que la journée passe vite car il y a différents projets… que ce soit un mariage, un enterrement. Oui, les enterrements aussi font partie intégrante de notre quotidien… mais je trouve que c’est intéressant car le relationnel entre en jeu. Comment prendre en charge la famille ? Trouver ce qui leur correspond le mieux ? Une vraie démarche psychologique est à l’œuvre, et non plus commerciale. Sinon, j’aime mettre en place la boutique, préparer l’installation des nouveaux arrivages. Le rapport avec la clientèle est chouette aussi. Pour ma part, le vrai point négatif quand tu es fleuriste c’est l’hiver. Je peux avoir très froid, ne pouvant allumer le chauffage. Cela abîmerait les plantes et les perturberait selon la saison. Mais cela dépend des boutiques, certaines s’adaptent. Le métier de fleuriste, malgré tout, c’est de nombreux aspects, approches, où tu apprends beaucoup de choses. Je peux être amenée à bouger, sur des événements, des marchés… on a une grande liberté.

Crédits photo : Maude Vuillez

Le confinement, cette solitude exacerbée chez chacune et chacun, a-t-il favorisé l’achat de plantes ?

À la sortie du premier confinement, nous avons effectivement constaté un important achat de plantes. Cependant, les productions étaient plus lentes, puisque tout était au ralenti, donc il fallait s’adapter. Un an, deux ans après la première vague… les prix ont vraiment augmenté et s’acheter une petite plante, jolie, à un prix correct était difficile. Les gens ont besoin de vert chez eux et surtout de s’occuper ! Les plantes c’est devenu une habitude aussi, à partir du moment où tu en as eu, difficile de revenir ou continuer dans un appartement sans plantes. 

Les enjeux écologiques actuels favorisent-ils aussi cette mouvance ?

Oui, pour l’écologie… mais j’estime que nous sommes dans une forme de Green Washing (c’est-à-dire une manière de donner une image trompeuse de responsabilité écologique). Certes, c’est sympa d’acheter des plantes mais souvent ce sont des plantes tropicales, qui sont totalement décalées par rapport au climat français… Nous avons affaire à de très gros producteurs, les plantes viennent rarement de France… donc il est évident que s’acheter des plantes ne revient pas vraiment à se mettre au vert. Mais néanmoins, les fleurs viennent majoritairement de France… donc sur ce point, c’est moins grave. Mais mes propos n’engagent que moi car tout dépend du fleuriste, de son accès aux producteurs, de ses convictions écologiques pour ses clients mais aussi vis-à-vis de lui-même. 

Que ressentent les plantes  ? Éprouvent-elles des choses ?

Honnêtement, je ne suis pas en mesure de te répondre. J’aimerais bien le savoir, c’est tout un mystère. Ressentent-elles des choses par rapport à nous ? À l’environnement qui les entoure ? Je suis persuadée que oui. 

Regarder une plante est apaisant. Saurais-tu expliquer cette sensation ? 

En tant que parisienne, j’entends beaucoup de clients dire « ça fait du bien tout ce vert ! » Je pense que l’humain n’est pas fait pour vivre dans du béton.. de ce fait, dès qu’il y a du vert, on se sent bien. Car c’est bien plus naturel.

Crédits photo : Maude Vuillez

Pour un petit appartement parisien, quelle est la plante star ?

Je préconise de se tourner vers la Calathéa, par exemple, car elle n’a pas besoin de beaucoup d’eau, de lumière, puisque les appartements parisiens sont souvent assez sombres. Si jamais la personne a un appartement un peu plus grand que la moyenne, il y a la Dracaena, mais attention elle peut prendre de 80 cm jusqu’à 1m20 en moyenne par an ! Donc il faut être vigilant ! Ceci-dit, ce ne sont que deux exemples. Si vous regardez sur internet, en vous basant sur des critères spécifiques, vous pouvez trouver votre bonheur. Moi je m’adapte aux besoins de la clientèle selon l’appartement qu’elle me décrit. Généralement, les clients me donnent assez d’informations pour que je puisse estimer. Beaucoup aiment les plantes à fleurs aussi, comme les orchidées. C’est assez chouette pour un appartement ! 

Les 3 règles d’or pour prendre soin d’une plante ?

Disons qu’il y en a deux. ll ne faut pas que la plante ait froid : il ne faut pas de courant d’air froid, les mettre à côté d’une fenêtre (en hiver par exemple). Comme nous, les plantes peuvent attraper froid et ça se voit tout de suite puisqu’elles maronnent, noircissent. Aussi, il est très fréquent que l’on oublie d’arroser une plante. Mais attention, si cela vous arrive, il ne faut surtout pas soudainement trop l’arroser. Trop d’eau ce n’est vraiment pas bon, elle peut se noyer, tout simplement. Car si jamais on oublie d’arroser une plante, celle-ci peut perdre quelques feuilles alors qu’au contraire, si la plante a trop d’eau, qui stagne, la plante va pourrir. Ça commencera par le système racinaire et ça va la consumer entièrement… au fur et à mesure. Donc trop de froid ou trop d’eau c’est souvent les deux raisons pour lesquelles une plante peut mourir. Il est utile de vérifier le fond du cache pot ! 

Crédits photo : Maude Vuillez

Une astuce pour que nos plantes ne meurent pas ?

Si tu veux qu’une plante pousse, grandisse et qu’elle se porte bien alors il faut la rempoter régulièrement, avec de la bonne terre. Rempoter, c’est-à-dire, changer de pot, pour que les racines se développent. C’est bien d’aller voir un fleuriste en chair et en os, car sur internet il y a souvent trop d’informations et donc potentiellement des erreurs. Il est indiqué qu’il faut telle ou telle terre mais c’est souvent des outils marketing derrière, de la publicité, et au final ce n’est pas vraiment la terre qui est recommandée pour la situation en question. Aussi, une astuce est de ne pas rempoter la plante dans un pot trop grand d’emblée car la plante va se faire une place toute seule. Elle est intelligente, elle saura se débrouiller ! 

Et vous ? Abonnés de Mauvaise Graine ? Avez-vous des plantes ? 

Partagez vos photos, diffusons des good vibes vertes !

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