Depuis quelques années, une série de nouvelles revues féministes papier a vu le jour. Cette nouvelle ère de la presse papier à l’ère du digital assume sa ligne éditoriale engagée et se réapproprie une information liée à la société et au culturel longtemps élaborée à partir d’un regard majoritairement masculin. Coup d’œil sur les 3 coups de cœur de Mauvaise Graine, à lire sans modération.
Article écrit par Cloé Garnier
La Déferlante : un média pour penser le monde au prisme du genre
La Déferlante, c’est la première revue trimestrielle post-#metoo consacrée aux féminismes et au genre. À travers sa revue trimestrielle et sa newsletter bimensuelle, La Déferlante offre une analyse pointue de notre époque dans une perspective féministe. Tout ça sous une multiplicité de formats journalistiques pour raconter les révolutions féministes : récits, enquêtes, portraits, reportages, bande dessinée, portfolio… La Déferlante croise les regards de journalistes, d’auteur·rices, de chercheur·ses, d’artistes et d’activistes. Elle a pour ambition de défaire les attentes genrées, celles qui se logent partout et principalement dans les creux de nos vies quotidiennes. Aussi, chaque numéro se voit attribuer un dossier central à un thème déclinable à l’infinitif : manger, se battre, aimer, voter, etc.
L’objectif ? Déconstruire les normes de genre. Et comme le féminisme est loin d’être une pensée unique et linéaire, La Déferlante a choisi comme devise « la revue des révolutions féministes » pour raconter cette multiplicité des luttes. Si elle entend synthétiser les débats qui agitent aujourd’hui les différents courants féministes, La Déferlante ne se place pas au-dessus de la mêlée : elle prend parti. Engagée et accessible au plus grand nombre, La Déferlante est aussi une boîte à outils pour penser les grandes questions de société au prisme du genre.
Le premier numéro a été publié en mars 2021, à l’initiative de quatre cofondatrices du monde du journalisme et de l’édition : Marie Barbier, Lucie Geffroy, Emmanuelle Josse et Marion Pillas. Élaboré avec un comité éditorial qui réunit régulièrement chercheur·euses, activistes et journalistes, La Déferlante fait dialoguer des personnes inscrites dans les courants intellectuels et militants divers, de la tradition matérialiste à la pensée queer ; de la mise en critique de l’« universalisme républicain » aux horizons ouverts par les réflexions décoloniales. Loin d’avoir un avis tranché sur tous les débats qui agitent aujourd’hui les féminismes, le média souhaite donner à comprendre et à réfléchir avec finesse et sans caricature.
Dernier point rare (et cool), il s’agit d’une revue indépendante sans publicité pour garantir l’indépendance de ses choix éditoriaux. La Déferlante a été conçue comme un média capable de se financer essentiellement grâce à ses lectrices et lecteurs afin de garantir sa pérennité et une totale indépendance dans ses choix éditoriaux.
Boutique de La Déferlante, ici. Et pour les suivre sur Instagram, c’est par là.
Gaze : la revue des regards féminins
Nos imaginaires ont si longtemps été forgés par la perspective masculine qu’ils ont un besoin brûlant d’alternatives ! C’est avec cette ambition que Gaze, la revue des regards féminins, est née en 2020. À travers des récits intimes, du reportage en immersion et une tonne de photographies, elle est entièrement pensée et faite par des femmes et personnes non-binaires et s’intéresse aux enjeux sociaux, intimes et culturels de la condition féminine. « Le choix du titre est une riposte au male gaze, le regard masculin qui a si longtemps forgé nos imaginaires et pour lequel nous avons aujourd’hui un besoin brûlant d’alternatives », explique la fondatrice. Gaze, c’est une revue culturelle qui célèbre la multiplicité des regards féminins.
Entre magazine et livre, Gaze a vu son premier numéro paraître à l’automne 2020. Depuis, Gaze c’est deux fois par an un bel objet précieux, sans publicité, entre magazine et livre, bilingue français-anglais. Loin d’une info qui se picore et puis s’oublie, nous croyons dans le papier s’il est pensé comme un objet que l’on garde, que l’on chérit, et qui sera toujours pertinent quand on le ressortira de sa bibliothèque deux ans après sa parution.
Un autre magazine porté aussi par une équipe de quatre nanas : Clarence Edgard-Rosa, Laura Lafon, Juliette Gabolde et Stella Ammar. Pour sortir de la vision globalement masculine des médias traditionnels, elles ont décidé de lancer Gaze. À l’intérieur des pages de cette revue se côtoient des personnalités et des inconnues, des jeunes et des moins jeunes, des grandes signatures et des débutantes, toutes sur le même plan. Gaze n’est pas le journal du débat féministe, mais bien une porte d’entrée sensible et inspirante dans un féminisme inclusif et intersectionnel.
Et le magazine ne s’arrête pas là, puisque Gaze sera aussi un prix, sous la forme d’une bourse d’études récompensant chaque année deux jeunes femmes talentueuses, leur permettant d’accéder à des cursus d’études supérieurs parfois prohibitifs.
La boutique de Gaze, ici. Pour les suivre sur Instagram, c’est par là.
Censored : le magazine qui explore la culture féministe et artistique émergente
Censored – un peu plus âgé que les autres puisqu’il est né en 2018 – explore la culture féministe et artistique dans une esthétique punk trash. Créé par deux sœurs, Apolline et Clémentine, ce fanzine un peu extraterrestre a pour ambition de servir d’archive afin de laisser une trace des révolutions féministes et queer de notre génération , ainsi que de les ancrer. Dans un monde où les femmes et communautés lgbtqia+ sont encore invisibilisées, Censored veut laisser une trace et inspirer de nouveaux imaginaires inclusifs pour créer une archive vivante. Censored, c’est un magazine indépendant inspiré des mouvements punk et Do It Yourself pour documenter l’avant-garde féministe.
Le magazine pensé comme une bibliothèque intime et politique se présente comme un semestriel de 200 pages environs, contenant des graphismes et des textes engagés, afin d’allier artistique et politique.
À mi-chemin entre l’objet précieux et la culture fanzine, Censored prend le parti pris d’une grande liberté éditoriale et d’expérimentations graphiques : aucun numéro ne se ressemble, les contenus sont à la fois proches des enjeux politiques, culturels et sociétaux contemporains et hors du temps. Chaque sujet est choisi de manière instinctive, mouvante, voire émotionnelle. Chaque édition est faite de papiers aux multiples textures, de qualité et imprimée en France, près de Roanne.
La boutique de Censored, ici. Pour les suivre sur Instagram, c’est par là.