5 artistes brésilien.ne.s pour changer de la bossa nova

On connaît majoritairement la musique brésilienne par ses grands pontes de la bossa nova, Gilberto Gil, João Gilberto, Stan Getz, Chico Buarque ou encore Caetano Veloso. Cette musique rendue populaire dans les années soixante, mêlant samba et jazz, fête et révolution. Pourtant, la musique brésilienne ce n’est pas que ça. 

Crédits photos : François Quillacq / Junior Ribeiro

Article écrit par Eva Darré-Presa

Pays à la croisée des cultures, la musique ne pouvait pas faire exception. Samba, baião, tropicalisme et bien d’autres encore, la musique brésilienne regorge d’influences et de sonorités fabuleuses, ayant même servi l’opposition à la dictature dans les années 1960. Qu’elle soit inspirée du rock’n’roll américain ou de chansons lyriques appelées moda, qu’elle tire ses racines de l’Angola ou qu’elle soit hymne carnavalesque, la musique est assurément la forme d’art la plus populaire au Brésil.  

Qu’en est-t-il de la musique brésilienne aujourd’hui ? On connaît bien sûr des tubes populaires nous faisant danser en soirée, qu’on les aime ou non (vous vous souvenez de Michel Telo ?). On connaît aussi Flavia Coelho, installée en France depuis 2006. Pourtant la scène brésilienne actuelle regorge de nombreux trésors, installés de l’autre côté de l’Atlantique ou à Paris. On vous propose d’en (re)découvrir cinq, pour commencer ce voyage initiatique vers la richesse de la musique brésilienne.  

Bruna Mendez

À la croisée de l’ambient et du R&B, Bruna Mendez nous offre un nouvel album Corpo Possivel magistral. Originaire de Goiânia, Bruna commence sa carrière en 2008 en rejoignant plusieurs groupes de Rio. Voix cristalline et beats marqués, la chanteuse nous emmène dans la chaleur du Brésil à grand coup de sonorités lascives et éthérées. Un album moderne qui fera durer l’été bien plus longtemps. 

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Tim Bernardes

Originaire de Sao Paulo, Tim Bernardes ressuscite la saudade portugaise dans son album Recomeçar (2017) et plus récemment dans une magnifique collaboration avec Gal Costa, chanteuse brésilienne iconique et leur reprise du morceau Baby. C’est un peu la rencontre entre la douce mélodie des ballades des Beatles et la douceur, mélangé à la symphonie de Sufjan Stevens. Le tout en portugais, rendant ses compositions plus que parfaites. 

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Xênia França

Xênia França est originaire de Bahia et a débuté sa carrière en reprenant des morceaux iconiques de la culture populaire brésilienne. Avec sa voix lascive, elle chante les relations amoureuses de façon douce et poétique. Signée sur le label 180g x Disk Union, valorisant la scène brésilienne actuelle (label dont fait également partie Bruna Mendez), elle mêle productions pop et électroniques hyper modernes, valorisant les musiques afro-brésiliennes en traitant de sujets engagés, donnant de la voix à des luttes féministes et anti-racistes. Son dernier single, Deixa eu dizer date de 2020 et on a bien hâte de connaître la suite. 

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Gilsons

Trio soul et smooth formé par José Gil (fils de Gilberto Gil), Francisco Gil et John Gil, Gilsons a sorti un premier EP Vàrias Queixas en 2019. Le groupe s’inscrit dans une belle lignée d’artistes de MBP (acronyme de musique populaire brésilienne) mêlant les sonorités traditionnelles de samba à des sons rap et électroniques. On y retrouve une vraie douceur, notamment sur la chanson Devagarinho, signifiant “tout doucement”.

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YNDI

La compositrice franco-brésilienne YNDI n’a jamais vécue au Brésil et arrive pourtant à nous transporter au pays de la saudade avec son album Noir Brésil. Quand on lui demande de décrire ce qu’est pour elle la saudade, elle définit ce mot poétique comme un mélange de mélancolie et d’envie d’ailleurs, exactement ce que nous fait ressentir son album, avec notamment le magnifique clip Reliques qui met en image l’histoire d’amour entre la déesse de la lune et le dieu du soleil.

Vous pouvez retrouver YNDI sur Instagram en cliquant ici.

La scène brésilienne actuelle est donc riche en sonorités allant bien plus loin que la bossa nova. YNDI nous explique que pour elle, il y a un vrai sentiment d’urgence qui s’échappe de la musique, prouvant plus que jamais que la musique brésilienne est définitivement liée à la situation politique du pays. “Le Brésil, par son histoire – très métisse – est toujours un terrain d’expérimentation artistique. À l’époque de la dictature, la musique était une manière de contourner l’oppression, et aujourd’hui avec le climat autoritaire de Bolsonaro, on retrouve dans la musique cette soif de liberté, de justice et de créativité.”

Pour conclure, la bossa nova n’est pas morte (mais toujours bien présente dans nos playlists), mais il serait dommage de réduire la musique brésilienne à ce simple style musical. À la fois festive, poétique et engagée, la musique brésilienne se déploie et se propage dans des univers multiples à découvrir encore et encore : “On peut considérer les années 60 comme l’apogée de la Bossa Nova, mais, heureusement, le Brésil a donné naissance à des centaines d’autres genre, tout à fait intéressants, qui ne cessent d’inspirer de nouveaux artistes !” termine YNDI. 

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