C’est en cette période de rentrée que sort en France Everything Everywhere All at Once et en salles, ce qui n’était pas gagné ! Grand succès aux États-Unis, le film a reçu beaucoup d’éloges et était annoncé comme un OVNI du cinéma, plein de folie. De quoi mettre l’eau à la bouche.
Article écrit par Anatole Caille
En résumé, la vie d’Evelyn n’est pas vraiment rose. Son mari veut divorcer, sa relation avec sa fille n’est pas franchement des plus épanouies et la laverie qu’elle gère fait l’objet d’importants redressements fiscaux. En clair, Evelyn est à bout, usée.
Jusqu’au jour où elle se retrouve malgré elle dans une folle aventure où elle va découvrir que d’autres univers existent et qu’elle va devoir les traverser afin d’arrêter une grande menace, Jobu Tupaki.
Le multivers, c’est quoi ?
Le terme de multivers est utilisé par les scientifiques pour décrire l’idée selon laquelle, au-delà de l’Univers observable, d’autres univers pourraient également exister. Si certains films se sont déjà appropriés cette notion d’univers parallèles comme Mr. Nobody (Jaco Van Dormael, 2010) ou même encore Coraline (Henry Selick, 2009), c’est plus récemment dans l’univers Marvel qu’on parle réellement de multivers, Spider-Man : New Generation (2018), Spider-Man : No Way Home (2021), Doctor Strange In the Multiverse of Madness (2022).
Ce qui peut créer l’enthousiasme chez le spectateur avec le multivers, c’est l’étendu des possibilités, le pouvoir de créer des univers riches et infinis. Et les Daniels ne s’en sont pas privé pour déployer une multitude d’idées, souvent complètement loufoques. La mise en scène décalée et follement ingénieuse des réalisateurs permettent de savourer et de jubiler de tout ce que le film veut nous proposer et en cela, le film est déjà très réussi !
Le tout est accompagné d’un ton décalé avec beaucoup d’humour et de situations déconcertantes. Et la force d’Everything Everywhere All at Once réside également dans sa gestion du rythme qui alterne humour, action et émotions, ne laissant place à aucun temps mort au cours de ces 2h20.
Divertissement, philosophie, émotions : all at once ?
Mais du coup, Everything Everywhere All at Once c’est un joyeux bazar complètement barré ? Oui, mais pas que !
D’abord, revenons sur la perfection de ce casting. Donner ce premier rôle à Michelle Yeoh était la meilleure idée qui soit. Elle incarne parfaitement cette mère de famille, un peu larguée, peu épanouie et trop exigeante avec ces proches, notamment sa fille. Grâce à cela, on peut facilement s’identifier à elle, elle a ses défauts, on s’attache à elle. En revanche, les spectateurs familiers avec l’actrice connaîtront son attrait pour les films d’arts-martiaux tel que Tigre et Dragon (2000) et seront ravis de la voir à nouveau donner des chorégraphies de combats à couper le souffle.
Stephanie Hsu et Ke Huy Quan sont également formidables, mais on peut donner une mention spéciale à Jamie Lee Curtis et son allure déjantée, absolument hilarante.
Le film nous offre ainsi une galerie de personnages très bien écrits et hyper attachants, mettant en avant la complexité des relations humaines, des liens familiaux et de nos choix de vie avec une certaine puissance émotionnelle et une tendresse rappelant celle de certains films d’animation Pixar (Vice-Versa, Soul et plus récemment Alerte Rouge).
On sent de la part des réalisateurs une volonté de parler au spectateur, de l’impliquer et de l’inviter à ce voyage délirant. Il y a une certaine universalité dans son propos qui parlera au plus grand nombre.
Ainsi, l’attente en valait la peine, Everything Everywhere All at Once est une œuvre très ambitieuse et très généreuse qui a tenu toutes ses promesses sans créer un gros méli-mélo brouillon d’idées loufoques. C’est une immense expérience à voir en salles et il est important de le rappeler puisque le film a échappé de peu à la diffusion exclusivement en streaming, alors foncez !