Au regard du contexte actuel, il est assez évident que 2020 ne restera pas dans vos têtes comme l’année la plus grande du Cinéma. Netflix et cie prenant le devant sur la culture audiovisuelle ; les séries devenant nos plus grandes alliées au détriment des longs-métrages ; et enfin les salles de cinéma qui ferment et rouvrent, mais surtout ferment… Et pourtant ! Au milieu de toutes ces mésaventures, un grand nombre de pépites sont parvenues à se faufiler, l’air de rien, et à réchauffer les cœurs des cinéphiles. C’est pourquoi nous avons compilé dans cet article nos coups de cœur respectifs de l’année 2020. Ce sont ici les plus beaux films de l’année, ceux qui ont survécu à la crise et nous ont convaincus, ceux qui ont fait du bien quand on en avait besoin, ceux qui nous ont fait pleurer ou rire, et ceux qui nous ont fait oublier quelques instant, dans la salle noire et face au grand écran, cette foutue année 2020.
Article collaboratif
Drunk de Thomas Vinterberg
Il aura fallu attendre le mois d’octobre pour qu’une véritable expérience de cinéma me réveille avant la fin de l’année…un peu comme le personnage joué par le superbe Mads Mikkelsen, en quête de cette lointaine ivresse de vivre. Peu importe le flacon.
Drunk pourrait presque ressembler à un film de science-fiction ; entre boire et déboires, des copains qui s’embrassent dans des espaces réduits, s’écorchent, chantent, dansent, et ne manquent pas de se ramasser sur le sol. Pas de jugement moral ni d’apologie de la boisson ici, seulement un hommage à une perte de contrôle parfois salutaire.
Par Justine B.
Eva en août de Jonás Trueba
Eva en août c’est le film d’été qui fait du bien même en hiver. Eva est une jeune femme qui va bientôt fêter ses 33 ans et qui décide de rester à Madrid pour le mois d’août. Cinquième long-métrage du réalisateur Espagnol, mais premier distribué en France, le film met en scène la fabuleuse Itsaso Arana qui semble tout droit sortie d’une peinture. Arpenter les rues désertes de la ville, se laisser emporter par la chaleur des nuits et se baigner dans un lac, Eva en août est une sorte de conte d’été rohmérien sur la passivité où le décompte des jours nous entraîne jusqu’au 15 août, jour de l’Assomption de Marie.
Par Eva Darré-Presa
Tenet de Christopher Nolan
Malgré une année cinématographique troublée, Nolan a su se hisser en tête du box-office mondial avec Tenet, son dix-neuvième film en tant que réalisateur. Rien que ça. Mais au cours de ses 150 minutes de visionage, Tenet sait aussi faire tourner en bourrique, la signature de Nolan. Tenet, c’est un des mots carré Sator, le carré magique contenant le palindrome latin « SATOR AREPO TENET OPERA ROTAS ». Là est tout le concept du film. La théorie du temps est utilisée comme un palindrome, puisque la temporalité normale est inversée. Et c’est John David Washington, qui incarne un agent de la CIA, qui s’y colle. Accompagné par Robert Pattinson, le duo doit manipuler l’écoulement du temps pour empêcher l’avènement d’une troisième guerre mondiale.
Par Julie Guillaud
Waves de Trey Edward Shults
Nous pouvons lire sur l’affiche des critiques élogieuses. Pour le New York Time ce film est “un coup de grâce” tandis que pour Hollywood reporter, “Waves vous déchirera le coeur”.
Waves, Vagues, le titre même est d’une grande signification. Assis au fond de nos sièges, nous sommes bercés par une mer tantôt apaisée, parfois secouée de légers remous et puis, climax, des vagues se fracassent avec force sur les rochers. L’histoire, relatant la vie d’une famille afro-américaine – portée par un excellent casting – de par son fort réalisme, s’offre tel un documentaire. Musique, lumière, décors, absolument chaque détail, de chaque scène, est un protagoniste à part entière ; ne nous laissant pas une seconde de répit. Le cinéma en 2020 n’aura pas été vain, Waves c’est une claque d’une force inouïe, une de ces expériences cinématographiques inoubliables.
