Partons aujourd’hui à la découverte d’un trio venu tout droit du Danemark, le groupe de pop alternative Scarlet Pleasure. Mâtiné de multiples influences R&B, soul et funk, Scarlet Pleasure est porté par trois musiciens et amis de longue date : Emil Goll au chant, Alexander Malone à la basse, et Joachim Dencker à la batterie.

Joachim, Emil et Alexander (de gauche à droite)

Formé sur les bancs de l’école, le groupe a désormais un second album à son actif avec Garden sorti en octobre 2020 après avoir notamment collaboré avec les producteurs Om’Mas Keith ou encore Ronni Vindahl (Frank Ocean, Jay-Z, MØ).

Si le nom de Scarlet Pleasure vous dit quelque chose c’est que vous avez sûrement déjà dû entendre leur titre What a Life, qui accompagne l’enivrante bande-originale du film Drunk réalisé par Thomas Vinterberg sorti sur les écrans en fin d’année 2020 et qui a remporté de multiples prix dans différents festivals internationaux.

Dans la lignée de ses précédents films, le réalisateur danois opte pour une manière de filmer qui n’impose pas l’action et vient souligner les scènes par une bande-son solaire et énergique dont le titre phare What a Life ouvre et clôt l’intrigue.

Rencontre avec le groupe qui a réussi à faire danser Mads Mikkelsen sur une des scènes les plus puissante de l’année 2020 !

Hello Emil, Alexander et Joachim ! Pour les francophones qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous vous présenter ?

Hello, nous sommes Scarlet Pleasure, un trio basé à Copenhague au Danemark.

D’où vous est venu le nom Scarlet Pleasure ?

En fait, nous avons formé le groupe au lycée. En regardant dans un dictionnaire, on est tombés sur le mot Scarlet (“écarlate”) défini comme un sentiment et une couleur particulière, à laquelle on pouvait s’identifier, et qui capturait bien la manière de penser notre musique à l’époque. Depuis notre musique a beaucoup évolué (heureusement, on n’était pas très bons) mais le nom est resté, presque comme un symbole de notre amitié de longue date.

What a life est un titre enivrant et dansant qui contraste avec le sous-texte dramatique du film Drunk, celle de Martin (Mads Mikkelsen) à la recherche constante d’une vie toujours plus intense. Quelle a été votre réaction lorsque vous avez découvert la scène finale ?

D’abord nous sommes d’immenses admirateurs du réalisateur Thomas Vinterberg donc lorsqu’il nous a parlé de la scène finale où Mads Mikkelsen danse sur notre titre, et l’intrigue du film de manière générale, on était à la fois honorés et excités de faire partie du projet. La première fois où on a vu la scène finale, c’était dans un complexe de studios, Thomas et le monteur du film étaient assis dans la pièce quand on est arrivés et l’ambiance était vraiment palpitante. Après une courte introduction de Thomas, il a lancé la scène et on l’a tous regardée ensemble. C’était vraiment émouvant et très touchant. D’écouter notre titre dans un cadre où un de nos acteurs favoris danse sur notre musique, dans le plus typique des décors danois avec des étudiants qui font la fête à l’arrière-plan, puis comme le film est fait… c’était vraiment wow okay, on était sans voix. La cerise sur le gâteau c’était aussi de pouvoir regarder le film pour la première fois au cinéma. Un moment qu’on n’oubliera jamais !

En parlant de cinéma, quel est le film de T.Vinterberg qui vous a le plus marqué ?

Notre première expérience avec le cinéma de Vinterberg était Festen. En vérité on a regardé ce film ensemble un soir du nouvel an pour on ne sait plus quelle raison. On a été soufflés par le récit et l’atmosphère étrange qui se glisse immédiatement jusque sous ta peau ! Quelque part, on peut rapporter ça aux relations entre les membres d’une famille, pas littéralement, mais juste toutes ces petites choses et les non-dits que l’on tait. Dans toutes les familles il y a des choses qui sont gardées secrètes, et c’est un des aspects qui rend ce film spécial. En plus du talent de Vinterberg qui est très doué pour dépeindre tout ça. Il sait comment raconter une histoire -malgré des sujets délicats- qui résonne pour beaucoup d’entre nous. La même chose s’est produite avec Drunk, et notre son What a Life. Il lui a donné une autre dimension, un nouveau sens à nos paroles que tout le monde peut comprendre peu importe l’âge, la culture ou le pays.

