Incendies en Australie, 22° C dans le sud en février, dépassement du seuil d’émission de CO2 du pays au 7 mars dernier, et depuis le début d’année propagation de la pandémie Covid-19… Le monde d’aujourd’hui part *quelque peu* en cacahuète, et, au lieu de céder à la forte tentation de se morfondre, certains essayent – comme ils le peuvent – d’agir à leur échelle. Des initiatives que nous vous incitons à rejoindre dans cette période de confinement qui ne fait qu’accroître les inégalités déjà présentes et discriminer encore plus les minorités. Que ce soit via la plateforme gouvernementale jeveuxaider.gouv.fr ou à travers tous autres petits gestes et attentions que vous pouvez faire quotidiennement.

Photo de Delia Giandeini sur Unsplash

Propos recueillis par Marguerite Quentel

Parenthèse fermée, on ne parlera pas de Coronavirus dans cet article. Ouf.

Mais je voulais vous parler d’engagement, d’activisme et un peu (beaucoup) d’amour aussi. Aujourd’hui, nous sommes tous conscients (désolée les climato-sceptiques, je ne m’adresse pas à vous) de l’impact des activités humaines sur l’avenir de notre planète bleue et de notre rôle à tout-un-chacun pour rendre cet avenir plus viable et vivable.

Cependant entre conscience et actions il y a un grand pas. Voir des milliards de petits, et grands pas. C’est pourquoi j’ai voulu m’adresser à ceux qui agissent et se rebellent constamment : Extinction Rebellion – l’organisation internationale qui fait un maximum de bruit pour faire changer les choses. Et afin d’avoir un regard honnête et direct sur l’organisation et le militantisme écologique en général, j’ai décidé de donner la parole à mon amie la plus cool : Martha. Vingt-trois ans, Veja aux pieds, a grandi à Hambourg, étudie le commerce pour mieux le changer, est une amoureuse de café et te concocte toujours des playlists de folie. Bref, pas juste « une membre d’Extinction Rebellion ».

 

Quel a été ton « déclic » écologique personnel ?

Il n’y a pas eu d’événement spécifique à mon souvenir. Juste beaucoup de petits événements qui m’ont conduite à devenir la sorte d’activiste que je suis :

  • La lecture du livre The Swarm, de Frank Schtzing,
  • Écouter les discours de Greta Thunberg s’exprimant à voix haute. La première fois que j’ai regardé son Ted Talk, j’ai fondu en larmes,
  • Voir tous les jeunes du mouvement Fridays For Future marchant dans les rues pour essayer d’attirer l’attention de nous, les adultes (je suppose que je dois m’inclure dans cette catégorie, ou « l’entre-deux » bizarre des jeunes-adultes haha),
  • Et enfin, la première fois que j’ai entendu parler d’Extinction Rebellion. C’était en novembre 2018, quand ils ont bloqué cinq ponts à Londres pendant plusieurs heures.

Juste après ça, je suis tombée sur l’événement Facebook d’une réunion d’information à Glasgow (ndlr : où elle étudie depuis 2 ans) pour essayer de créer un groupe local. C’est là que l’aventure a commencé !

La responsabilité environnementale : le devoir du gouvernement ou celui de tous ? Quel est ton avis sur la question ?

L’une des grandes revendications de XR est de « Dire La Vérité » : nous demandons au gouvernement de déclarer l’urgence climatique (ce que l’ensemble du Parlement européen a déjà fait). Ce qui signifie que chaque décision prise par le gouvernement doit l’être en connaissance et en conscience de l’urgence climatique.

On ne peut pas attendre du public qu’il change son comportement radicalement, alors que pendant ce temps le gouvernement ne communique pas sur l’urgence climatique comme il le devrait ! La responsabilité d’un gouvernement est de prendre soin du bien commun de sa nation et nous sommes confrontés à une crise mondiale qui ne peut plus être ignorée, nous avons besoin d’actions.

Pourquoi est-il important de faire grève et de protester* aujourd’hui ? (*de façon pacifique et non-violente, on s’entend)

C’est très encourageant et émouvant de vivre un tel sentiment collectif, protester ensemble, et rencontrer tant de gens qui pensent comme toi. Ça te donne le sentiment que tu n’est pas tout.e seul.e face aux préoccupations du futur. C’est presque un sentiment de soulagement.

Et puis tu vois toutes ces personnes différentes, cela te fait te rendre compte que tu n’as pas besoin d’être un « hippie » ou être 100% écolo pour participer. Tout le monde peut revendiquer ce rôle d’activiste environnemental, donner au peuple une voix et exiger le changement !

Comment t’es venue l’idée de rejoindre XR ?

Signer des pétitions et essayer de vivre une vie écolo ne suffit plus… XR m’a apporté une sorte de soulagement et m’a redonné espoir.

XR est le signal d’alarme de la crise climatique, qui devient de plus en plus réelle chaque jour. Ensemble avec Fridays for Future (ndlr: Mouvement de grève étudiante pour le climat initié par Geta Thunberg), ils mettent sous pression le gouvernement et le public et exigent le changement.

