Interview Prédictions #7 – Francofolies de La Rochelle :  Sabrina Bellaouel

On a pris notre temps, mais c’est parce qu’il en a fallu pour se remettre des Francofolies de La Rochelle ! Ce condensé de scène française nous en a fait voir de toutes les couleurs cette année et on a adoré cette expérience. Pour continuer à la célébrer, on a tiré nos éternelles cartes de tarots à trois artistes qu’on adore. Voici donc Sabrina Bellaouel pour ce deuxième opus. Depuis la sortie de son EP Arab Liquor en 2021, Sabrina Bellaouel nous revient enfin avec son single Trust. Toujours à la croisée des genres, elle nous avait ébloui.e.s sur scène lors des Francofolies de La Rochelle, seule sur scène, totalement hypnotique. 

Crédits photo : Tom Kleinberg

Propos recueillis par Eva Darré-Presa

CARTE 1 : Le Chariot – Le voyage, la réussite personnelle, l’avancement

Qu’est-ce qui te rend le plus fière dans ce que tu as accompli jusqu’à présent ?

Qu’est-ce qui me rend le plus fière ? D’être là, franchement d’être là où je suis au moment présent. J’essaie de ne pas trop regarder dans le passé, et juste rétrospectivement je vois le chemin que j’ai fait et je suis fière d’être devenue cette personne là au présent. C’est-à-dire déjà plus en joie, plus positive et puis de faire tout ce que je fais maintenant, je trouve que c’est une chance énorme. Je pense qu’il y a eu un gros travail à faire sur moi-même, sur ma légitimité à être chanteuse, productrice et présenter mes projets aux autres tu vois, j’ai l’impression que je suis là où je dois être. 

CARTE 2 : Le Mât – Prendre des risques pour avancer, démarche personnelle vers l’avenir 

Si aujourd’hui on te donnait un budget de 100 000 euros, pour ta musique, pour ton projet, qu’est-ce que tu en ferais ?

Déjà, je paierais mon équipe d’ami.e.s qui me maquille, qui me prête des sapes, qui m’habille, qui me coiffe parce que ce n’est pas toujours évident de payer tout le monde. J’ai la chance d’avoir des ami.e.s créatif.ve.s qui le font gratuitement, parfois. Voilà, donc déjà ça. Et je pense que j’investirais, j’y pense d’ailleurs en ce moment, dans une scénographie, des choses un peu futuristes auxquelles je pense. J’investirais dans mon art pour le faire évoluer au maximum. Voir ce qu’il est possible de faire avec 100 000 euros, c’est beaucoup hein ! Donc oui, j’investirais dans une scénographie cool, et puis peut-être du matériel aussi puisque du coup je suis productrice donc j’aime bien un peu geeker, tester des nouveaux synthés, des cartes sons, des micros… je suis fan des micros, j’aime trop les micros ! 

Et je ferais des retraites créatives aussi, je prendrais soin de moi avec ces sous là, c’est important. Je prendrais peut-être des moments de retraite en paix, de connexion avec la nature, des activités culinaires… Être en mouvement c’est être libre pour moi, de pouvoir circuler, pour moi c’est ça la liberté. 

CARTE 3 : L’Impératrice – La créativité, l’art de la parole 

Est-ce que tu peux nous parler de ton processus de composition, de production ? Comment est-ce que tu construis tout ça ?

C’est des mélodies, en fait, qui me viennent dans la tête lorsque je suis en repos total, en lâcher prise. Des mélodies qui me viennent de choses que j’observe, ou même des couleurs, des choses que je ressens, et ces émotions-là elles se transforment en mélodies. Elles passent dans ma tête comme ça et je les retiens avec mon téléphone, je les enregistre et à partir de cet enregistrement je compose de la musique. Je les chante, j’essaie de synthétiser, peut-être de reproduire cette mélodie-là au synthé pour voir ce qui convient le mieux. Parfois, c’est une mélodie de chant et parfois c’est une mélodie de synthé avec un lead ou un truc comme ça. Ensuite, je compose le beat par-dessus. Ce qui convient le mieux au mood quoi. C’est vraiment comme ça que je vois les choses tu vois, je me dis pas “oh je vais faire un truc à 140 bpm aujourd’hui” ! C’est la musique qui me dicte, parce que je suis un vaisseau, c’est la musique qui me communique ce que je dois faire, ça passe à travers moi et je la délivre du mieux que je peux. Mais ouais, c’est vrai que je suis très inspirée par ce que je vois, par mes ami.e.s, leurs humeurs, leurs histoires amoureuses ou relationnelles, ça me passionne… c’est pour ça que j’écris des chansons d’amour, ou de rupture. C’est le grand thème ! L’amour ça m’inspire en fait. C’est comme ça que je construis : la mélodie vient à moi et puis ensuite je build up par-dessus.

 

CARTE 4 : L’Ermite – La réflexion, le temps nécessaire pour comprendre les choses 

Combien de temps est-ce que ça t’as pris pour trouver ton identité musicale et comment est-ce que tu en es arrivée à faire de la musique aujourd’hui ?

Je ne me suis pas encore arrêtée dans la recherche. J’essaie justement d’explorer le champ des possibles, j’essaie de pousser au maximum le challenge. C’est vrai qu’on me connaît par rapport à mes premiers sons qui sont plus R’n’B, cloud’n’b. et tu vois c’est pour ça que l’année dernière j’ai écrit ce projet qui s’appelle WDNTBE  qui est complètement expérimental, avec de la techno parce que justement c’est un vrai challenge pour moi, parce que ça part d’une curiosité, d’un désir de renouveler à chaque fois, d’explorer d’autres trucs. Cette espèce de réflexion est sacrée pour moi et d’ailleurs quand je suis en pleine réflexion créative, je ne laisse absolument personne entrer dans cette sphère là donc j’ai souvent cette démarche de me couper complètement du monde comme une ermite, qui est dans la grotte et qui fait sa petit recherche philosophique parce que c’est important de pouvoir redéfinir sa personne, sa créativité. Ce n’est pas que technique, ça serait dommage sinon. 

CARTE 5 – La Maison Dieu – L’ouverture d’esprit, sortir de sa zone de confort

C’est quoi la chose la plus dingue que tu aies faite dans ta carrière ? 

La chose la plus dingue, où je me suis dit “ok là je sors de ma zone de confort” ? Franchement il n’y en a pas une quoi, c’est plus un sentiment… Alors là j’y pense par exemple, sauter dans la mer quand elle est froide, je déteste l’eau froide ! Donc là je sors de ma zone de confort mais je me laisse des filets dans ma tête tu vois. Je le fais quand je vais à la mer, et vraiment je déteste ça, c’est comme les chats, ils détestent l’eau. C’est des petits défis comme ça, de merde hein mais voilà haha. Ça a une signification, j’essaie de maîtriser ma peur. J’essaie de maîtriser mon ego aussi, le mauvais ego parce qu’il y a le bon ego aussi évidemment, mais celui qui restreint, celui qui t’empêche de faire ce pour quoi tu es fait. Celui qui te murmure à l’oreille que ça ne marchera pas, que tu vaux rien. Ce truc de valeur aussi, j’ai beaucoup travaillé dessus… en fait ouais, je sors de ma zone de confort lorsque je suis positive avec moi-même. C’est galvanisant et j’essaie d’y aller le plus souvent possible. On devrait tous faire ça ! 

Retrouvez Sabrina Bellaouel sur Instagram

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