À l’occasion de la sortie de son nouvel album Close To Your Heart, on a eu la chance de rencontrer Ed Mount. Après un premier album sorti en 2019, le chanteur compositeur revient avec un format dont les morceaux résonnent comme des standards FM late 70’s américains, avec une touche d’élégance française en plus. Une occasion d’en connaître un peu plus sur son parcours, son processus créatif et ses sources d’inspirations !
Propos recueillis par Augustin Guillet de la Brosse
Salut, est-ce que tu pourrais te présenter pour ceux qui ne te connaitraient pas encore ?
Je m’appelle Thibault Chevaillier. J’ai commencé à jouer du piano au conservatoire avec une professeur assez difficile qui m’a découragé de l’instrument. Mon voisin, lui, jouait de la guitare, instrument beaucoup plus cool à l’époque ! J’ai alors commencé en autodidacte et puis j’ai pris des cours. Un jour, mon professeur m’a montré une partition de Charlie Parker, (NDLR: saxophoniste alto emblématique de jazz américain) et là j’ai adoré. Je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. J’avais alors 15 ans et j’ai commencé à travailler d’arrache pied, ce qui m’a amené au conservatoire. J’ai crée Ed Mount lorsque j’ai arrêté le jazz il y a 5 ans car je voulais chanter mes chansons.
Ed Mount, c’est une référence au fameux joueur de Hockey ?
Non pas du tout ! J’ai été assez bête pour ne pas faire de recherches. J’étais tellement content de moi avec mon Ed Mount ! (rires). Mais c’est en effet un gardien de Hockey. C’est tellement éloigné de ce que je fais que c’est pas très grave. Comme c’est moi qui écrit, arrange et compose, je voulais que ce soit le nom de quelqu’un, pas d’un groupe. Je ne voulais pas d’une sonorité américaine mais plutôt générique qui puisse fonctionner en Suède ou n’importe où. Mais du coup, beaucoup de gens pensent que je m’appelle Edouard !
Tu chantes en anglais, mais ton album propose une chanson en français. Pourquoi ?
Je prépare la suite ! Les morceaux que je suis en train d’écrire sont tous en français. Depuis longtemps, je souhaite écrire en français mais je suis assez long donc j’ai mis du temps à aimer ce que je faisais en français. Récemment, j’ai fait une résidence à Bruxelles pour écrire dans un hôtel, et ça a été le déclic !
L’anglais, c’est plus facile quand on débute pour écrire des morceaux, notamment au niveau des sonorités. En français c’est beaucoup plus difficile. Premièrement, parce que c’est très européen de porter une attention au sens des mots et à la signification. Ensuite, parce qu’on a un héritage dur à surpasser avec tous nos chanteurs à texte. Du coup, j’ai mis du temps a trouver le ton pour ma première chanson en français. C’est difficile de trouver l’angle qui me corresponde, avec du second degré, sans tomber dans le mystique. Cela m’a pris beaucoup de temps mais je crois l’avoir enfin trouvé !
Dans ton album, il y a un titre avec Flore Benguigui (chanteuse de l’Impératrice). Comment s’est passée cette rencontre ?
C’est pas du tout sexy mais ça s’est passé en plein confinement, par mail ! J’avais déjà la production du morceau mais je n’arrivais pas à chanter, ça ne fonctionnait pas… Je voulais ajouter une voix féminine pour changer un peu. J’avais déjà écrit le refrain et j’ai proposé à Flore d’écrire les couplets ensemble. Elle m’a alors renvoyé des démos et au bout de 3-4 échanges de mails on avait le morceau ! J’ai fait la production en fonction des enregistrements qu’elle m’avait envoyé. On s’est alors retrouvés dans le studio pour enregistrer les voix et en une journée c’était terminé !
Tu as été jazzman. Qu’est ce que ça t’apporte aujourd’hui ? Et pourquoi t’es-tu dirigé vers un style plus pop ?
Le public de jazz en France est assez limité. On joue pour des amis musiciens ou bien des initiés. Moi, j’avais envie de jouer pour mes voisins ou pour quelqu’un qui n’a jamais écouté de jazz. J’ai donc préféré revenir à ce que je faisais avant, revenir vers quelque-chose de plus simple.
Si tu devais citer trois influences musicales dans tes créations, quelles seraient-elles?
Les EP d’avant été plus ancrés dans les années 80, ma jeunesse. Je pense notamment à Thriller ou Prince. Mon dernier disque a des influences des années 70, qui est une période que je n’ai pas connu (né en 84 NLDR), mais qui m’inspire. Par exemple, j’aime beaucoup James Taylor, même si son côté country me parle moins.
Dans un autre style, le premier album d’Unknown Mortal Orchestra est un véritable bijou ! Je ne l’écoute pas souvent mais je reste admiratif à chaque fois !
Sinon le gros coup de coeur de ma jeunesse c’est Moon Safari, de Air. Ils restent vraiment emblématique pour moi. Je l’écoutais en boucle même si mes amis me disaient que c’était de la musique d’ascenseur! D’ailleurs, dans mon prochain single, il y a une intro qui s’en inspire beaucoup.
D’autres arts que la musique qui t’inspirent quand tu composes ?
Il y en a beaucoup ! Je dirais le cinéma. J’ai fait beaucoup de ciné-concerts dans ma jeunesse. Mais avec un enfant, je ne vais plus au ciné. Sinon, je suis fan de gastronomie asiatique. En plus j’habite à Belleville donc je suis servi ! (rires) La manière dont ils cuisinent peut m’inspirer pour écrire des histoires, des arrangements ! Cela peut paraître loin mais c’est la réalité.
Un parfum aussi peut m’inspirer. Le parfum c’est comme la musique. C’est un art où tu dois mélanger des ingrédients de façon très exigeante. C’est vraiment similaire à la musique. D’ailleurs, même le champ lexical est le même. On parle de notes de tête ou de notes de coeur, on essaye de trouver le bon accord.
Quelle musique écoute en boucle en ce moment?
Quand je compose, je n’écoute pas beaucoup de musique. Je vais paraître ringard mais je dirais Eric Carmen, All by Myself. Et sinon, j’ai une culture musicale plutôt anglo-saxonne. Alors je redécouvre les classiques comme Il était une fois, ou la musique yéyé française. J’achète des vinyles quand j’aime bien la pochette. Alors, je peux aussi bien tomber sur des chansons insignifiantes que sur des pépites !
Retrouvez Ed Mount sur Facebook et Instagram, et sur la scène du Consulat le 31 mars.