Uneima est un tout jeune projet qui s’articule autour de la mélancolie. Après un premier EP en 2018 et des projets avec des groupes tels que Fiasco, Jean revient avec un premier album Bel Air plein de douceur à écouter dans les trains vides à une heure propice à la tendresse et à la poésie.

Propos recueillis par Eva Darré-Presa

Peux-tu te présenter ?

Mon projet solo s’appelle Uneima, et mon nom civil, c’est Jean. J’ai vingt-six ans et je fais de la musique depuis quinze ans. J’ai commencé de manière un peu classique par la guitare quand j’étais au collège. J’ai eu pas mal de groupes, j’en ai toujours en parallèle d’ailleurs, et c’est assez récemment que j’ai décidé de m’exprimer en solo.

Comment est-ce que t’as commencé la musique ?

Je me suis mis à la guitare et on a monté un groupe avec un pote. On a eu plusieurs formations dont un groupe actuel qui s’appelle Fiasco. Pendant dix ans, on a joué assez régulièrement ensemble et ça nous a ouverts l’un et l’autre à ce que l’autre écoutait. Ça nous a permis d’évoluer en passant par le rock classique et d’autres influences avant d’en arriver à quelque chose d’un peu plus libre aujourd’hui. Ce qui m’a le plus influencé en solo, c’est la variété française, ce qui était moins le cas dans mes projets de groupe. C’est le fil conducteur de ce qui m’a amené à la musique au départ.

Avec Uneima, tu chantes en français. Pourquoi avoir pris cette direction artistique alors qu’aujourd’hui beaucoup de groupes français chantent en anglais ?

Dans les groupes avec lesquels je travaille, je suis guitariste, même si j’écris parfois. Assez naturellement j’écris en français. Pour ne rien cacher, quand j’ai commencé à écrire pour moi, le premier réflexe a été de tenter en anglais, sauf que ça sonnait pas très bien. C’était probablement dû à mon accent qui était pas terrible ! L’écriture était moins fluide dans ce que je voulais raconter. J’ai même essayé récemment de faire une reprise d’une chanson anglaise pour tester mais c’était vraiment pas concluant. Donc j’en ai déduit que c’était pas pour moi, pour l’instant en tout cas !

Tu es donc guitariste du groupe Fiasco et tu as lancé Uneima très récemment. Comment est né ce projet solo ?

J’avais envie de tenter quelque chose de mon côté parce qu’à force de travailler en groupe, j’ai fini par devenir meilleur musicien. Je me suis dit que pour m’entraîner un peu, vu que la musique occupe le plus clair de mon temps, que j’allais tenter de construire quelque chose de mon côté. J’ai donc récupéré un vieux synthé que mon papa s’était acheté quand il était plus jeune et j’ai commencé à composer des trucs dessus. L’idée, c’était simplement de faire des musiques un peu instrumentales et des chansons d’ambiance pour voir ce que ça pouvait donner. Comme je trouvais ça pas mal, je me suis dit que j’allais ajouter d’autres sons et ça a donné mon premier EP Les nuits blondes, qui est sorti il y a deux ans. Ça m’a donné l’envie d’aller plus loin. Le projet de l’album, c’est de repartir de la guitare pour construire quelque chose d’un peu plus approfondi.

Que ce soit à travers ta musique ou les visuels de tes pochettes, on sent beaucoup de mélancolie et de douceur : ton premier titre s’appelle d’ailleurs Melancholia. Qu’est ce qui t’inspire quand tu écris ? Qu’est ce que tu essaies de véhiculer ?

Pour te donner une explication, Uneima ça vient du finnois et ça signifie “le rêve”. Je sais pas pourquoi j’ai choisi ce nom à l’époque. Je voulais quelque chose d’assez mystérieux, qui puisse aussi rendre hommage à ma grand-mère et à ma maman qui sont finlandaises. J’ai choisi le rêve parce que, ce que j’aime entendre dans la musique en tant qu’auditeur, c’est des sonorités un peu mélancoliques qui me donnent envie de me souvenir de choses. C’est pas très original mais c’est un côté échappatoire qui me plaît. Je crois que ce que j’aimerais faire passer comme sentiment dans la musique, c’est de proposer une ambiance un peu détachée qui soit déconnectée du présent mais qui ne soit pas de la nostalgie trop prononcée teintée de regrets. C’est plutôt un état un peu trouble, ni très heureux ni malheureux.

