Âgé de 22 ans, Lissam a un univers bien à lui. Entre égo trip, glorification du rappeur et « choses qui lui hérissent le poil », cet artiste trouve son inspiration dans tout ce qui l’entoure. Ancien littéraire, le travail des rimes est également primordial pour lui. Pour votre plus grand plaisir, ce flamand rose du rap a accepté de répondre aux questions de MaG. Pourquoi cet animal perché et coloré ? La réponse dans la suite de l’article car nous aussi on était curieux !

Propos recueillis par Léa Pruvoost

Peux-tu nous expliquer l’origine de ton pseudo “Lissam” ?

Alors, au début mon tout premier blase était Sam Lely : « Sam », c’est une contraction de mon prénom et « Lely », une contraction de mon nom de famille. Pour la petite anecdote, dans une chanson que j’avais écrite à l’époque, j’ai inversé en disant « Lely Sam » et j’ai trouvé que ça sonnait mieux. Finalement, c’était plus simple à prononcer. J’ai fini par retirer le « Le » pour que ça soit plus fluide et efficace. C’est ainsi qu’est apparu « Lissam ».

Depuis combien de temps écris-tu tes propres chansons ? Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton procédé de création ?

Ça fait sept ans que j’écris maintenant. Je m’inspire de tout ce qui m’entoure. Des fois je peux être d’humeur à faire des chansons plutôt égo trip, c’est à dire sur la glorification de soi et du rappeur ; et je peux écrire également des morceaux sur des choses qui me hérissent le poil. Par exemple le racisme ou encore la prédominance des écrans dans notre société. Toutefois, il est assez rare que j’écrive une chanson sur un thème précis, à l’exception d’ « Ivre, Lit et Sent le vin ». Il y a des thèmes transversaux et récurrents dans chacune de mes créations, mais les mots et les rimes sont différents. Mon univers repose sur cinq, six grands thèmes. S’il y a bien une chose à savoir sur moi, c’est que je pense dans un premier temps, en rimes. Si j’ai une idée de formulation mais que je n’ai pas de rimes riches, ça va m’embêter et je vais laisser ça de côté. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui fait que l’élaboration d’une chanson varie énormément. Donc, le processus de création est très aléatoire. Des fois, je peux écrire deux, voire trois, chansons par semaine et, à l’inverse, ne rien écrire pendant plusieurs mois parce que je n’ai rien à dire.

As-tu une chanson préférée ? Pourquoi ?

Ma chanson préférée n’est pas encore sortie ! Elle sera dans mon prochain projet : un mini-album nommé Haine est baie. Voilà  l’instant pub ! La chanson s’appelle « All Black » et elle sera mise en ligne en même temps que les sept autres sons, en mars prochain. Il s’agit de ma chanson préférée parce que justement je trouve les rimes intéressantes et mon flow s’est amélioré. Il est plus précis qu’avant et je le vois dans la réaction des publics. Quand je rappe en soirée, c’est cette chanson qui marque le plus.

Dans ton morceau « Reset », tu dis : « Il faut être actif sur les réseaux ». Est-ce que c’est pour ça que tu as créé un compte Instagram récemment, en plus de tes comptes Facebook et Youtube ? Selon toi, est-ce que c’est nécessaire pour les artistes d’être omniprésents en ligne aujourd’hui ?

Dans la chanson quand je dis « il faut être actif sur les réseaux » c’est effectivement un constat mais aussi une critique. En gros, si tu veux être entendu, il faut être en ligne : c’est nécessaire. Par ailleurs, la phrase suivante c’est « même si tu es d’un naturel réservé ». Il y a donc une forme de contradiction et de tension persistante chez certains artistes. Aujourd’hui, même si tu es une personne qui ne veut pas forcément se mettre en avant, tu dois passer par cette case là. Le talent ne suffit plus, il faut savoir le montrer. De ce fait, j’ai créé un compte Instagram justement pour ça. À force de discuter avec des gens, notamment des plus jeunes que moi, j’ai découvert que la nouvelle génération était plus centrée sur ce réseau social en particulier, aux dépens de Facebook, par exemple. Je cherche à développer un nouveau réseau et bien sûr me faire connaître. Après je reste moi, c’est-à-dire que je ne suis pas quelqu’un qui va se mettre en avant, même si j’aime bien faire le con. J’essaie de faire ma propre pub mais je ne suis pas trop à l’aise avec ça. Du coup, pour l’instant je ne fais pas trop de promo sur Instagram, je ne mets pas trop de vidéos ou de photos. J’avoue je ne sais pas trop comment gérer la communication : j’ai tendance à me perdre un peu, à me centrer uniquement sur Instagram et négliger les autres réseaux sociaux… J’ai un peu la flemme d’en gérer plusieurs en même temps. Si je devais n’en garder qu’un, sur un plan égoïste et personnel, j’aurais tendance à garder Facebook. Tout simplement, parce que c’est là où j’ai encore le plus de vues, de « j’aime » et de personnes qui me suivent. C’est le choix de la facilité. Mais, je pense qu’il serait plus judicieux de conserver Instagram, car c’est celui qui a le « vent en poupe » aujourd’hui, malheureusement.

