C’était il y a deux mois, le Printemps de Bourges ouvrait la saison des festivals. L’occasion de se retrouver après l’hibernation hivernale et reprendre nos fameuses Interviews Prédictions. Le concept ? Tirer les cartes à des artistes qu’on adore… et leurs poser des questions sur leur parcours musical. Pour ce deuxième rendez-vous mystique de la saison, on vous entraîne dans les méandres des inspirations musicales de Zed Yun Pavarotti.
Propos recueillis par Eva Darré-Presa
Le soleil : la bienveillance, la chaleur
Est-ce que tu as un artiste que tu souhaites recommander cette année, qui t’as vraiment marqué sur ces premiers mois.
Il y a un groupe qui m’interpelle un peu ce moment et qui, je pense, va sortir des trucs très très bien, c’est Klon. Ils ont déjà sorti des trucs il y a longtemps, c’était plutôt pop, et là ce qu’il vont sortir, j’ai écouté, vu qu’on se parle un peu, ça a un créneau plus New Order un truc comme ça, un peu plus dur. À mon avis ça va être très bien.
L’impératrice : la créativité et l’art de la parole
Est-ce que tu peux nous parler de ton processus d’écriture ?
Ça dépend, il n’y a pas vraiment de règle. Je me lève, je bois un thé, je joue un peu de guitare, et c’est souvent le matin que je trouve un truc sympa. Je dis le matin mais c’est plutôt le moment où je me lève, pas forcèment le matin. Au réveil le cerveau est un peu à zéro, y’a pas de stress ni d’angoisse, c’est le meilleur moment je trouve. Ensuite je cherche une mélodie, une mélodie de refrain en premier. Ensuite je laisse un peu de côté, je n’enregistre pas, pour voir si je m’en souviens. Si je ne m’en souviens pas c’est que ça n’en valait pas le coup. Et après je crée une structure avec mes versets et tout. Je fais mes mélodies de voix, c’est souvent en anglais, et une fois que j’ai une mélodie j’écris les paroles. Je commence par l’anglais pour que ça sonne en fait, parce que le français ne sonne pas très bien en chantant, et ensuite j’essaie de coller de manière phonétique à l’anglais quand j’écris. Mais je commence toujours par les sonorités.
L’ermite : la réflexion, le temps nécessaire pour comprendre les choses
Comment en es-tu arrivé à faire de la musique ?
C’est fou, je choisi des numéros qui font sens, c’est absurde. D’abord mon anniversaire, puis celui de mon père, puis là c’est ma soeur (les cartes de tarot sont toutes numérotées, ndlr).
J’ai toujours cherché une passion qui me permettrait d’être libre. C’était impossible pour moi de mener une vie sans éliminer le travail, enfin le labeur. Et du coup je voulais absolument trouver un truc dans lequel je serais tellement bon que je pourrais en vivre. Donc j’ai fait plein de tests, plein du trucs, j’ai commencé surtout avec du sport. Mais j’ai vu qu’à un moment j’avais des limitations, qu’il y avait des plafonds. Et la musique, surtout l’écriture – c’est pour ça que j’ai commencé par le rap – j’ai vu que je devenais de plus en plus bon, que je n’avais pas trop de limites. Donc j’ai trouvé comme ça. Je n’ai pas trouvé mon identité musicale tout de suite, c’est hyper long, même aujourd’hui je ne sais pas trop. J’aime la musique et j’aime chercher, donc quand je trouverai c’est que ce sera la fin, je pense.
Le jugement : la reconnaissance, la réussite
À quel moment tu t’es dit, ça y est là je tend à quelque chose qui touche à la réussite ?
Là, sur le dernier album. Avant, je trouvais que c’était trop facile ce que je faisais. Sauf peut être le morceau interlude sur le dernier album où je me suis dit « tiens, c’est peut être possible de faire de grandes choses ». Et sur le dernier album, Julia par exemple, je me suis rendu compte que j’avais de l’expérience et que quelqu’un qui commence la musique ne pourrait pas faire ça. Je me suis dit que j’avais appris des trucs, que j’étais professionnel. Je me sens fière d’être arrivé à travailler avec plein de gens comme ça, parce qu’avant je travaillais extrêmement seul. D’avoir réussi à embarquer des gens qui soient heureux de travailler avec moi, de créer des liens entre des gens et créer un groupe cohérent, c’est ça qui compte.
La maison dieu : l’ouverture d’esprit, sortir de sa zone de confort
C’est quoi la chose la plus dingue que tu aies faite dans ta carrière ?
C’est là, c’est de jeter le rap et de me lancer dans un autre truc alors qu’il n’y a pas d’artistes français pour qui ça a marché. Et surtout le rock ; le peu d’expérience qu’il y a eu c’était un désastre. Donc c’est un peu me tirer un balle dans le pied. Bon ça a l’air de marcher pour l’instant, ça a pas l’air d’être trop une connerie mais on verra dans un an, deux ans, ce que ça donne. Mais c’est vraiment ça le plus absurde que j’ai fait. Être connu c’est super difficile, et là je tenais un truc, je savais comment faire pour aller plus loin et j’ai tout jeté. Après je garde mon identité, je ne me suis pas lancé à l’aveugle, ça fait longtemps que je travaille dessus, je suis légitime à faire du rock je trouve. Heureusement qu’il y a eu des embûches parce que sinon je me serais lancé plus tôt et ça aurait été une catastrophe. C’est une aventure de deux ans, c’est une longue transition. Ça fait quatre ans que j’écoute que du rock anglais. Je me suis renseigné, j’ai regardé beaucoup de documentaires, écouté des albums en boucle, pour apprendre. Ça fait 2-3 ans que je suis à l’école, et maintenant j’ai eu la bac (rire).
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