BIGGER sort un premier album Les Myosotis, un peu de french touch dans la britpop

S’ils semblent tout droit venus de Sheffield ou Manchester, c’est du Jura que vient le groupe Bigger. Le quintet de rock chic sort aujourd’hui son premier album Les Myosotis, proche de la Britpop qu’on aime tant dans laquelle ils insufflent leur touche à la française. Ils ont voyagé entre l’Allemagne, l’Angleterre et la France pour enregistrer ce premier album plus que réussi, à la fois raffiné et fait pour nous accompagner dans les batailles du quotidien de part son côté grandiloquent et presque symphonique.

Crédits photo : François Guery

Propos recueillis par Eva Darré-Presa

Hello Damien, est-ce que tu peux te présenter ?

Je suis Damien Félix, guitariste et co-fondateur du groupe BIGGER avec Kevin Twomey, chanteur et Irlandais de son état. Aux claviers il y a Ben Muller, à la basse Mike Prenat et à la batterie Antoine Passard.

Il y a une vraie force dans vos chansons, avec un brin de mélancolie gothique. On a comme l’impression d’assister à un mélange de Tom Waits, des Last Shadow Puppets et même de Muse. Où trouvez- vous cette énergie ? 

Merci ! Si on parle de style gothique, d’architecture, alors oui pourquoi pas. Au sein du groupe nous avons souvent parlé de certains de nos titres comme des constructions, des édifices où nous cherchions une sensation de hauteur, de vertige presque, avec l’envie d’aller le plus loin (haut) possible et de délivrer des émotions intenses. Nous avons d’ailleurs cherché à témoigner de cette dimension avec l’artwork du disque, signé par Jenny Calinon. Si c’est le gothique musical alors peut-être que cela est dû à Nick Cave, dont je suis fan.

Un des enjeux de l’enregistrement a été justement d’amener la vie, le feu dans chaque morceau, derrière chaque note. Cette énergie que nous avons en live, nous voulions l’injecter dans le studio.

Muse ne fait pas vraiment partie de nos influences, mais pour ce qui est de Tom Waits ou du groupe d’Alex Turner et de Miles Kane, alors oui ce sont des références qui nous parlent !

Outre cette énergie, on ressent beaucoup les influences du glam sur votre musique, notamment grâce à une composition musicale très riche proche de l’orchestrale.

Et oui, en bons amateurs de britpop nous sommes archi fan de T-rex, Bowie, etc… Donc effectivement cela peut transparaître. Même si pour le côté orchestral nous sommes aller aussi chercher du côté de Gainsbourg (Histoire de Melody Nelson) ou des Bad Seeds pour l’utilisation de percussions classiques par exemple. Et puis notre réalisateur, Jim Spencer, est de Manchester. Il a travaillé avec New Order, Johnny Marr, The Charlatans, cette culture brit, il en fait partie, cela se ressent dans son approche du mix par exemple. C’est la même chose pour Kevin, qui est Irlandais, et qui a donc biberonné à ces musiques là.

Le morceau Freaky Face est très étonnant avec ses sonorités orientales. D’où vous est venue cette idée de mêler des sonorités plus traditionnelles à du rock ?

Ces dernières années je m’intéresse de plus en plus aux musiques orientales ou latines. De par mon travail de musicien, j’ai pu voyager en Amérique latine et m’inspirer de certains sons entendus là-bas. De plus ma grand-mère est espagnole, à sa mort je me suis un peu plus plongé dans les musiques flamencos, la rumba gitane, etc. J’ai également adoré les albums de Khruangbin ou Altin Gün, je suis fan de Rachid Taha ou de certaines musiques turques, mais tout ça de manière parfaitement ingénue, je ne suis absolument pas expert. Mais j’ai trouvé là un moyen d’élargir mon horizon et ma production musicale, en intégrant ici ou là certaines percussions, certaines mélodies ou marqueurs de ces musiques. Le rock ou la pop se prêtent vraiment bien à ces mélanges, en toute naïveté.

Quel était le fil rouge que vous avez suivi pour créer cet album ?

Je vais parler de l’aspect musical, la partie texte étant celle de Kevin, même si évidemment nous en discutons ensemble.

Les marqueurs latins ou orientaux font justement partie du fil rouge, discrètement, mais présents quasiment sur chaque titre. Sinon, dès l’écriture des maquettes, j’ai tenu à me donner une palette de sons assez définis pour pouvoir donner une signature sonore au disque. Le cœur des morceaux est presque toujours la basse et le clavier. La basse est toujours très mélodique, parfois même le personnage principal des titres en termes de production. Pour les démos, j’ai utilisé des sons de clavier bien identifiables comme le clavier Vox Continental ou le clavecin, qui reviennent régulièrement et sont très identifiables. Nous avons eu la chance en studio, d’avoir tous ces instruments à disposition et de pouvoir donc approfondir ces textures sonores avec tout le groupe et les compétences de chacun.

Et puis le fil rouge de BIGGER depuis le départ, ce sont les mélodies et les chœurs, toujours très présents. Puis vous ajoutez la gouaille et la folie de notre chanteur, tant dans ces textes que dans son interprétation, et la mixture est prête, pour faire simple.

Comment s’est passé l’enregistrement de l’album ? Comment travaillez-vous ?

Nous avons enregistré l’album aux Castle Studios à Dresde et à Hope Mill Studio à Manchester, sous la houlette de Jim Spencer. Nous avons également enregistré les cordes en France, à Besançon. Ce fut une aventure incroyable, à jouer au chat avec les mesures sanitaires, les restrictions de voyages, les confinements etc. La collab’ avec Jim a été parfaite. Nous sommes arrivés en studio avec nos maquettes, déjà bien abouties. Nous les avons d’abord retravaillées en amont avec Jim et tout le groupe, nous étions bien préparés, car deux semaines de prises, cela passe très vite.

Les voix lead ont été enregistrées à Manchester. C’était important pour nous de rester dans cette démarche de voyage, d’aller ailleurs, qui plus est dans un pays anglophone. Puis Jim a mixé l’album, cela a été très fluide car nous trouvions les mixes excellents à chaque fois, avec très peu de retouches à demander. Enfin, cerise sur le gâteau, l’album a été masterisé à Abbey Road par l’excellent Frank Arkwright. Notre label Upton Park nous a énormément soutenus dans cette épopée, en créant ces opportunités incroyables.

Pourquoi avoir choisi un mot français, Les Myosotis, pour nommer cet album ?

Les Myosotis est aussi le nom du dernier titre que nous avons maquetté, Kevin et moi, avant de partir en studio. Dans le groupe nous l’avons trouvé assez représentatif de l’album, avec son côté épique, orchestré et ses envolées mélodiques. C’est en partie pourquoi nous avons voulu appeler l’album comme cela. Et puis également, ce nom reflète assez bien (dans nos têtes en tout cas) les différentes influences que nous avons eu, la volonté d’ouvrir notre horizon rock. C’est un nom qui dégage une certaine atmosphère, il pourrait être écrit sur le fronton d’un temple, il peut venir de contrée lointaine, c’est la promesse d’un voyage quelque part.

Et pour finir, question de mise en situation. Il est 6h du matin, vous rentrez d’une soirée agitée. Quel album écoutez-vous pour rouler à vélo dans Paris qui s’éveille ?

Ma réponse pourrait être complètement différente chaque jour je pense, mais là pourquoi pas The Universe Smiles Upon you de Khruangbin. Oui, ça marcherait bien !

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