House of Gucci de Ridley Scott : pour le meilleur et pour le pire

S’attaquer à l’empire Gucci et la sombre histoire qu’on lui impute n’est pas une mince affaire. Mais Ridley Scott s’est accaparé de ce monument de la mode avec brio pour l’adapter sur grand écran. Créée au début des années 1920, la maison de luxe italienne regorge de querelles familiales, jalousie et bain de sang.

Credits photo : 2020 Universal Studio

Article écrit par Julie Guillaud 

Rien qu’à voir l’affiche du film, le casting met l’eau à la bouche. Le réalisateur octogénaire s’accapare Al Pacino, Adam Driver, Jared Leto, Lady Gaga pour compter la véritable histoire de la famille Gucci. Le biopic s’ouvre sur Patrizia Reggiani, que l’on surnomme dorénavant “Lady Gucci”. Interprétée au cinéma par une Lady que l’on connaît trop bien (Lady Gaga), Patrizia travaille comme secrétaire dans la société de transport routier de son père. Avide d’ascension sociale, sa rencontre hasardeuse avec Maurizio Gucci (Adam Driver), petit-fils de Guccio Gucci, le fondateur de la marque, sonne comme une occasion parfaite. Réservé et très timide, Maurizio s’éprend de cette jeune femme diamétralement opposée en terme de personnalité, et surtout de capital social et intellectuel. Ce détail n’épargne pas Rodolfo Gucci, père de Maurizio, qui voit cette idylle d’un mauvais œil. Son pressentiment le rejoindra dans sa tombe, puisqu’il meurt en 1983 de maladie. La maison Gucci est alors laissée aux seules mains d’Aldo Gucci (Al Pacino), frère du défunt. À ce stade, le film prend alors un autre tournant. Maurizio, d’abord prédestiné à devenir avocat, hérite de la moitié des parts de l’entreprise. Avec l’aide d’Aldo, Patrizia, devenue une Gucci et toujours dans une perspective de s’enrichir, pousse son époux dans ses retranchements. Elle convainc Maurizio de reprendre le poste vacant de son père, c’est-à-dire celui de chef d’entreprise.

Vaste (le film dure presque trois heures), l’histoire des Gucci peut être à première vue indigeste. La bande son, imbibée des tubes internationaux et italiens des années 1980, donne de la cadence à la première partie du film, où les enjeux prennent (trop) le temps de se mettre en place. A contrario, l’assassinat de Maurizio par un tueur à gages, dénouement censé être magistral, est traité bien trop brièvement. Cet acte sanguinolent illustre pourtant la relation devenue insipide entre les ex-époux Patrizia et Maurizio.

Chaque protagoniste voit son portrait dressé, ses enjeux étayés, sans quoi l’intrigue serait sans relief. Mention spéciale à Jared Leto, qui endosse le rôle de Paolo Gucci, le cousin de Maurizio, persuadé d’être un grand styliste bourré de créativité. Les traits de Paolo vont comme un gant à Jared Leto, qui ne s’est pas lésiné sur les transformations physiques, une fois de plus. On se souvient de sa prestation dans Dallas Buyers Club, où l’acteur, amaigri de dix-huit kilos, incarnait une séropositive transgenre. Sa performance lui a valu l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 2014. On espère une autre statuette pour 2022 !

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