7 films pour (vraiment) visiter Paris

Pour les fêtes de fin d’année, Netflix a décidé de troquer son costume de père noël pour enfiler celui du Grinch. Le 22 décembre, la saison 2 d’Emily in Paris est sortie et, spoiler, on tire vraiment la gueule. Si la première saison avait au moins le mérite d’être un poil comfort malgré son scénario crossover My Little Pony x Gossip Girl, cette nouvelle fournée ne s’offre même pas ce luxe. Outfits abominables, clichés toujours plus barbares et scénario en roue libre, bref, une cata. Alors chez Mauvaise Graine, on avait envie de rétablir la vérité. On avait envie de vous faire visiter un Paris un poil plus vrai, plus grincheux, moins luxueux, plus journalier. Un Paris vu des yeux d’un.e français.e. Un Paris parfois malmené, un Paris parfois décharné mais surtout un Paris vérité. Alors voici notre sélection de films à voir pour visiter les époques et les quartiers qui ont façonné la capitale du pays du pinard et des grèves.

Cléo de 5 à 7, Agnès Varda, 1962

Article rédigé par Lauriane Haumont

Pour commencer, apéro.

Paris, c’est un dédale de ruelles qui prend des plombes à explorer. Alors quoi de mieux qu’une petite balade pour se mettre en jambe ? Pour commencer notre périple, découvrons 3 courts ou moyens métrages pour arpenter nos arrondissements chéris.

  • Les Six Contes Moraux : La Boulangère de Monceau, Éric Rohmer, 1963

On imagine ce que vous vous dites. “Vous nous vendez une sélection loin du cliché américain de Paris et vous commencez par parler d’une boulangère?”. On sait. Faites nous confiance. Cap vers le 8e où le quartier du Parc Monceau accueille les pérégrinations d’un étudiant pensif. Si à 17 ans, on n’est pas sérieux, quand on a la vingtaine, ça n’est toujours pas mieux. Notre étudiant en droit prépare ses examens, affalé sur la table d’un café. Entre deux crises existentielles liées à ses classes, il pense à l’amour, à celui qu’il porte à Sylvie, la jolie blonde qui habite à côté. Mais où diable est elle passée ? Dans son temps libre, il sillonne les rues du quartier, perdues dans des pensées dictées en voix off par Bertrand Tavernier. Ses pieds l’emmènent à une boulangerie rue Lebouteux. Avec ce film, vous ne mangerez certes plus de sablés sans arrière-pensée, mais vous aurez le mérite de connaître le quartier de Monceau comme votre poche !

  • Un jour à Paris, Serge Korber, 1962

Deuxième étape de notre périple, on attrape la ligne de métro 3 direction la mythique salle de l’Olympia. Jean-Louis Trintignant est Philippe. Un matin, il se lève et tout part à vau-l’eau. Si certains croient au miracle de Noël, ici, on croit au miracle de la pluie. Parce que Paris c’est aussi ça, le ciel voilé, la grisaille, les rafales de vent et les trombes d’eau. On peste souvent sur ce mauvais temps mais force est de constater que Paris ne serait pas toujours Paris sans ses 111 jours de pluie annuels. Et c’est ironiquement ce mauvais temps qui va illuminer la journée de notre malchanceux. Alors sur les pas de ce romantique dont la fortune semble être dictée par des gouttelettes et un parapluie, redécouvrez le 9e arrondissement avec sa fougue, sa filouterie et sa part de magie quotidienne.

  • C’était un rendez-vous, Claude Lelouch, 1976

Trigger Warning aux psychorigides du code de la route parce qu’on passe la 6e à Porte Dauphine direction le Sacré Coeur à toute berzingue. A Paris, on le dit souvent, on vit tous en accéléré. On s’emboîte le pas dans les tunnels du métro, on traverse les clous quand les bonhommes sont rouges vifs et on ne respecte jamais les limitations de vitesse. Ça nous vaut une superbe réputation à l’international. Alors pour enfoncer le clou, Claude Lelouch a décidé de nous concocter ce chouette programme de 8 min en plan séquence : 5 heure du matin, 200 km/h, une caméra accrochée au capot, des feux rouges qui n’arrêtent pas notre chauffard et un rendez-vous amoureux. Avec C’était un rendez-vous, découvrez les boulevards pavés et les ruelles de calcaire de saint maximin à une vitesse décapante.