Ton album Bel Air est sorti le 19 juin chez In Silico. Comment s’est passée votre collaboration ?

Ça s’est fait naturellement puisque c’est un label que j’ai monté avec des amis il y a à peu près deux-trois ans, avec notamment des membres de Fiasco. Donc c’est plutôt un collectif au départ. On a monté ce label pour sortir des pistes de gens qu’on aimait bien, des amis. Ces derniers temps, on a sorti nos projets à nous : on a travaillé sur la sortie de Fiasco l’an dernier, d’Heliums qui est un duo dont le chanteur-compositeur m’a aidé à produire Bel Air. La rencontre était donc assez simple et quand on a commencé à développer le collectif sous la forme d’un label, on a fait en sorte de contacter la presse, organiser des dates et professionnaliser. Donc c’était assez évident de sortir mon album avec In Silico.

J’ai lu que tu faisais « de la musique pour les trains vides » et j’ai trouvé ça très beau. Tu peux nous en parler ?

Où est-ce que j’ai laissé ça ? (rires) Ça rejoint cette notion de mélancolie. Quand j’ai commencé à imaginer la musique que je voulais composer, c’était une époque où j’habitais Rennes, loin de Paris, donc je faisais beaucoup de voyages en train. J’ai toujours beaucoup pris les trains puisqu’avant d’habiter Paris, j’habitais en région parisienne. Tout l’imaginaire que j’essaie de décrire a pour vocation d’être écouté sur des trajets assez longs, par définition pas spécialement le métro où les arrêts s’enchaînent assez rapidement. C’est plutôt les longs trajets en train où on peut écouter des chansons assez longues et instrumentales. Une musique qui ne prend pas le pas sur le voyage mais qui accompagne à la fenêtre. Et comme je prenais beaucoup le train, j’étais amené à le prendre à des heures où j’étais seul et c’est dans ces moments là que la mélancolie s’emparait de moi, pas forcément de mon plein gré.

Tu as participé à la compilation d’In Silico avec une reprise de la chanson de France Gall Cézanne peint. Pourquoi avoir choisi cette chanson et comment l’as-tu retravaillée pour te l’approprier ?

J’avais commencé une reprise de Pierre Vassiliu il a quelques années et j’ai un attachement assez fort, sans en être un expert, à la variété française. J’essayais de m’approprier les chansons en même temps que je les découvrais. J’écoutais beaucoup Françoise Hardy à ce moment-là, mais je ne trouvais pas de chansons qui me correspondaient. J’en ai un peu discuté avec ma copine qui m’a fait écouter cette chanson de France Gall que je ne connaissais pas très bien et j’ai trouvé l’imaginaire assez touchant et la mélodie m’a vraiment intéressé. J’ai trouvé intéressant de reprendre une voix féminine, ce que je n’avais jamais pensé faire. J’ai donc beaucoup écouté la chanson et j’ai reproduit les instruments avec ce que j’avais à disposition pour en faire quelque chose de plus personnel.

Qu’as-tu prévu pour la suite ? Est-ce qu’une tournée est prévue pour l’album ?

J’aurais bien aimé ! J’essaie de suivre tout ça de loin mais je ne sais pas dans quelle mesure tout va rouvrir. J’avais bon espoir de faire une petite tournée mais j’ai un peu peur que quand ça rouvre, l’album soit un peu trop daté et qu’il y ait une précipitation sur les salles qui rouvrent. Dans l’idéal, j’aimerais bien mais je suis conscient que ça risque d’être compliqué. J’imagine que les salles auront comme premier réflexe de programmer des groupes qui marchent bien et qui ont besoin de tourner.

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