L’été est terminé. Les températures ont baissé. Les feuilles ont changé de couleur. Et comme on troque les iced latte contre les cafés noisette, le concept de Sad Girl Autumn fait lui aussi son retour.
Article écrit par Cloé Garnier
On a passé les derniers mois à vivre notre meilleure vie, à porter du maquillage Euphoria et à crier sur tous les toits l’hymne Hot Girl Summer de Megan Thee Stallion. On a fait toutes les sorties à la plage et bu dans tous les rooftops, que l’on ait trouvé une aventure d’été ou que l’on soit resté.es célibataires. Alors pourquoi est ce qu’on voudrait que le Hot Girl Summer se termine ? Car sa successeuse est elle aussi une période incontournable. Le Sad Girl Autumn, c’est avant tout un état d’esprit, un esthétique et des goûts culturels qu’on va décrypter ensemble.
Une autre micro-trend ?
Cette nouvelle saison n’est pas diamétralement opposée à sa prédécesseure. Le Sad Girl Autumn est comme la tante cool du Hot Girl Summer. A présent, on subtweet sur Twitter au lieu de glisser dans les DM Instagram. On troque les mini jupes pour des bomber oversize en cuir et on échange les Aperol Spritz pour du thé chaï. On reste « That Bitch»™ de la même manière qu’une Hot Girl l’est, en étant juste plus froides et un peu over it.
Maintenant, je sais ce que vous pensez : le Sad Girl Autumn ressemble à chaque développement arbitraire construit à partir des profondeurs du web. Il est vrai que des tendances comme le Healing Girl Summer ou le Clean Girl Aesthetic sont uniquement réservées à un groupe d’individus choisis, correspondant à ce que notre société considère comme étant la norme de beauté. Mais le Sad Girl Autumn n’a rien à voir avec ces différentes micro-tendances, car il est le reflet d’une tradition – en musique, en cinéma, en lifestyle, en psychologie – qui célèbre la mélancolie, la nostalgie et les expressions d’émotions résolument féminines.
Une imagerie romanesque
Même si vous ne devez pas vous morfondre pendant toute la saison, l’automne des filles tristes est le moment de rattraper tout ce que vous avez négligé pendant l’été à force d’enchaîner les expériences hyper stimulantes pour ne pas s’attarder sur ce qui fait mal. Loin de l’été tonique et euphorique que l’on vient de vivre, cette période d’introspection accrue où la réflexion personnelle, les séances de psy, les cristaux et l’astrologie sont reines ne convient probablement pas à tout le monde, en particulier aux âmes sensibles.
La nostalgie, l’angoisse féminine et un sentiment d’ambivalence à l’égard du début d’une nouvelle année universitaire se combinent pour créer une bande-son à la fois douce et émotionnellement intense. La saison n’est donc pas uniquement synonyme de tristesse et ne nécessite pas un son lent et sombre – il s’agit simplement d’aborder des émotions et des souvenirs profondément enfouis.
Une catharsis
Tout comme il existe des sous-sections de l’esthétique automnale, comme le dark academia, il existe également différentes niches de musique nécessaires pour accompagner les émotions de l’automne des filles tristes.
La multitude d’artistes féminines qui sortent de la musique sur des thèmes liés à la nostalgie, à la tristesse et à l’introspection a incité de nombreuses personnes à se laisser aller à leurs sentiments pour le Sad Girl Autumn – une période que l’ambassadrice de la saison Taylor Swift elle-même a officiellement reconnue après avoir publié une « Sad Girl Autumn Version » de sa chanson All Too Well lors de la réédition de son album Red.
En dehors de Taylor, le Sad Girl Autumn en général semble être très ancré dans la musique. Les autres artistes cités comme étant associés à la tendance cette saison sont des artistes féminines comme Phoebe Bridgers, Japanese Breakfast, Mitski et Kacey Musgraves. La culture émotionnelle de ces musiciennes et leur volonté d’être émotionnellement vulnérables valident les sentiments des foules et rendent leur tristesse romantique, ce qui est finalement la base même de la tendance.
Les icônes originales des années 1990 de l’automne des filles tristes doivent être Mazzy Star et Fiona Apple. Il suffisait de naviguer sur TikTok pendant quelques minutes l’année dernière pour trouver des extraits de Fade Into You et Paper Bag, qui servaient de pistes de fond à des collages vidéo parfaitement montés. Car bien que ce genre de musique s’adresse à tout le monde et explore des émotions universelles, ses origines dans les années 90 consistaient à subvertir le regard masculin, à accepter les défauts personnels et à lutter contre la misogynie intériorisée trop répandue. En bref, nous assistons à la redécouverte par une génération élevée au son de Liability de Lorde des mélodies tristes des indie girls des années 90.
À l’instar de la musique, certains films et émissions de télévision tendent à être étroitement associés à cette saison, en particulier Gilmore Girls et Twilight. L’atmosphère sombre et pluvieuse de Twilight et le charme de l’automne de la Nouvelle-Angleterre de Gilmore Girls semblent contrastés, mais tous deux alimentent l’obsession nostalgique actuelle pour tout ce qui concerne les années 2000. Pour les moins mélancoliques et plus névrosées, des séries comme Fleabag et des livres tels que My Year of Rest and Relaxation d’Otessa Moshfegh sont des alternatives vivement conseillées.
Expression ou glorification ?
Au-delà des images esthétiques de café noir, de tricots et d’arbres dénudés, le Sad Girl Autumn suggère un temps de réflexion et de conflit teinté de nostalgie, nous poussant finalement vers une acceptation de l’angoisse et de l’imperfection. C’est certainement une esthétique qui n’est pas prête de disparaître, bien que cette manifestation visuelle et culturelle de l’anxiété et de la mélancolie sous forme de micro trend soit tout de même critiquée. Certains affirment en effet qu’elle prend à la légère les véritables problèmes de santé mentale, voire qu’elle les glorifie, comme cela a déjà été le cas par exemple avec la Tumblr-era de 2014.