Et parce qu’on ne fait pas les choses à moitié, vous pouvez découvrir cette pépite juste ici :

https://vimeo.com/305211187

Entrée, plat, fromage, dessert

Ça y est, on a mangé notre petit sablé rue Lebouteux, on a rencontré l’amour boulevard des Capucines et on l’a retrouvé.e un matin sur le parvis du Sacré Coeur. Maintenant que nous nous sommes bien échauffé.e.s, place à notre sélection long métrage. Fini les balades de quartiers, on étend notre toile. Enfourchez votre vélo, attrapez un ticket de métro, c’est parti pour l’aventure !

  • Cléo de 5 à 7, Agnès Varda, 1962

Impossible de parler de Paris sans mentionner ce bijou d’Agnès Varda. Embarquez pour une vadrouille mélancolique et angoissante dans les arrondissements du centre et du sud de Paris. Dans l’attente d’un résultat médical, Cleo (campée par Corinne Marchand, fabuleuse) fend la foule fascinée par les premières floraisons printanières. Dans sa bulle, elle nous balade en temps réel d’un quartier à un autre. Un coup de taxi, un coup de bus et entre tout cela, la vie. Peut-être la maladie. Peut-être la mort. L’avenir nous le dira. Cléo de 5 à 7 c’est la peinture de l’angoisse de la mort, du temps qui passe et est compté dans un monde qui ne nous attend pas pour vivre et renaître constamment.

  • Paris brûle-t-il ? , René Clément, 1966

“Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré” qu’il disait. Et oui, quand on parle de cinéma français, et qui plus de cinéma sur la capitale, le mythe résistancialiste ne peut clairement pas passer à la trappe. On en compte des pelletées mais il fallait faire un choix. Alors comme notre projet est de faire un pied de nez à Darren Star, le choix s’est porté sur une production franco-américaine. Ce bordel virtuose sur la libération de Paris compte dans son casting stellaire un Orson Welles, un Alain Delon, un Jean Paul Belmondo ou encore un Kirk Douglas. La liste est encore longue. Découvrez Paris dans une fresque historique où les modes de déplacements possibles sont soit le tank soit la marche en catimini. La plupart des scènes sont tournées en décor naturel, ce qui est assez rare à l’époque ! Alors vous avez de quoi visiter la capitale dans un de ses moments les plus charnières !

  • Chacun cherche son chat, Cédric Klapisch, 1996

Petit à petit, on avance dans le temps. Pour son troisième long métrage, on cavalcade dans le 11e arrondissement à la recherche de Gris Gris (macguffin klapischien… ou klaposchat c’est selon). Cette recherche n’est qu’un prétexte à la rencontre d’une constellation de personnalités jonchant le quartier de la rue Keller, animant la Roquette et investissant les cafés du coin. Jacques Chirac vient d’être élu président, ses barrières de chantier vertes et grises envahissent les rues à sens uniques et encerclent les immeubles en pleine démolition. Comme quoi, en 1996, Paris était déjà en plein travaux ! Les hommes emmerdent les femmes dans la rue, les vieux.ieilles pestent adorablement sur les nouvelles boutiques qui chassent les anciennes ; pas de doutes, vous êtes bien à Paris !

  • Les Olympiades, Jacques Audiard, 2021

C’est dans la fourmilière du quartier dès Olympiade (13e arr.) que nous terminons notre périple. Jacques Audiard nous décortique dans le plus grand des voyeurismes l’intime extrême de trois personnages. Il emprunte à Tati ses scènes de vie derrière la fenêtre qu’il anime de dialogues déclarés avec un naturel déroutant. Paris, c’est Haussmann dans la tête des gens. Paris ce sont les petits immeubles au balcons filants, aux toits bleutés et aux portes cochères. Avec Les Olympiades, vous découvrez un tout nouveau décor, un tout nouveau quotidien. Là où beaucoup auraient voulu désincarner les habitants de ces barres de bétons aux 1001 fenêtres, Audiard dit merde. Il sublime et humanise un coin du 13e vertigineux, et ça fait du bien !

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