Pourquoi aime-t-on autant les sitcoms ?

Avec son format court de vingt-cinq minutes en moyenne, la sitcom a ce don d’être visionnée à de multiples reprises, sans (presque) jamais devenir lassante. À travers ces mots, on pense tous à une série bien-aimée que l’on regarde sans cesse. Pourquoi ? La recette du succès est simple : en proposant une multitude d’univers, le spectateur teste avant de trouver celui dans lequel il se sent le plus à l’aise. Puis, en supprimant « le quatrième mur », il participe vivement à l’intrigue, et vient consolider le postulat.

Fleabag

Article écrit par Julie Guillaud

C’est quoi, une sitcom ? La contraction de “comedy” et “situation”, ce qui donne comédie de situation en français. En d’autres termes, une série à visée humoristique. Série-phile ou non,  difficile d’être passé à côté des rires en fond sonore comme dans Malcolm ou Ma Famille D’abord. Sans le vouloir, en zappant à la télé, on tombe régulièrement… sur une sitcom. Depuis 1951 avec I Love Lucy, point de départ de la série du genre, des centaines de productions ont vu le jour aux histoires diverses et variées.

Une flopée d’univers

Que l’on préfère visionner des moments de vie fictifs (mais faisant bien écho à la réalité) ou des plus difficiles, à l’image des ruptures amoureuses, des dépressions… en bref, une descente aux enfers : la sitcom nous enivre. Sa caractéristique première est de proposer un panel de scénarii aussi différents que loufoques. Les plus connues, comme Friends et ses amitiés solides, How I Met Your Mother et ses centaines de pintes à partager ou encore les six potes aux études rocambolesques de Community, ces séries dégagent une émotion unique dans les moments de vie qu’elles racontent. L’engouement est tel que les fans reproduisent chez eux des décors iconiques.

Il existe des tutoriels pour reproduire la porte de Monica chez soi. Crédits : Friends

Attention toutefois à ne pas trop “vivre” la sitcom. Si certaines développent une intrigue basée sur l’humour et le bon sens, des thématiques plus sombres sont aussi traitées par les producteurs et productrices de séries. Le créateur de BoJack Horseman, Raphael Bob-Waksberg, évoque avec justesse mais dureté les addictions à la drogue et à l’alcool, la dépression, les relations familiales désastreuses… Tout un panel de sujets délicats, certes, mais face auxquels il faut être sensibilisé. Si le graphisme a des allures de dessins animés, il cache en réalité une comédie dramatique, saupoudrée de touches d’humour, ceci pour affirmer que le monde n’est pas toujours idéal et que la réalité fait souvent mal. Les figures anthropomorphiques de BoJack Horseman nous ramènent les pieds sur terre. 

Là encore, la sitcom est puissante. On arrive à procurer de l’empathie pour un acteur ou une actrice qui n’est même pas en chair et en os. Tout comme BoJack Horseman et sa ribambelle d’amis encombrants, le duo Rick et Morty obéit à la même règle. Alternant entre vie domestique et aventures interdimensionnelles, le scientifique alcoolique qu’est Rick est source d’inquiétude pour sa fille, Beth. Le personnage de Morty, petit-fils de Rick, fait face aux méandres de l’adolescence, ponctués d’expériences spatio-temporelles par-ci par-là.

L’écroulement du quatrième mur

Le quatrième mur est devenu une des caractéristiques de la sitcom. Utilisée notamment au théâtre, Diderot fut l’un des premiers auteurs à développer le concept, repris plus tard dans le théâtre réaliste. Stendhal s’accapare le quatrième mur en précisant que « L’action se passe dans une salle dont un des murs a été enlevé par une baguette magique. Les personnages ne savent pas qu’il y a un public. »

The Office, une sitcom notable en terme de quatrième mur. Crédits : capture d’écran Prime Vidéo

Sauf que dans les sitcoms actuelles, les protagonistes ont conscience de la présence des spectateurs. Plus fort encore, ils deviennent partie intégrante du scénario. Fleabag, un des exemples les plus récents, brise sans arrêt cette paroi virtuelle. Clins d’œil, regards insistants et même apartés, le public est le témoin principal de sa vie, quitte à troubler les autres personnages, ne savant pas à qui elle s’adresse. De la même manière, The Office, tourné en “mockumentary” (documentaire parodique en français), intègre le public dans une équipe de tournage s’intéressant au fonctionnement de l’entreprise de Dunder Mifflin, spécialisée dans la vente de papier, et aux relations unissant ses employés. Grâce à des interviews face caméra, mais surtout aux regards insistants de Michael, Jim ou encore Pam, impossible de ne pas se sentir intégré(e) à la filiale fictive. Ce mur affaissé rend l’attachement avec les protagonistes plus fort et fait de la sitcom un genre inépuisable.

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