R’n’b conscient avec Les Louanges pour la sortie de son 2e album Crash 

C’est à l’occasion de sa venue en France en novembre que nous avons rencontré Vincent Roberge aka Les Louanges. Artiste montant de la nouvelle scène pop québécoise, à la croisée de la pop et du jazz, Les Louanges porte un véritable renouveau musical, à la fois profondément sensuel et inimitablement groovy. Avec son deuxième album Crash, Vincent Roberge nous offre une pop sombre et intime, proche de ce qu’il appelle lui-même le r’n’b conscient

Crédits photo : Alex Blouin et Jodi Heartz

Propos recueillis par Eva Darré-Presa

Hello Vincent, est-ce que tu peux commencer par te présenter ? 

Je m’appelle Vincent Roberge aka Les Louanges !

Ton deuxième album s’appelle Crash. Il y a une sorte de violence dans ce mot, qu’on retrouve dans le clip de Chaussée. Pourquoi ce thème de l’accident ? 

Je l’ai trouvé à la fin du processus de création de l’album. J’avais de la misère à cerner de quoi parlait l’album. J’avais cette idée d’accident, c’est la vie qui te rentre dedans, cet album. C’est avoir 25 ans, vivre des premiers décès dans ta famille, des premières désillusions. Mais c’est aussi vivre des grands trucs. Pour la première fois dans ta vie, les choses ont un vrai poids. It’s a real thing. J’avais cette idée d’impact mais je n’arrivais pas à le mettre en mots. Quand crash est venu, c’est apparu comme une évidence. C’est super chargé comme mot, il y a un côté très dark. J’apporte un peu de douceur avec le feat avec Corneille.

Est-ce que tu peux nous parler de cette collaboration ?

Pour la blague, Félix Petit – avec qui je fais de la musique – me disait en joke que je faisais du r’n’b conscient. Le king du r’n’b conscient c’est Corneille ! Et finalement arrive le deuxième album, je me disais que j’allais le contacter mais je le faisais pas. Un jour j’arrive au studio, et sur le parking il y avait une grosse Audi de luxe, et j’entends “Eh, c’est tu Les Louanges ?”, et c’est Corneille qui sort de la voiture ! Il est 9h du matin, qu’est-ce qu’il se passe ? 

Il me dit “J’ai tweeté que t’allais être le next big thing en 2017.” ! C’est drôle, Crash c’est l’espèce de tunnel au bout du tunnel. Je lui ai envoyé la track, il a écrit sa part. Je lui ai raconté mes premières expériences de succès au Québec, le fait de vivre ça rapidement. C’est deux poids deux mesures entre lui et moi, mais il l’a vécu à fond. Il y a quoi de beau là- dedans, je trouve. C’est la lumière au bout du tunnel ce morceau. Bon, ça fait un album drame quand je dis ça, mais c’est pas l’idée ahah.

La dernière chanson de l’album s’appelle Dernière, c’est une chanson d’amour piano/voix. Est-ce que tu peux nous parler de cette chanson ? 

C’est ma première chanson que je pose au piano-voix. Elle a été écrite très rapidement dans le processus de l’album, mais elle prend une autre mesure en étant à la fin de l’album. Cette chanson, c’est raconter que “l’amour c’est pas facile, mais je t’aime”. C’est comme ça, c’est moi. C’est libérateur. Je suis beaucoup plus calme qu’au début de l’album. On est tous passés au travers de beaucoup de choses, mais c’est “it is what it is”. 

Les clips qui accompagnent ton prochain album Crash sont très cinématographiques. Avec qui as-tu travaillé ? Quelles étaient tes envies pour ces clips ? 

Avec Pigeons, j’avais une idée assez claire. C’est moi qui rentre à la maison et qui me demande qui j’ai laissé derrière. J’étais dans un chalet, donc j’ai voulu faire mon prince en exil ahah. La pandémie tombait bien finalement, c’était le moment pour louer un hôtel vide ! Comme pitch, j’avais envoyé beaucoup de films de Sofia Coppola. Et l’idée c’était Maman j’ai râté l’avion qui rencontre Shining. 

Les histoires sont toujours au centre de mes clips. Chaussée, c’était l’idée de comparer une relation à un roadtrip, le breakup c’est se faire éjecter de la voiture. Au début je voulais me faire kicker en dehors de la voiture, mais c’était un peu violent. Je suis donc parti dans mon trip, à tomber à plein d’endroits. Ça featait bien avec le concept de l’album. 

Et pour Qu’est-ce que tu m’fais, j’avais envie de faire un clip de musique ! Genre 2003 – Cosmic Girl de Jamiroquai. J’ai essayé d’avoir une signature esthétique : qu’ils restent pareil mais que ce soit différentes facettes. C’est réfléchi mais ça vit par soi même. La nature fait bien les choses !

Tu as réalisé la BO de Jeune Juliette d’Anne Émond, peux-tu nous en dire plus sur cette expérience ? 

C’est la première fois que je faisais ça dans ma vie. Je faisais de mon mieux mais je ne savais pas comment faire. C’était un gros projet, avec des meetings avec la réalisatrice et les producteurs. Une fois, mon ordi ne marchait pas donc j’ai dû courir chez moi pour en chercher un autre, et elle a dû se dire que j’avais pas fait la musique et que j’osais pas leur dire ahah. 

J’ai vraiment aimé ça, travailler sur le film. C’était très libérateur. J’aimerais beaucoup en refaire ! Je faisais la musique à l’image, donc quand j’avais des amis qui passaient à la maison il y avait toujours la photo de Liam (Antoine Desrochers) à l’écran. Sa chanson, c’est celle dont je suis le plus fier. 

Est-ce que tu peux nous parler de la scène québécoise actuelle ?

Je pense qu’au Québec, on est plus que pas assez d’excellents artistes en ce moment. C’est vraiment un bon moment pour la musique. C’est sûr que la covid a fait chier. Il y a une longue tradition de la chanson au Québec. C’est beaucoup de trucs très folk, très terre à terre. Il y a quelques groupes qui sortaient de ça, mais il y a une sorte d’hégémonie. Mais aujourd’hui il y en a plus, même des groupes de rock très cool. Il y a du monde, comme Klô Pelgag. Elle fait des trucs qu’on a jamais entendu ailleurs, elle a pas peur d’aller loin dans son trip ! Il y a assez de bons artistes en ce moment, tu peux avoir une playlist juste de musiques québécoises. 

Est-ce que des artistes français font partie de tes références musicales ? Si oui, lesquels ? 

Je suis un fan de rap. Donc des genres de Alpha One, ou même Benjamin Epps, j’arrête pas d’en écouter. Je suis déjà allé faire un genre de stage d’écriture dans le sud-ouest de la France. Le coach au niveau des textes c’était Jean Fauque, c’était cool. J’aime beaucoup des Odezenne, Claire Laffut, Vendredi sur Mer, L’Impératrice, etc. Vous avez des Justice quand même, toute la game de Versailles !  

Et pour finir, est-ce que tu peux nous recommander un album à écouter en boucle avec l’arrivée du froid ? 

Il y a plein de trucs ! Mais je dirais Ape in Pink Marble de Devendra Banhart. Ou même Mala, encore plus ! 

Retrouvez Les Louanges sur Facebook et Instagram.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *