C’était il y a deux mois, le Printemps de Bourges ouvrait la saison des festivals. L’occasion de se retrouver après l’hibernation hivernale et reprendre nos fameuses Interviews Prédictions. Le concept ? Tirer les cartes à des artistes qu’on adore… et leurs poser des questions sur leur parcours musical. Pour ce troisième et dernier rendez-vous à Bourges, on laisse la parole à une belle artiste émergente à l’avenir qui s’annonce éclatant : Violet Indigo.
Propos recueillis par Eva Darré-Presa
L’Empereur : fiabilité / stabilité
Comment t’es-tu entourée pour ton projet ?
Je m’entoure de gens de confiance dont je respecte beaucoup l’avis. Une personne qui m’a beaucoup aidée et qui a fait que je suis là aujourd’hui c’est mon copain, qui m’a introduite à la scène normande, et qui m’a dit de postuler au 106 pour un parrainage. C’est aussi par lui que passe pas mal de la DA artistique et il est régisseur aussi, technicien plateau, il m’accompagne vraiment sur chaque point de mon projet. En termes d’autre entourage, j’ai mes deux techniciens, on a une belle symbiose tous les quatre. J’ai aussi un manager qui gère un peu plus l’admin et qui me fait rencontrer pas mal de gens. Maintenant, j’ai aussi une attachée de presse qu’on m’a recommandée, je suis très heureuse de travailler avec elle. Je pense que l’entourage se fait vraiment petit à petit, il ne faut pas du tout se presser de travailler avec des gens… Il faut vraiment être en accord sur nos choix artistiques dans un respect mutuel des choses. Je ne sais pas si je veux une grosse équipe ou si je veux rester à taille humaine mais en tout cas pour l’instant je me sens entourée. Je commence peut-être à avoir un équilibre mais je pense que l’équilibre on le cherche toute une vie en vrai mais pour l’instant j’ai l’impression que le départ est pas mal.
Le Jugement : la reconnaissance, la réussite
À quel moment as tu atteint ce moment où tu t’es dit “ok là je touche à la réussite, ou je touche cet endroit où je suis fière de moi” ?
En vrai, à chaque fois que je fais un concert – enfin si j’ai survécu au concert ahah. Ou même, mettre un pied sur scène, c’est une réussite pour moi parce que je vis très mal le pré-concert. Je suis extrêmement anxieuse, j’ai le trac, c’est physique, c’est mental. Réussir à me vider la tête quand je suis sur scène, c’est aussi une réussite pour moi. Après, c’est sûr que participer à des marqueurs comme le Printemps de Bourges, ça peut être considéré comme une réussite dans le sens où on a accès à une plus grande visibilité. La réussite, je la juge aussi à comment je me sens avec les autres artistes que je rencontre, comment ils réagissent à ma musique, parce qu’on a un peu fait écouter nos morceaux durant le festival et il y avait une très bonne réponse, et j’étais un peu sous le choc.
L’amoureux : les relations
Quelle est ta plus belle rencontre musicale ?
Oh ! Il y en a eu pas mal en vrai, parmi les Inouïs. Je vais en citer quand même quelques-uns. Il y a Dilo de Eat my Butterfly qui est assez incroyable. Elle vient de La Réunion, elle est batteuse de jazz à la base et c’est comme ça qu’on a un peu copiné parce que du coup je viens du jazz, elle joue samedi du coup je ne l’ai pas encore vue mais j’ai écouté son morceau et c’était très… presque ASMRien ahah. Il y avait plein de petits bruits de la nature, c’est un mix entre de la musique traditionnelle et de l’électro. Je pense qu’on se comprend mutuellement sur plusieurs “stades” on va dire, de comment c’est organisé ici, sur la musique… Elle a aussi une grosse volonté de rester dans ses valeurs, ce que je trouve aussi important. J’ai aussi rencontré le groupe Pales de Strasbourg, et notamment la chanteuse qui est super sympa. J’ai loupé leur concert malheureusement, c’est un groupe de punk, de post-punk. Elle m’a dit “je t’ai entendu chanter et tu me donnes envie de faire du R’n’B” ahah et même, je lui ai proposé qu’on fasse des featuring ensemble parce qu’elle a une trop belle voix. C’est aussi cool de sortir les artistes de leur zone de confort. Sinon, il y a ma coloc du Printemps de Bourges qui s’appelle Théa, j’avais déjà vu son travail avant, j’aime beaucoup. C’est vraiment trop bien de pouvoir, tous les soirs, faire des petits debriefs de la journée et on se rassure par rapport à des choses, on rigole et ça met un beau point final à la journée. Finalement, c’est plus des rencontres sociales que musicales.
L’Arcane sans nom : le renouveau
Selon toi, quel genre de musique sera le plus écouté dans le monde de demain ? Qu’est-ce que l’industrie peut offrir de neuf ?
Je pense qu’on est déjà dans une étape de la musique où beaucoup de choses se rencontrent. Notamment pour mon projet, par exemple. Plus les artistes sont jeunes, plus ils ont des influences grâce à Internet donc plus il y a des choses qui nous construisent. Je pense que la musique de demain on ne l’a pas encore créée, que ça va être un mix de toutes ces influences qui va peut-être faire un gros bloc. En même temps, la première chose qui m’est venu en tête c’est la musique électronique dans le sens où il y a de plus en plus de choses qui se lient à la musique électronique comme le rap, la pop… Même toutes les musiques sont composées sur ordinateur, donc elles sont un peu électroniques. Je prône vraiment l’hybridation esthétique musicale, culturelle… c’est tellement riche en fait de mélanger plein de choses et d’en sortir un truc complet.
Le Pape : conseiller
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un voulant se lancer dans la musique ?
J’aime bien cette question ! Des fois j’y pense quand je suis toute seule. Un conseil que je trouve assez bien, c’est d’être prêt, de toujours être prêt. Surtout au début, il y a des dates, ou des rencontres qui peuvent être amenées à toi et c’est super important de savoir… malheureusement, vendre son projet. Savoir le défendre. Même quand on n’est pas si sûr que ça, mais juste se dire que notre travail est assez abouti pour le présenter et comme ça toute occasion qu’on a, peut aller en notre faveur ou nous porter défaut parce qu’on n’était pas “prêt”. Donc ça veut dire, écouter ses morceaux, répéter, être dans une démarche de pousser les choses, être toujours un peu dans le truc. Être prêt, toujours être prêt.
Un autre conseil, c’est de ne pas se prendre trop au sérieux. De vraiment relâcher, savoir relâcher. Ce que je n’arrive pas trop à faire. Et ne pas prendre les choses trop au sérieux. Je sais que du coup – les pré-concerts et moi – je prends les choses trop au sérieux. On avait eu une rencontre avec la présidente du jury des Inouïs, à un moment elle nous a dit “il faut s’amuser, il faut juste être content d’être là et ne pas prendre les choses trop au sérieux” je pense que c’est très vrai. On est là pour les autres… Ouais donc, ne pas prendre les choses trop au sérieux, être prêt et ne pas écouter tout le monde. Il faut vraiment faire très attention à qui on demande son avis parce que c’est hyper subjectif et que seule la moitié des gens est vraiment capable de faire un retour constructif sur les choses. C’est bien de demander à son entourage proche, et si on est content des retours constructifs qu’on a, juste garder ceux-là et ne pas trop divaguer. Les opinions des gens, c’est souvent ce qui peut te faire trop cogiter.
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