Pleine de vie et de motivation, Marina Alyssa Correia, première femme noire à remporter le titre de championne du monde de longboard dancing – freestyle, a accepté de nous parler de sa passion et de sa victoire lors de la compétition internationale organisée par « So… you can longboard dance ».
Propos recueillis par Nina Lachery
Originaire du Cap Vert et installée depuis huit ans à Nice, Marina nous accorde une interview avec la joie de vivre qui semble la caractériser, sans se laisser démonter par la vague de cyberharcèlement qui l’a frappée à l’annonce de sa victoire.
Le longboard freestyle, c’est un sport relativement jeune. Tu peux nous parler un peu de cette discipline ?
Bien sûr ! Le longboard c’est un peu le mélange entre le skate et le surf. Sur un skate, on ne peut pas trop bouger, la planche est trop petite. Avec le longboard, on a de l’espace pour se déplacer sur la planche, faire des tricks (des figures), des mouvements. Le longboard dancing, c’est une catégorie du longboard freestyle, c’est un sport artistique. Personnellement, je trouve ça très élégant.
Quand t’es-tu lancée dans ce sport ?
J’ai commencé en 2016, avec une planche prêtée par un ami avant d’avoir ma propre planche. C’est rapidement devenu une vraie passion, un vrai moyen d’expression ! Au bout d’un moment, j’ai été sponsorisée, ce qui est vraiment pratique parce que ça permet d’avoir du matériel offert. Je m’entraîne tous les jours donc ça s’use vite et ça peut coûter cher.
Et donc en 2020, tu as participé à la compétition « So… you can longboard dance ». Comment ça s’est passé ?
Oui ! C’était seulement la deuxième fois que je participais à une compétition. Normalement, je n’aime pas trop ça, être mise en concurrence, etc… Mais heureusement le longboard dancing c’est une vraie communauté, tout le monde se connaît alors il y a une bonne ambiance. Ça se serait passé aux Pays-Bas, mais vu la situation actuelle tout s’organisait à distance. Il a fallu envoyer une vidéo pour les sélections et après j’ai dû en refaire une, sans montage ni rien, pour être jugée. Je suis heureuse d’avoir gagné !
https://twitter.com/Marinask8_/status/1349020997001883649?s=20&fbclid=IwAR00AKoodcb7XjLS5ZCEn4B-6RUong3V4XDIwxV_79OswZRhw88ZqPZ_YsoQu’est-ce que tu envisages après cette victoire ?
J’ai beaucoup de projets ! Je suis contente que ma passion puisse m’emmener aussi loin et vraiment me servir à quelque chose. Je ne veux pas trop en dire parce que je veux voir comment les choses se déroulent, mais pourquoi pas faire du longboard à l’international ?
Qu’est-ce que tu dirais aux lecteurs tentés par ce sport ?
Allez-y ! C’est une discipline ultra libre parce qu’elle est relativement jeune, il n’y a pas de règle, pas de code, chacun raconte son histoire comme il veut et choisit les figures qu’il préfère. C’est un sport génial pour se sentir libéré.
Sur Twitter lors de l’annonce de ta victoire (bravo encore !) tu as reçu pas mal de commentaires négatifs. Tu peux me parler de ce qui s’est passé ?
Quand l’annonce du podium a été faite, j’ai dit sur Twitter que j’étais la première femme noire à avoir remporté le championnat mondial de longboard dancing. Ce n’était pas pour souligner ma couleur de peau, mais pour dire qu’il y a des femmes noires dans le milieu sportif et qu’elles gagnent aussi. Les femmes déjà sont peu représentées, assez stigmatisées. En longboard dancing, je crois que je ne connais en tout que six ou sept filles noires. Les petites filles qui regardent mes vidéos sur Internet ou celles à qui je donne des cours à Nice, peu importe leur nationalité ou leur couleur de peau, elles aussi ont le droit d’avoir un exemple qui leur ressemble.
Et comment ont réagi les gens, si tu veux en parler ?
Oui, je veux en parler, c’est important. J’ai reçu plein de commentaires négatifs remettant en question mon droit de dire « je suis une femme noire ». Pour eux, j’ai pas les cheveux assez crépus ou la peau assez foncée. C’était même pas ça la question du post, c’était une célébration. Mes parents sont noirs, je suis noire, il n’y a pas de questions à se poser, ça devait être une joie pour ma communauté, pas autre chose. Du coup, maintenant je vois bien que les personnes qui m’ont harcelée ne font pas partie de cette communauté. J’en tire du positif au final parce que malgré tout ça, il y a aussi beaucoup de personnes qui me soutiennent et m’encouragent.
Les vidéos de Marina sont visibles sur son compte Instagram. N’hésitez pas à aller jeter un œil et qui sait, peut-être que vous serez pris par la passion du longboard dancing !