D’ailleurs, pourquoi le flamand rose ? On voit souvent cet animal depuis quelque temps sur tes photos.

Excellente question ! En fait à la base, c’est parti d’un délire entre amis. Puis, on s’est dit que ça serait marrant de mettre cet animal à la fin des clips par exemple, un peu comme une signature d’artiste. Et c’est resté finalement. Inconsciemment peut être, je me suis mis à porter de plus en plus de vêtements roses. En plus, le flamand rose a une caractéristique que j’adore : il dort sur une seule patte, ce qui est pour moi, l’archétype de la prise de tête. Et malgré tout, je suis aussi une personne qui se prend beaucoup la tête. De plus, ce n’est pas l’animal qui a le plus de crédibilité et je ne veux pas en avoir trop non plus pour coller à mon personnage. Donc, c’est un animal qui peut me correspondre.

Est-ce que tu travailles toujours avec la même équipe pour réaliser l’instru, tes clips et faire tes photos ?

Pas du tout ! Pour l’instant, j’ai deux clips à mon actif. L’un a été tourné au Canada avec mes potes d’Erasmus et l’autre a été tourné pendant un festival de cinéma, avec des personnes rencontrées sur place et des amis de Cambrai. Concernant les lieux d’enregistrement, j’ai réalisé mon premier EP chez un pote, le second dans un studio à Lille et pour mon prochain projet, j’enregistre encore dans un autre studio. Ainsi, je fais beaucoup de rencontres et ça me permet aussi de chercher toujours mieux. Le but est de s’améliorer à chaque fois et de corriger ce qui peut l’être. Je préfère découvrir plein de choses pour voir justement ce qui me correspond le plus ; que ce soit au niveau de la méthode de travail, du résultat, etc. Quant à la musique, j’utilise des intru qui sont en libre de droit sur Youtube. Pour les photos et autres vidéos, j’ai rencontré un gars qui m’aide à les retoucher mais c’est moi qui les réalise et les publie.

Est-ce que tu te prêtes souvent à l’exercice du freestyle ?

Alors d’abord, il y a plein de personnes qui confondent freestyle et improvisation. Il faut savoir que les deux sont différents, ce ne sont pas les mêmes exercices. Le but du freestyle (« style libre ») est de rapper une chanson que tu as déjà écrite sur une instru que tu ne choisis pas. Tu peux la connaître ou non, en fonction de sa notoriété. C’est donc à toi de t’adapter. Je m’y prêtais beaucoup avant, notamment quand on était beaucoup à rapper en soirée. On mettait des instru au hasard et on enquillait nos textes à la suite. Maintenant, je m’entraîne davantage sur mes sons avec leurs vraies intru pour justement être à la hauteur au studio et voir la réaction des publics.

As-tu une punchline préférée dans tout le rap français ?

« Tu l’appelles mère patrie, je l’appelle dame nation » d’Alpha Wann. C’est dans son dernier album, dans la chanson « Le piège ». Avec la rime, « des clochards dans chaque station » et cette référence à l’enfer, en moins de quarante secondes de son, il a mis tout le rap français en PLS. Cette punchline fait partie de mes préférées.

Un dernier mot pour la fin ?

Ajoutez moi sur Facebook, sur Instagram et sur Youtube au passage, ça fait toujours plaisir ! Et aussi faites attention à vos copains quand vous sortez. Partagez l’amour et arrêtez de vous prendre la tête.

 

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