Charlotte Szczepaniak a 19 ans et elle est photographe. Elle a choisi, depuis 5 ans, d’en faire son métier  et entre Lille et Paris, elle promène son appareil photo de portraits en portraits pour partager son univers rétro. Pour le mois d’octobre, on a pu découvrir ses photos à Lille dans le bar La Ressourcerie, pour son exposition « Tant qu’on respire encore » qui sensibilise au cancer du sein. Rencontre avec cette jeune photographe pleine de talent pour notre premier portrait de Job de Mauvaise Graine.

Charlotte Szczepaniak exposition à la Ressourcerie Lille

Propos recueillis par Eva Darré-Presa

Comment es-tu devenue photographe ?

J’ai commencé la photo il y a 5 ans. Au départ, c’était vraiment pour m’amuser avec mes amis et faire des petits shooting improvisés. Au fur et à mesure j’ai demandé à des inconnus de poser et ensuite les inconnus m’ont demandée, donc j’en suis arrivée là.

As-tu un parcours universitaire ou est-ce que tu es autodidacte ?

Je suis totalement autodidacte. Je n’ai jamais pris de cours de photo, encore moins fait d’école de photographie.

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As-tu senti ton style évoluer ?

Au départ je ne faisais pas autant de mise en scène. Il n’y avait pas forcément grand-chose qui se dégageait de mes photos. Je n’arrivais pas à avoir la retouche que je voulais. À chaque fois que je prends des photos, je m’imagine la photo avant de la réaliser. Je ne suis jamais satisfaite à cent pour cent, mais ça me permet aussi d’évoluer.

 

Est-ce que tu veux être photographe toute ta vie ?

Je ne sais pas. Je dirais oui puisque c’est ma passion et que je m’éclate vraiment dans ce que je fais. Après, en ce moment, je me cherche un petit peu. J’ai fait deux ans de médecine, j’ai arrêté. Ensuite je me suis consacrée pendant 10 mois exclusivement à la photo. Maintenant je suis en psycho et je me cherche encore. Vu que la photo ça marche bien, j’attends de pouvoir évoluer encore plus et peut-être de m’y consacrer totalement. Pour l’instant je ne me projette pas trop !

Quel est ton rapport aux réseaux sociaux ?

Au début je postais pour m’amuser puisque je n’étais pas du tout une professionnelle. Instagram me permet d’avoir des clients, de montrer mon travail, de le partager. Je pense que de nos jours, sans les réseaux, c’est compliqué. Ça a du bon et du mauvais, mais sans les réseaux je n’en serais pas là.

Qui sont les artistes qui t’inspirent ?

Dans la photo, j’ai Alessio Albi. J’adore son univers. Il y a Vanessa Moselle aussi que j’adore. Après il y en a d’autres mais c’est des pseudonymes sur Instagram. Je ne m’y connais pas trop dans tout ce qui est peinture mais il y a des oeuvres qui m’ont inspirée. Par exemple je me suis inspirée dans mon expo de Botticelli ou de La Venus de Milo pour Venus adverses Cancer, ou encore de La liberté guidant le peuple de Delacroix. Mais je reste surtout dans la photo !

Alissio Albi
Alissio Albi

Quelle est l’histoire derrière ton exposition ?

Ce projet a commencé en mai quand j’ai appris que ma mère faisait une récidive et que ma grand-mère était tombée malade. C’est une sorte de thérapie à la fois pour moi et pour les modèles que j’ai photographiés. Ça permet de mettre des mots en image sur ce que je ressens, parce que ce n’est pas toujours facile de parler de vive voix. Même si avec ma famille on en parle beaucoup, c’est différent de s’exprimer par la photo.

J’avais déjà travaillé sur le cancer du sein l’année dernière quand j’ai été finaliste du concours Estée Lauder Pink Ribbon Photo Award. C’était à Paris et tous les finalistes ont pu être exposés au Pont d’Iéna.

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Comment as-tu récolté les témoignages des femmes qui ont posées pour ton exposition ?

J’ai déjà ma mère et ma grand-mère qui ont accepté. J’avais travaillé avec ma mère sur ce sujet-là donc elle a l’habitude de poser. Et après j’ai posté des messages sur les réseaux sociaux. J’ai reçu énormément de messages de personnes plus ou moins concernées, donc j’ai dû faire le tri. Ensuite, je les ai rencontrées. Toutes ces femmes se sont directement livrées à moi : ça s’est passé naturellement.

Tu t’es rasé la tête pour soutenir ta mère. Est-ce que tu as senti un changement dans le regard des autres ?

Oui, quand même ! Là j’en rigole mais c’est dingue comme on peut être catégorisé. Par exemple, je n’ai pas de force dans les bras, et à chaque fois que je reviens de chez mes parents, je suis hyper chargée. En prenant le métro, je galérais dans les escaliers, et personne ne m’aidait. Et là des gens me proposent de porter ma valise, ils me laissent m’asseoir dans le métro, alors que je suis en pleine santé ! Pour eux, “crâne rasé,” c’est égal à “cancer”.

Quelle a été la réaction de ta mère ?

Au début, elle ne voulait pas trop. Je ne pensais pas que j’allais bien aimer, et du coup je ne voulais le faire que pour soutenir la cause. Quand mon père m’a tout rasé, elle se cachait les yeux ! Finalement, elle était super émue et super fière de moi.

Charlotte Szczepaniak exposition à la Ressourcerie Lille

Vous pouvez retrouver le travail de Charlotte Szczepaniak sur son site. Mais également sur Facebook, Twitter et Instagram.

“Job de Mauvaise Graine” c’est le rendez-vous mensuel de ceux qui n’ont pas envie de suivre des chemins tout tracés et qui ont décidé de vivre de leur passion. C’est dans cette rubrique qu’on va parler de métiers qui sortent des sentiers battus pour que la mauvaise graine qui est en toi découvre autre chose que médecine ou commerce. Sans jugement aucun, il est l’heure d’explorer les mille facettes de ce monde qu’on appelle celui du « travail ».