Figurant dans le cercle restreint des séries les plus attendues sur Netflix cette année, Sex Education a encore une fois globalement satisfait son public assidu. Forte de son casting extrêmement représentatif, la création de Laurie Nunn inonde son intrigue de nouveaux personnages, sans jamais laisser de côté leurs destins. Attention, spoilers.
Article écrit par Julie Guillaud
Voilà une rentrée riche en nouveautés pour les lycéens de Moordale. En amour, en amitié mais aussi au casting, la saison 3 de Sex Education rime avec remue-ménage, si bien que certaines de ses intrigues semblaient inconcevables. L’ultime épisode de la saison 2 réduisait nos espérances à néant, avouons le. Pour rappel : dans un message laissé sur son répondeur, Otis déclarait enfin sa flamme à Maeve. Isaac, jaloux et secrètement amoureux de sa voisine, n’a rien trouvé de plus intelligent que de l’effacer. On retrouve donc le fils de Jean Milburn à fricoter avec Ruby, la peste la plus populaire du lycée.
La saison 3 voue considérablement ses huit épisodes à l’évolution de ses adolescents, où leurs derniers instants au lycée sont désormais comptés. Les amitiés se renforcent comme elles se déchirent, voire plus si affinité. Mais croire qu’un jour Otis et Ruby puissent sortir ensemble relevait du miracle. Et pourtant, Sex Education l’a fait. Personnage central depuis le début, la série ne cesse d’exploiter la personnalité du frêle mais audacieux Otis, jusqu’à le propulser aux portes du monde adulte. Habituellement maladroit, il s’exprime d’une traite et avec une immense maturité au sujet de la désinformation autour du VIH et du rabaissement des homosexuels dans une vidéo diffusée en classe. Maturité qui lui vaudra l’exclusion du cours. Même constat pour la candide Aimée, catégorisée un peu trop vite comme la blonde débile. Avec sa vente de gâteaux elle brise le mythe (et il était temps !) du sexe féminin aux sublimes lèvres parfaitement épilées.
Plus percutant encore : la révélation Ruby. Aux antipodes de Maeve, la dulcinée d’Otis laisse sa place à la brune au look impeccable et répliques foudroyantes. Dans les deux précédentes saisons, elle était entourée de ses chiens de garde, Anwar et Olivia, ne s’exprimant qu’à travers eux. Le plus surprenant des hasards a fait naître le couple Otis/Ruby qui, au premier abord, déconcerte. Les préjugés s’envolent, Ruby casse sa carapace. Une tenue toujours impeccable pour masquer les apparences, une prestance pour faire croire que l’argent coule à flot. Cette série est plus humaine qu’on ne le croit et dépeint les situations les plus précaires. Maeve et Ruby sont en fin de compte sur le même pied d’égalité : l’une avec une mère sous cocaïne, l’autre avec son père à moitié paralysé, se soulageant dans la drogue.
Un départ est aussitôt remplacé par un autre, et voilà que Hope Haddon prend les fonctions de son prédécesseur, le principal Michael Groff, aussi père d’Adam et fraîchement divorcé. Incarnée par Jemima Kirke (apperçue dans Girls), elle est décidée à remettre l’école sur les rails et endiguer cette réputation d’”école du sexe”. Pour mettre à bien sa volonté de redorer l’image du lycée, elle s’empresse de détruire les toilettes désaffectées, ancien sanctuaire de Maeve et Otis pour leurs conseils en sexologie. Hope continue dans sa lancée et demande aux lycéens de porter un uniforme. Malgré elle, cette réforme met en lumière quelques prestances notables.
Ce qui place Sex Education sur son piédestal, c’est certes son accessibilité et son humour candide qui divulgue de messages essentiels, mais aussi la force de ses costumes. Cal, un.e étudiant.e et premier personnage non binaire introduit dans la série, tient tête à Hope et ne cesse d’être authentique depuis son arrivée à Moordale. Iel veut lui faire comprendre que l’uniforme qu’elle impose ne reflète en rien la personnalité et encore moins le genre de ceux et celles qui le portent. Un autre exemple pertinent est celui de Lily, contrainte de se soumettre comme ses camarades aux nouvelles règles. Ses amis et autres connaissances sont surpris, dans le bon sens du terme, de la voir maquillée plus sobrement, les cheveux regroupés en une simple queue de cheval. Mais la marque de fabrique de Lily, c’est son côté un peu perché, sa passion pour la vie extraterrestre, ses tenues assorties à son maquillage coloré et ses deux chignons. Enfin, plus tôt dans la série, Otis lui aussi se doit de changer de vêtements, à la demande de Ruby. Otis sans ses tenues de nerd n’est pas Otis, la veste piquée à Anwar fait tache sur lui. Chaque personnage a sa personnalité et un costume la reflétant à la perfection.
Netflix a confirmé qu’une quatrième saison verrait le jour. Il n’y a plus qu’à patienter et espérer voir se concrétiser certaines intrigues déjà bien esquissées à la fin de la saison 3.