La moitié du groupe Her plonge à bras ouverts dans une carrière en solo. Avec Still. There’s Hope, Victor Solf nous fait découvrir des paroles réconfortantes, malgré des clips très durs. Il continue de croire en l’espoir, contrebalancé en cette époque incertaine et les aléas de la vie. Rencontre avec cet artiste passionné par les contrastes.

Crédits photo : Joaquim Bayle

Article écrit par Julie Guillaud

Salut Victor ! Présente-toi à nos lecteurs et lectrices impatient(e)s de te lire.

C’est une grande question ! Je m’appelle Victor Solf, je suis chanteur et pianiste. Ce que j’essaye de faire depuis quelques années, c’est de moderniser la soul, ou en tout cas lui rendre hommage. C’est la soul et le blues qui m’ont donnés envie d’être musicien. 

Quelles sont tes influences musicales ?

Pour mon premier album, je me suis vraiment concentré sur le piano, c’est sa colonne vertébrale. Je suis allé puiser dans des pianistes que j’aime beaucoup, comme Yann Tiersen notamment, Max Richter. J’aime aussi beaucoup le travail de Nils Frahm. Son approche est intéressante, il y a une frontière entre les musiques classique et expérimentale. C’est le cas de mon titre Traffic Lights issu de mon premier EP, qui repose sur un arpège de piano, qui navigue entre la musique classique, la soul et la musique électronique. En mélangeant ces trois ingrédients, je me suis dit que j’aimerais c’est ça que j’aimerais continuer à faire.

Après plusieurs années passées avec le groupe Her, tu te lances dans une carrière solo. Ton premier album Still. There’s Hope sort le 30 avril. Comment as-tu vécu cette transition ?

Ce n’est pas quelque chose que j’ai voulu, c’est un choix qui s’est imposé à moi. Sur ce premier EP, j’essayais de me prouver des choses : faire de la musique seul, assumer un projet solo. Mon premier album solo Still. There’s Hope., est beaucoup plus apaisé. Je suis revenu à un minimalisme que j’apprécie beaucoup. J’essaye de me concentrer sur la qualité que la quantité, j’essaye aussi de limiter au maximum les arrangements et de laisser vivre la composition dans sa nudité la plus totale. Par le passé avec Her j’ai beaucoup travaillé avec les guitares et les chœurs, et là plutôt autour du piano. C’est mon premier instrument, j’ai commencé le piano en même temps que le chant, et je n’avais eu l’occasion de l’enregistrer. C’est une super aventure musicale.

As-tu mis un peu de Her dans tes chansons ?

Her sera toujours une partie de moi-même. Il n’y a pas eu de volonté de ma part de casser ça. Tout le travail autour des voix, des machines, est très présent dans l’album. Des titres de Her comme Union ou Blossom Roses sont marqués autour de l’influence soul, également au cœur de «  Still. There’s Hope. ». Il y a vraiment une forme de continuité. 

L’album s’intitule donc Still. There’s Hope. Un message d’espoir en lien avec la crise sanitaire ? Ou cela va plus loin ?

Tout est un peu mélangé. Le nom de l’album a été influencé par tout ce que l’on a vécu. Plus on vit d’épreuves, de moments difficiles, plus on est amenés à tester l’espoir. À travers toutes les paroles, c’est un thème que j’aborde : est-ce que j’ai encore de l’espoir, est-ce que je crois encore en l’avenir ?

Crois-tu encore à l’espoir et en l’avenir ?

Oui, bien sûr !

Tu es cinéphile. Aurais-tu un film dont tu ne pourrais jamais te lasser ?

Je ne regarde jamais un film plusieurs fois. Il y a tellement de pépites ! Un film que je pourrais revoir, qui est comme une madeleine de Proust, c’est Le Cinquième Élément de Luc Besson. 

Dans les clips de I Don’t Fit et How Did We ?, on retrouve la même voiture : accidentée puis comme neuve. Quel message se cache derrière ?

C’est une métaphore de moi-même ou du moins de mes expériences. Avec le réalisateur Liswaya, on voulait trouver un objet symbolisant à la fois des moments très heureux mais aussi des moments durs. Dans l’idéal, qu’il soit également un symbole de liberté, de voyage. Pour moi, la voiture symbolise tout ça. Beaucoup d’entre nous ont un souvenir de départ en vacances en voiture. En parallèle, on a peut-être des proches qui ont vécu un accident. Je trouvais ça intéressant d’avoir un spectre assez large d’émotions. 

C’est une voiture personnelle ?

