De nos jours, le « couple » n’est plus forcément composé d’un homme et d’une femme. Les regards ont évolué, on tombe amoureux à notre façon et les identités sexuelles se multiplient : homosexuels, bisexuels, pansexuels, asexuels… La manière de concevoir les sentiments et de leur attribuer un nom, change. Pourtant, on ne parle pas assez de ceux qui aiment plusieurs personnes en même temps.

Les chansons d’amour – Christophe Honoré

Article écrit par Léa Pruvoost

Culture et « règles » des sentiments

Dans notre société française et européenne, la situation normalisée, « classique », ou encore « l’amour type », correspondent à une relation intime à deux. C’est la fameuse notion de « couple » qui vit et survit. Le couple, donc, repose sur un projet de vie et de valeurs partagées, de désir et de sentiments : on se met en couple avec une personne avec laquelle on a envie d’être. Fidélité, vertu, le fait d’être avec une personne et d’en aimer une autre… Ces notions sont régulièrement illustrées dans les œuvres littéraires, qui bien souvent, transmettent le message suivant : « suis les règles en amour ou tu seras malheureux(se) ». Toute passion n’est pas légitime. Et si les règles étaient obsolètes ? Ne faut-il pas s’affranchir de ce préjugé culturel et voir au-delà de nos propres limites ?

Les amours plurielles

Voici un scoop : l’être humain n’est pas  monogame par nature. C’est un mythe, une pure construction, une institution. Nous essayons de maintenir un lien social exclusif entre l’homme et la femme, malgré notre véritable inclination, qui est comme bien d’autres êtres vivants, la pluralité.

Attention, le polyamour n’est pas un synonyme de la polygamie/polyandrie. Ces dernières se caractérisent par le fait d’avoir plusieurs épouses/époux pour des motifs religieux, des croyances et des coutumes. Le polyamour lui, consiste à entretenir plusieurs relations intimes simultanément, sans ce décor religieux. Ce n’est pas non plus un libertin. En effet, les couples qui pratiquent le libertinage, vont ensemble dans des clubs par exemple. Ils sont plutôt fusionnels, puisqu’ils veulent tout savoir de l’autre, y compris comment ils font l’amour ailleurs. Ils ont des aventures chacun de leur côté, mais ils privilégient d’avantage la séduction et le sexe que l’affectif. Dans ce cas, il est précisément question de « relation principale » et de « relation secondaire ». L’idée est la suivante : « tu peux aller voir ailleurs, mais tu ne dois pas tomber amoureux(se) ».

Les polyamoureux sont fidèles mais pas exclusifs envers les hommes ou femmes de leur vie. C’est une relation fondée sur la confiance et ils forment aussi des « couples » dans le sens où ils ont un projet de vie commune et des valeurs partagées.

Stop aux idées reçues

Bien souvent, les polyamoureux sont confrontés à l’incompréhension et aux critiques suivantes : leurs sentiments ne sont pas vrais, c’est un pur fantasme sexuel (« une sexualité débridée et collective »), la gestion de la situation doit être compliquée (emploi du temps, organisation…), il y a forcément des comparaisons et des hiérarchies…. D’un point de vue social, ils apparaissent comme des déviants : c’est un couple « anormal et pervers », blablabla.

Or, l’amour n’est pas quantifiable. Ce n’est pas parce qu’on aime plusieurs personnes que cela « diviserait » la quantité d’amour. D’une certaine façon, on peut dire que le polyamour nous tombe dessus, puisqu’on ne choisit pas de qui ou de combien nous allons tomber amoureux. Ce n’est pas pratiqué par des personnes « insatisfaites » ou encore qui ont des problèmes psychologiques (manque de confiance en soi, peur de l’engagement…). Ce n’est pas un dysfonctionnement. Il faut tout simplement accepter qu’aimer se conjugue au pluriel, au sens propre et figuré. C’est un petit pas pour l’homme mais un grand pas dans l’acceptation des relations humaines.

Pour plus d’infos, l’équipe du MaG vous recommande les ouvrages suivants : Aimer plusieurs hommes de Françoise Simpère, Vertus du polyamour : la magie des amours multiples d’Yves-Alexandre Thalmann, Les amants de la liberté : Sartre et Beauvoir dans le siècle, par Claudine Monteil.