Je me retrouve dans les principes de XR car l’organisaton agit sans jamais blâmer quiconque et puise son énergie grâce à l‘amour. Oui, parfois nous gueulons et nos conversations finissent dans un mélange de peur et de colère, mais nos actions sont pleines d’amour et les manifestations ont des airs de fêtes. Nous sommes empathiques car nous sommes tous dans le même bateau. Nous avons la même maison et notre maison est malheureusement en train de mourir…

Quelles actions concrètes organisez-vous à l’asso XR de ton université ?

En première année (il y a 2 ans) j’ai créé avec deux autres filles l’asso XR de mon université. La première association étudiante de notre université 100% écolo et 100% gérée pas les étudiants ! Aujourd’hui, nous sommes 43 membres.

Dans le cadre de la semaine nationale Go Green (ndlr : la colonisation climatique était le thème de l’année 2020), nous avons organisé plusieurs évènements : une conférence sur le thème de la colonisation climatique, une action à la craie sur le terrain du campus et une exposition de photographies sur le même sujet.

Nous organisons aussi un brunch végétalien tous les mois avant nos manifestations pour la grève climatique afin d’attirer les autres étudiants à venir et apprendre à se connaître avant de manifester. Beaucoup d’étudiants aimeraient y aller mais ne veulent pas y aller seuls. C’est l’occasion de rencontrer des gens qui partagent les mêmes idées que soit dans son université !

Nous travaillons également avec les autres universités de Glasgow sur un Green New Deal (nouvel accord environnemental), que nous voulons présenter à la fin du trimestre et exiger à nos universités de le signer.

Malheureusement, nous avons déjà eu des incidents avec la sécurité du campus qui nous empêche de prendre des mesures plus risquées…

Est-ce compliqué de gérer le jugement des autres (amis, famille, école, travail, etc) et d’assumer ses convictions ?

Personnellement, je ne suis pas tant que ça affectée par le jugement des autres. Je crois profondément en ce que je défends et ce pour quoi je me bats, et je sais que je ne suis pas seule. Aller à des événements XR me le prouve bien.

Je suis juste parfois frustrée ! C’est quelque chose de très personnel car j’investis beaucoup d’énergie et beaucoup de temps. Parfois, je ne comprends juste pas comment certains ne peuvent pas voir l’urgence que je vois… Mais finalement je me dis que je ne les connais pas, qu’il ne faut pas juger la décision de quelqu’un quand tu ne sais pas ce qui se passe dans sa vie.

On parle de collaposologie environnementale et de fin du monde. Honnêtement, as-tu déjà ressenti de l’anxiété à ce propos ?

Je sais que nous avons encore le temps de changer, une dizaine d’années peut-être. D’ici là nous verrons bien si cette collapsologie deviendra réalité ou non… Mais vu la façon dont notre monde fonctionne jusqu’à aujourd’hui, il est très probable que notre société puisse s’effondrer sous les conséquences de la crise climatique oui.

Alors oui bien sûr que cela me rend anxieuse ! J’ai peur pour notre avenir, j’ai peur des conséquences auxquelles nous devrons faire face, et je sais qu’il n’y a pas d’autres issues possibles.

Certains jours je me sens juste moins optimiste que d’autres. C’est pourquoi je ne peux pas me confronter tous les jours aux infos et aux sujets que nous traitons à XR, juste pour des questions de santé mentale. Mais c’est aussi pour cela que je manifeste et que je participe à des actions, parce que cela me donne de l’espoir !

Aurais-tu des conseils pour influencer (de façon positive bien sûr) ou encourager ses proches ?

La plupart des gens ont besoin par quelconque moyen de vivre ou de ressentir par eux-mêmes les choses pour ensuite prendre la décision de changer. Un changement brusque dans leur système de croyance n’est possible que s’il existe une sorte de connexion émotionnelle avec. Je pense que le moyen le plus efficace est le sentiment d’espoir. Donc ce qui a marché pour mes amis, c’est juste de les emmener à des manifestations !

Vivre le changement peut déjà être une source d’inspiration. Juste ramener le sujet sur la table à chaque fois, et attiser la curiosité de tous.

Dernière question : comment restes-tu au courant, motivée et inspirée ? As-tu des recommandations pour nous ?

Je dirais de s’entourer de gens inspirants et motivants !
Et la façon la plus facile de le faire est via les réseaux sociaux. Je recommande @maxlamanna, un cuisinier zéro déchet qui t’apprend ses astuces et des recettes tous les jours. Il y a aussi les podcasts, tel que Sustainababble et Talking Tastebuds.

Pour vous tenir plus informé, je pense au podcast What on Earth, au site internet XR et au compte de ton asso XR locale et, bien sûr, de d’autres ONG et initiatives environnementales. Tu peux aussi t’abonner à des bulletins d’information (360 Yale) et à une lecture plus scientifique de la revue académique Climate policy.

Ne sous-estimes pas le fait de simplement communiquer à tes amis ta motivation, ton inspiration et ton énergie positive.

 

Merci à Martha d’avoir répondu à mes questions et de m’avoir autant inspirée ! De quoi occuper nos confinements en en apprenant plus sur la protection de l’environnement et prendre le temps de modifier nos modes de vie petit à petit.