Après trois long-métrages remarqués, Damien Chazelle est de retour avec Babylon, fresque ambitieuse du Hollywood des années 1920 à la durée généreuse de plus de 3 heures et au casting très attrayant. Boudé aux États-Unis, par le public et par l’académie des Oscars, le film a engendré un flop. Cependant, il semblerait que le public français soit plus au rendez-vous. Alors, que vaut Babylon ?
Article écrit par Anatole Caille
Débauche, décadence et éléphants
Dès les premières minutes, Damien Chazelle nous plonge dans l’univers de l’industrie du cinéma, milieu où tous les excès sont permis et où serpents et éléphants sont conviés à de grandes réceptions avec foisonnement de sexe et de cocaïne. C’est ici que nous rencontrons les protagonistes de ce film choral : Jack Conrad (Brad Pitt), acteur de renommée volage ; Manny (Diego Calva), jeune rêveur cherchant à se faire un nom dans le cinéma ; Nellie (Margot Robbie), jeune actrice impertinente aspirant à la célébrité ou encore le trompettiste Sidney Palmer (Jovan Adepo), la chroniqueuse (Elinor St. John) et la chanteuse Lady Fay Zu (Li Jun Li).
Les destins de ces personnages vont s’entrecroiser et s’impacter au cours du film en faisant écho aux trajectoires de réels acteurs et actrices hollywoodiens de l’époque.
Damien Chazelle nous offre ici un film long (plus de 3 heures) mais très dense et généreux. La réalisation créative et très dynamique donnent au film un rythme soutenu et sans temps morts alternant avec brio, spectacle, humour et émotion. Le tout accompagné de la merveilleuse bande originale de Justin Hurwitz aux thèmes parfois énergique, parfois mélancolique.
On ressort du film avec des images plein la tête et des souvenirs de séquences marquantes qui nous auront fait rire, choquées voire effrayées ou touchées.
Damien Chazelle, l’amoureux du cinéma
On verra avec Babylon, une critique de l’industrie du cinéma et d’Hollywood, univers décadent où les désillusions peuvent être nombreuses et même destructrices. Le film le montre notamment avec la transition du cinéma muet au cinéma parlant comme Chantons sous la pluie (Stanley Donen et Gene Kelly, 1952), référence assumée et mentionnée dans le film, pour évoquer l’éphémérité de l’industrie cinéma, de ses mutations, des carrières et de la gloire des acteurs et des actrices. Seulement, Chazelle déclare aussi son amour au septième art et démontre en revanche, que le cinéma est un art qui perdure, qui marque des générations de spectateurs et qui immortalise des personnages, des rôles, des scènes, des films.
En effet, Damien Chazelle est un réalisateur passionné, il aime le cinéma, cet art du son et de l’image même si faire du cinéma est difficile et implique des sacrifices (La La Land, 2017), il y montre dans Babylon son amour de spectateur et son espoir de continuer à voir de grands films.
Ainsi, Babylon est une nouvelle très grande réussite de Damien Chazelle. Irréverencieux, audacieux, drôle et tragique, le réalisateur nous offre un long voyage passionnant au cœur d’Hollywood excellant dans son scénario, sa mise en scène et ses interprétations. En somme, un pur régal pour les amoureux du cinéma.