Par Maude Vuillez
Dans un jardin qu’on dirait éternel de Tatsushi Omori
En cette année sombre et difficile, Dans un jardin qu’on dirait éternel était la bulle de douceur dont on avait besoin. Un film qui nous fait suivre la vie de Noriko, jeune japonaise qui cherche sa place dans la vie et la trouvera dans l’apprentissage de l’art du thé. C’est dans un lieu à part typique du Japon traditionnel que nous suivons cette jeune femme qui pratiquera au fil des années la cérémonie du thé et qui apprendra à voir la vie différemment.
Se montrant simple et authentique, Dans un jardin qu’on dirait éternel est un véritable bijou qui respire la douceur et la beauté. Ce film nous transporte et éveille nos sens tant visuels qu’auditifs avec des messages simples mais qui fonctionnent sur le spectateur : il faut apprécier la vie, se concentrer sur les belles choses, faire preuve de patience car tout ne nous est pas donné du premier coup. C’est un petit bonbon qui ne peut que vous faire du bien en ce moment.
Par Anatole Caille
Ondine de Christian Petzold
Tout en douceur, le dernier film de Petzold est une réinvention contemporaine du mythe d’Ondine, nymphe des eaux auprès de laquelle les hommes en mal d’amour viennent se confier, mais qui doit tuer ceux qui la trahissent. Dans un Berlin contemporain, notre Ondine est trahie ; mais elle rencontre Christoph et tombe amoureuse pour la première fois, libre de son mythe et de sa malédiction, qui la hante pourtant. Ode à la vie et à la liberté, le film nous invite avec tendresse à pénétrer dans un Berlin devenu mythologique, et les images magnifiques des décors d’eau et de béton sont débordées d’émotion.
Par Alma-Lïa Masson-Lacroix
Dark Waters de Todd Haynes
Difficile de ne pas terminer le dernier film de Todd Haynes sans éprouver quelque humeur que l’on aurait vite fait de qualifier de complotiste ces derniers temps. En effet, Dark Waters brosse à grands traits les mésaventures judiciaires de l’avocat Robert Bilott contre un géant de l’industrie chimique (DuPont, le film en reprend directement le nom) ayant consciencieusement empoisonné les eaux et les habitants de la Virginie-Occidentale pour garantir la rentabilité de sa production de téflon. Les auteurs du film défendent leur approche documentaire et documentée : il met même en scène les victimes des déversements chimiques. Nous y retenons essentiellement ses cadrages serrés, une photographie grisâtre et les emballements irréguliers du montage qui font non seulement écho à la situation insoutenable des protagonistes, mais surtout aux thrillers paranoïaques et politiques d’un Oliver Stone, prenant le poul par là même de la confiance, toujours plus précaire, de l’individu face à des institutions dont la complexité se voit nourrie de conflits d’intérêts, de convoitises personnelles et d’irresponsabilités cyniques.
Par Mathieu Dayras
Adolescentes de Sébastien Lifshitz
Dans ce documentaire naturaliste, le réalisateur nous ouvre, en toute discrétion, les portes de deux jeunes ados, amies d’enfance. On va alors les suivre, les voir grandir, découvrir l’amour, la joie, la peine et la vraie réussite ici réside dans le travail de préparation qui a été fait pour mettre en confiance ces deux jeunes filles. A l’écran, cela donne des scènes très intimistes qui nous laissent entrevoir de vrais moments de vie auxquels on s’identifie très facilement. L’ensemble du documentaire est parsemé des grands bouleversements de ces dernières années, ce qui renforce le sentiment d’appartenance chez le spectateur. On vit une expérience collective qui nous remplit d’émotions !
Par Julia Durand
Light of my life de Casey Affleck
Tout commence dans une tente installée dans les bois, où un père lit une histoire à son enfant. On découvre assez vite qu’ils ne sont pas partis camper pour le plaisir mais qu’une épidémie a décimé une grande partie de la population et que cette petite famille fuit la civilisation. Dans un monde brutal où chaque geste compte pour survivre, Light of my life raconte avec complicité et tendresse cette relation qui lie ce père et son enfant envers et contre tous.
Par Eva Darré-Presa