Gilmore Girls, Desperate Housewives ou encore Gossip Girl, plus de dix ans après la fin de ces séries phares des années 2000, je ne me lasse toujours pas de les visionner et (re)visionner en boucle. J’ai beau connaître les intrigues et les dialogues par coeur, aussitôt finies, je ne peux pas m’empêcher d’avoir envie de ré-appuyer sur le bouton Play pour revoir encore et encore ces histoires. Comment expliquer ce besoin et ce plaisir de revoir des séries de mon enfance et pré-adolescence sans jamais m’en lasser ?
Article écrit par Manon Martin
Il y a un mois, alors que j’étais en train de me préparer, j’ai lancé le premier épisode de Desperate Housewives. Encore. J’ai beau connaître par cœur les aventures de Susan, Bree, Gaby et Lynette, je me retrouve tout de même à me prendre de passion pour celles-ci. Quelque jours auparavant, je terminais le dernier épisode de Gossip Girl, dans quelques mois ce sera le tour de Gilmore Girls. Même si je raffole de nouvelles séries, je finis toujours par revenir vers ces séries des années 2000, que j’ai vu pour la première fois dix ans auparavant. Parfois, je culpabilise en pensant à tout le temps que je perds à revoir des histoires dont je sais déjà la fin. C’est vrai, à la place, je pourrais en découvrir de nouvelles, mais non, je préfère passer mes soirées devant mes séries préférées des années 2000.
Un besoin de réconfort
Ces séries font partie de ce qu’on appelle des « comfort show », ce sont donc des œuvres audiovisuelles qui nous apportent du réconfort. J’aime les regarder pour la simple et bonne raison qu’elles me font du bien. A la manière de notre plat préféré, nous sommes attachés à certaines séries malgré les années qui passent. Cette sensation de « feel-good » que l’on ressent face à elles vient notamment de la répétition. Ce besoin de revoir encore et encore les mêmes œuvres se rattache à un fort sentiment de nostalgie. En effet, nous puisons dans la nostalgie dès que nous nous sentons seul ou mélancolique. Nous cherchons dans nos souvenirs, et ces séries so 2000 en sont le parfait exemple. Desperate Housewives me ramène tout droit en 2008 et des diffusions le samedi matin, Gossip Girl me rappelle mon année de sixième, Dr House, les mardis soirs devant TF1 avec ma famille. Un instant nous échappons à notre quotidien, à l’année 2023 et surtout à l’âge adulte. Le temps d’un épisode, j’ai de nouveau 11 ans. Ces séries sont donc rattachées à des moments clés de notre vie et font le lien clé entre notre présent et notre passé. Elles permettent de reconsidérer notre existence et de voir le chemin que nous avons parcouru avant. Au final, c’est un peu comme visionner de vieilles cassettes de notre enfance, ces histoires sont des souvenirs, des témoignages de notre parcours jusqu’à l’âge adulte.
Et si ces séries, malgré des histoires parfois très sombre, nous apparaissent comme rassurantes, c’est notamment parce que nous connaissons déjà la fin. Savoir qui est le meurtrier, si ce couple phare va finalement se remettre ensemble ou encore si l’héroïne va survivre nous permet de détendre complètement notre cerveau et d’évacuer l’anxiété. Pas besoin de se concentrer, de stresser ou encore de se mettre en colère : nous savons déjà ce qu’il va se passer par la suite. Ce fameux « feel-good », ou bien-être que nous ressentons vient précisément du fait que le prévisible nous apaise. De même, lorsque que nous repartons en vacance dans un endroit que nous fréquentions quand nous étions petits, nous sommes envahi par cette sensation de chaleur mêlée à beaucoup de nostalgie.
Des études scientifiques ont d’ailleurs démontrer que ces mécanismes de répétitions pouvait rendre plus heureux et briser le sentiment de solitude. Le psychologue Neel Burton dans son ouvrage Heaven and hell : The Psychology of the Emotion explique : “Chaque fois que l’on regarde une rediffusion, c’est comme si l’on retrouvait des amis, que l’on se racontait les derniers potins et que l’on vivait de nouvelles aventures”.
La nostalgie des années 2000
Parfaite enfant des années 2000, je me suis construite avec la télévision et Internet. Très vite, je me suis passionnée pour les séries qui passaient sur le câble, avant de les regarder sur mon ordinateur. Pas de doute, les regarder encore et encore aujourd’hui me permet sûrement d’échapper un temps à ma vie de jeune adulte, que je redoute encore tant. Pourtant toutes ne sont pas liée à ce sentiment de nostalgie personnel. En effet, j’ai découvert Gilmore Girls en pleine période de confinement, en avril 2020. Depuis, je me ne me lasse pas de revoir les épisodes, voir toutes les saisons.
C’est vrai que les années 2000 semblent de retour partout. Les jupes tailles basses sont de retour, Paris Hilton est élevée au rang de reine et la Star Academy a reprit du service. Les années 2000 nous manquent. Ce coté nostalgique, qui nous ramène droit en enfance ou à notre adolescence nous ramènent surtout, encore une fois, à une période où nous avions le droit d’être insouciants. Oui, c’était ça les années 2000 : les vêtements colorés, les coiffures excentriques, les promesses de renouveau avec l’entrée dans un nouveau millénaire…. L’insouciance à l’état pure.
Les séries reflètent cet état d’esprit. Elles n’avaient pas pour but d’être dans le réalisme le plus possible. Si on regarde bien quelques séries phares de cette décennie, on retrouve la jeunesse dorée de Manhattan qui ne sont préoccupés que par leurs histoires d’amour et d’amitié, ou encore la petite ville idyllique nommée « Stars Hollow » dans Gilmore Girls, où tous les habitants sont sympathiques et s’entraident. Pas vraiment de mention de situation socio-économique désastreuses ou de crises écologiques. Même dans Desperate Housewives, les nombreux drames que subissent les héroïnes ne sont jamais lié purement à l’actualité. Ces séries représentent un fantasme d’un autre monde, un autre univers, où notre quotidien banal et anxieux n’existe pas.
Les séries des années 2000 avec leurs couleurs, leurs tenues audacieuses, leur fantaisie, nous séduisent finalement pour une simple bonne raison : un instant, nous quittons les années 2020 pour nous raccrocher à une époque révolue.
Une époque où nous paraissions plus légers mais aussi plus spontanés. Les réseaux sociaux n’existaient pas. Rory Gilmore avait un bipeur tandis que Gossip Girl n’était qu’un blog. Et honnêtement, il faut dire que ça fait du bien de revoir une époque où toutes nos vies ne tournaient pas autours de l’omniprésence d’internet et des réseaux sociaux. Ces séries sont un témoignage d’une époque que nous avons connu et qui ne reviendra jamais. Nous nous raccrochons alors aux images de cette décennie, nous échappons un instant à cette pression, l’anxiété que nous pouvons ressentir face à Instagram, Tiktok ou encore Twitter, afin de retrouver des situations cocasses liées à de la spontanéité pure et dure.
Si aujourd’hui, en continuant de binge-watcher mes séries préférées, je me rends comptes de certains propos choquants, de certains modes de pensées qui me rappellent que les mentalité ont évoluées aujourd’hui, les séries des années 2000 resteront toujours des œuvres qui me font du bien et me permettent de décompresser comme il se doit !