Dans le film High Fidelity, l’acteur John Cusack déclare : “Sentimental music has this great way of taking you back somewhere at the same time that it takes you forward, so you feel nostagic and hopeful all at the same time.”Est-ce qu’on peut parler d’une mélancolie joyeuse dans votre musique ? Je pense notamment aux titres comme Anyway ou Lost.

Quelle belle citation ! Beaucoup de nos titres abordent la nostalgie. Un sentiment qui nous rappelle quelque chose de l’enfance, de l’amour, etc. Nos souvenirs sont souvent liés à des chansons qu’on a entendues au moment où ces souvenirs se sont produits. Donc généralement quand on écrit nos musiques, on essaie d’y incorporer des allusions au passé, en étant attentif aux nouvelles dimensions qu’elles peuvent prendre.

Lorsqu’on écoute vos différents projets on a le sentiment que vous considérez la création musicale comme un vaste terrain de jeu, avec de multiples influences allant de la folk (24/7) jusqu’aux sonorités soul (Windy) ou même reggae (Unreliable). Est-ce que cette dimension ludique est centrale pour vous ?

C’est vrai, nous avons travaillé sur plusieurs genres pendant des années. On essaie toujours d’être aussi ouverts d’esprits que possible concernant les genres musicaux. On veut éviter de se limiter à une seule identité sonore, pour continuer à évoluer et être curieux on doit rester ouverts. Finalement, ce qui importe le plus est que notre son nous ressemble.

Ayant grandi dans les années 2000, le clip de votre titre SOS me rappelle cette esthétique pop, colorée et presque naïve comme pouvaient le faire les Red Hot Chili Peppers ou encore Blur. Attachez-vous une importance particulière à la réalisation ?

Premièrement, nous sommes d’immenses fans des Red Hot Chili Peppers, qui sont la raison de la formation de notre groupe lors de nos années lycées. Notre dernier album Garden a été un réel processus créatif de retour à nos racines et de pourquoi on avait commencé à jouer de la musique ensemble. Alors ça avait du sens pour nous de voir si on pouvait reprendre quelques codes de l’esthétique pop des années 2000 pour en faire quelque chose de plus actuel en 2020.

Si vous deviez choisir la bande-originale de votre vie en ce moment ?

Question difficile… Il y a tellement de bonnes musiques qui pourraient l’être ! Avec tout ce qu’ on a traversé durant cette pandémie, on a tous saisi l’importance des choses simples dans nos vies, que ce soit de marcher en forêt ou de se rapprocher de nos familles, etc. Alors pour capturer cette impression en musique, on va dire What a Wonderful World de Louis Armstrong. Un titre qui nous rappelle toute la beauté qu’il y a dans le monde !

Et une chanson qui vous redonne de l’énergie ?

Highest In The Room de Travis Scott. Let’s go !

Pouvez-vous nous faire découvrir un ou une artiste de la scène musicale danoise actuelle que vous adorez ?

Vera ! En réalité nous travaillons sur une collab qui sortira très bientôt. Mais l’univers musical de Vera est tout à fait unique et inspirant.

Enfin, après l’année difficile que nous venons de vivre, certains de vos titres comme Better ou SOS prennent un tout autre sens. Qu’aimeriez-vous voir changer dans un futur proche ?

Oui tout à fait. On avait écrit ces titres avant l’arrivée du Covid-19 mais ça a vraiment donné un sens nouveau après qu’ils soient sortis. Les paroles de Better sont un rappel pour nous-même sur le plan personnel. Même pendant les périodes les plus dures tu dois garder en tête les choses positives que tu as, et que ce avec quoi tu luttes laissera bientôt place au meilleur. Dans un sens c’est un peu cliché, mais c’est parfois difficile de s’en rendre compte quand tout semble troublé et qu’on a le cafard. Dans une autre perspective, il y a eu beaucoup de raisons de se redresser et de lutter ces derniers temps. Le racisme, les actions pour le climat, l’égalité des sexes. Des sujets pour lesquels nous devons nous battre pour qu’ils s’améliorent, et si on le fait, ce sera le cas !

Merci à vous trois !

Merci, ça a été un plaisir de vous répondre !

Vous pouvez retrouver Scarlet Pleasure sur Instagram et Facebook.