C’est en pleine préparation de son film de fin d’études que je retrouve Louis Trimaille pour un échange sur ses projets, ses méthodes de création et tout simplement sur le cinéma, un milieu qui l’a séduit très tôt et duquel il parle avec passion.

Propos recueillis par Nina Lachery

Quand as-tu commencé à t’intéresser au cinéma ?

Il n’y a pas vraiment eu de déclic, c’était progressif. Quand j’étais en primaire, il y avait un cinéma ambulant qui tournait sur les communes des alentours, un projecteur baladé dans un camion. C’est un souvenir marquant. Je lisais beaucoup et j’écrivais beaucoup d’histoires à l’époque. Ça n’était pas encore des scénarios mais les deux se sont liés plus tard. Au collège, j’ai tourné des clips et des vidéos avec mon prof de musique et d’autres élèves. C’est ce qui m’a donné envie de trouver un lycée avec option cinéma.

Comment tes histoires se sont-elles transformées en scénarios, alors ?

Je voulais partager mes textes avec mes potes mais pour ça j’avais l’impression qu’il fallait écrire des trucs longs et compliqués. Je me suis rendu compte que raconter des histoires par vidéo c’était vraiment drôle et plutôt facile : tu filmes puis tu mets ton œuvre sur YouTube. C’était rigolo, au lycée j’ai écrit une websérie. C’était l’époque du Visiteur du Futur, tout semblait vraiment facile. Avec le recul et l’exigence qu’on acquiert avec les études, on retombe sur ces vieux trucs et on se rend compte qu’on était optimistes de vouloir réaliser tout ça avec quinze euros et une bande de potes ! Mais je garde tous mes vieux scénarios et mes vieilles vidéos dans un dossier, on sait jamais après tout !

Comment est né ton projet actuel, « Talye » ?

Il y a un an et demi, je finissais une participation au Nikon Film Festival et je me suis dit « ça serait cool de faire un film de science fiction ! » et comme ça j’ai commencé à imaginer un univers, ses limites, son fonctionnement… Après ça, j’ai imaginé un personnage, une jeune fille inspirée d’Alice au Pays des Merveilles et ensuite, j’ai tâtonné ! Je me demandais « si je mets mon héroïne dans telle ou telle situation ? Si je lui fais rencontrer un certain type de personnage ? ». Je créais des possibilités et supprimais ce qui ne me convenait pas. Au bout du compte, j’en suis ressorti avec le scénario d’un court-métrage musical de 13 minutes dans un futur dystopique où la musique est interdite et l’air est toxique. Et Talye, ma jeune héroïne, est devenue celle qui se bat pour la liberté.

Que voudrais-tu faire de ce film ?

Déjà, le faire ! Ensuite, eh bien c’est pour ça qu’on a mis en place une campagne Ulule, pour avoir les moyens d’emprunter du bon matériel et montrer qu’on peut vraiment faire un bon film. Je suis en deuxième année de Master alors si je pouvais nous propulser, mon équipe et moi, dans le monde du cinéma avec un bon court-métrage dans notre dossier, ça serait génial. Et puis, si le film est assez bien pour que j’en écrive une version longue… Ça, ça serait vraiment le rêve.

Est-ce qu’il y a des films qui te donnent envie de faire des films ?

Jodorowsky’s Dune, ce qui est drôle parce que c’est un documentaire sur un film qui ne s’est pas fait. Chaque élément de progression du film est une histoire à coucher dehors, comme la manière dont Jodorowsky a convaincu Orson Welles de jouer dans son film, en lui promettant d’engager le cuistot du restaurant parisien où ils se sont retrouvés pour lui faire à manger durant le tournage. C’est un film qui sans s’être fait a changé l’histoire du cinéma : Alien n’aurait pas été fait de la même façon, voire pas fait du tout, George Lucas n’aurait peut-être jamais eu l’idée de Star Wars. C’est un documentaire super inspirant parce qu’il montre qu’on ne fait jamais rien pour rien, si on a un projet en cours, quel qu’il soit et qu’on a peur de se planter, c’est vraiment le film à regarder selon moi.

Et il y a eu des sorties 2020 qui t’ont plues ?

Avec tout ce qui s’est passé je n’ai pas pu voir grand-chose à vrai dire, à part En Avant, le dernier Pixar, qui était plutôt chouette. Et Une Sirène à Paris de Mathias Malzieu, un réalisateur que j’aime beaucoup. Tout se passe dans un univers fantaisiste, très osé, ce qui me plaît vraiment. J’ai été un peu déçu par certains aspects du film qui nous sortaient de cette ambiance magique et tombaient un peu à plat, mais globalement c’était un bon moment.

Que dirais-tu à quelqu’un qui veut faire du cinéma ?

On apprend tout le temps, qu’on suive des cours de cinéma ou pas. Je conseille vraiment d’avoir ses propres projets à côté. C’est pas pareil que des tournages « professionnels » mais ça aide à se rendre compte de plein de choses : même en tournant tout seul dans son jardin on comprend vite qu’il ne s’agit pas juste d’appuyer sur un bouton et d’attendre que ça soit fini. Faut pas avoir peur de rater, t’apprends de l’échec. Je suis philosophe !

Le cinéma, ce n’est finalement pas seulement sur les écrans et on espère que cette interview vous aura permis de voir qu’il y a sans doute en vous aussi de la graine de réalisateur ! En attendant qu’elle germe, vous pouvez rejoindre le projet Talye sur Facebook et Instagram ou aller le soutenir sur la page Ulule !