Pas du tout ! Ce sont des heures de travail de recherche du réalisateur pour la trouver. On a acheminé la voiture dans un studio de cinéma à côté de Paris jusqu’en Bretagne, une ouverture vers l’océan pour I Don’t Fit puis How Did We ?.

Le clip de I Don’t Fit déborde d’esthétisme malgré cet accident de voiture. Comment s’est passé le tournage ?

Il y a eu une grosse préparation, beaucoup de monde a été mobilisé. Se sont ajoutées des installations de lumières, de caméras. On a travaillé avec des cascadeurs professionnels pour créer l’accident de voiture. Ce que l’on souhaitait avec Liswaya, c’était de ne pas utiliser de 3D. Tout ce qu’on voit s’est réellement passé. Le contexte sanitaire a rendu les choses compliquées, on a eu moins de tournages, il fallait donc être très efficace. Mais je suis content du rendu, je pense que c’est mon meilleur clip jusqu’à présent. 

D’où vient le costume blanc avec les inscriptions peintes que tu portes dans tes clips ?

J’avais déjà fait ce constat avec Her : un artiste, dès qu’il s’exprime, fait de l’image. Même parfois malgré lui. Il le fait aussi avec les vêtements qu’il porte. En partant de ce constat, je voulais vraiment avoir une proposition artistique à travers ma tenue. On a beaucoup réfléchi avec mon manager Liswaya, pour imaginer une tenue reflétant les grands thèmes de l’album. Par la suite, j’ai contacté quelques peintres que j’aime beaucoup, dont Julien Bernard. On a commencé à collaborer. Ce qu’on voit sur ma tenue, ce sont des paroles de l’album qui pour moi sont très fortes, très représentatives du thème de l’espoir. On lui a laissé une grande liberté sur les portraits qu’il a dessiné, les mains, les personnes ensemble… L’espoir doit se faire à plusieurs, la solitude c’est quelque chose de désespérant.marc 

Tu portes cette tenue également sur la pochette de ton album, où tu apparais, entouré de fleurs. Sont-elles là aussi symbole d’espoir ?

Plus précisément, ce sont des fleurs japonaises qui s’appellent « renaissance ». Elles sont utilisées pour redonner de l’espoir. Je voulais jouer sur le contraste entre avoir une posture guerrière et en même porter une fleur. Je me suis inspiré de Banksy, de Marc Riboud également. Il a pris une photo pendant une manifestation pacifique où une femme se rapproche des forces de l’ordre et glisse une fleur dans leur fusil.

As-tu une chanson préférée dans Still. There’s Hope ?

Je passe beaucoup de temps sur chaque, mais il y en a une qui me vient en tête, c’est Trouble Behind. C’est le dernier titre de l’album. Je me suis imaginé dans l’herbe l’été, à fermer les yeux, à sentir l’herbe dans ma main, à sentir le vent dans mes cheveux et à vraiment me détendre. C’est tout simplement laisser littéralement ses problèmes derrière soi et vivre l’instant présent.

Une chanson que tu écoutes en boucle que tu n’as pas produite ?

J’ai un artiste que j’apprécie beaucoup qui s’appelle Erlend Øye, que je suis depuis longtemps. Avant, son projet s’appelait The Whitest Boy Alive. Il a sorti un titre qui s’appelle For the Time Being. C’est une très belle chanson, qui rend très mélancolique mais détend beaucoup. Je suis sensible à ce genre d’énergie en ce moment.

Ta tournée est forcément en stand-by pour le moment. Mais travailles-tu sur d’autres projets ?

J’ai beaucoup de travail autour de l’album autour de l’image, de la promo, des clips, du choix des reprises… Mais j’essaye toujours en parallèle de continuer à jouer du piano et à chanter parce que c’est quelque chose à faire au quotidien. Cet album, j’ai commencé à l’écrire avant la fin de Her. Ce sont des dizaines et des dizaines de chansons que j’ai assemblées. C’est ce qui permet de donner de la profondeur, on sent que l’album a déjà une histoire. Je continue doucement et sûrement, je mets une pièce de puzzle par-ci par-là. De toute manière, je ne resterais pas longtemps sans sortir de nouveaux titres après l’album. Aujourd’hui, en tant qu’artistes, nous avons la chance de sortir des albums régulièrement si on le souhaite. Je suis complètement adepte de cette philosophie, même s’il ne faut pas se précipiter. Il faut être à l’écoute de ce qui nous donne la chair de poule.

Still. There’s Hope de Victor Solf, disponible le 30 avril.

Retrouvez Victor Solf sur Instagram et Facebook. Il sera en concert le 6 octobre 2021 à La Cigale. Billets en vente ici.