Quatre ans après avoir remporté l’Oscar du Meilleur film pour La Forme de l’eau, le grand Guillermo Del Toro est de retour avec Nightmare Alley, une adaptation du livre éponyme de William Lindsay Gresham. Le film suit Stanton (Stan) Carlisle, incarné par Bradley Cooper, un homme fuyant un sombre passé. Il intègre dès lors une troupe de forains avec qui, il va se lier d’amitié et développer un numéro de télépathie. Connaissant ainsi le succès, il va croiser la route du Dr. Lilith Ritter (Cate Blanchett), une mystérieuse psychologue lui proposant une alliance qui pourrait s’avérer bien dangereuse. Mais alors, que vaut Nightmare Alley ?
Article rédigé par Anatole Caille
Entre thriller et fantastique, Del Toro impose son style tout en le réinventant
Avec au casting, des grandes figures du cinéma telles que Cate Blanchett, Bradley Cooper, Rooney Mara, Toni Collette ou encore Willem Dafoe, Del Toro nous propose une galerie de personnages des plus fascinantes.
Le film se déroule dans des décors aussi grandioses qu’immersifs rappelant quelque peu l’univers de son concurrent au titre de maître du fantastique, Tim Burton ou encore la quatrième saison d’American Horror Story (Freak Show), notamment pour la première partie du film. On sent que le réalisateur s’amuse dans cet univers étrange et inquiétant en nous offrant une photographie des plus sublimes avec des plans magnifiques. On peut ainsi reconnaître la patte du réalisateur avec la présence de couleurs éclatantes (décors, costumes) et pleines de symbolique.
À l’instar de Crimson Peak, le film se découpe en deux parties distinctes marquées par un changement de décors et l’apparition de nouveaux personnages. On a ainsi une première partie, qui n’aurait pas souffert d’un léger raccourcissement, posant l’ambiance et nous présentant le personnage de Stan et peu à peu, ses motivations et ensuite une seconde partie où les événements s’accélèrent, la tension monte jusqu’à sombrer dans une grande violence. Cette violence, on la retrouve souvent dans la filmographie de Guillermo Del Toro et le réalisateur se garde bien de nous l’épargner. Si un personnage se fait éclater la tête, il n’est pas question d’échapper à ce spectacle (cf : Le Labyrinthe de Pan, Crimson Peak, La Forme de l’eau).
Une réflexion sur l’humain et les croyances
Avec Nightmare Alley, Del Toro dissèque l’âme humaine. Le film place l’humain au centre de son intrigue en mettant en avant ses faiblesses et ses vices. Au début, on peut voir le protagoniste pénétrer dans une mystérieuse salle des péchés (les 7 péchés capitaux sont d’ailleurs présents sur l’affiche du film) et on peut alors le percevoir comme un avertissement, l’idée qu’on rencontrera ses péchés tout au long du film. Il y a en effet, une grande présence du religieux et du divin tout au long de Nightmare Alley. En effet, lorsque Stan souhaite entrer en contact avec les morts pour son numéro, il est mis en garde par Zeena (Toni Collette) et son mari (David Strathairn) qui lui informent que vouloir communiquer avec l’au-delà peut s’avérer très dangereux.
Avec le personnage de Stan, Del Toro montre ce que l’humain peut avoir de pire : il est avide de pouvoir et de succès, il triche, il ment, il est violent et il défie l’au-delà. On a alors le présage que son ascension vers la gloire ne laissera personne indemne.
Le film met en avant la spiritualité, le besoin de croyances chez certains individus afin d’apaiser leurs souffrances et comment des personnes malintentionnées peuvent en abuser pour leurs propres profits.
Ainsi, Nightmare Alley est une très belle réussite de Guillermo Del Toro qui n’a pas perdu de son talent. D’une grande beauté visuelle, mais également d’une grande violence, le film est un vrai moment de cinéma jouissif et poignant. Le réalisateur parvient à nouveau à sublimer l’horreur et la violence tout en dépeignant l’humain sous ses plus sombres aspects. C’est un long-métrage qu’il faut voir et c’est même Martin Scorsese qui « impressionné et ému » vous le recommande.