Si l’on connaît déjà les conséquences importantes qu’ont eu la crise sanitaire actuelle et les deux confinements sur l’économie, les petits commerces, le monde de la culture ainsi que nos vies et notre moral, on ne fait que deviner les conséquences subies par les sans domiciles fixes. Face à la réalité d’un hiver rude qui se rapproche, et après de nombreux mois difficiles, il est plus que jamais nécessaire de rester solidaires. Souvent, de nombreuses personnes désirent aider sans pour autant savoir comment s’y prendre. De fait, nous avons fait une petite liste de quelques belles initiatives mises en place par des associations, qu’il est possible de soutenir, par son temps, son argent ou quelques gestes faciles, afin que vous ne soyez plus jamais à court d’idées.
Article écrit par Alma-Lïa Masson-Lacroix
Déjà, rappelons quelques chiffres essentiels. La France en 2020, selon l’estimation de la Fondation Abbé-Pierre, c’est 300 000 personnes vivant à la rue ou dans des habitations de fortune et autres bidonvilles. Ce nombre, nous dit l’INSEE, a doublé depuis 2012. 300 000 personnes, donc, qui subissent de plein fouet les conséquences des mesures sanitaires mises en place desquelles ils sont oubliés.
Dans un premier temps, les deux confinements consécutifs ont accéléré l’isolement de ces personnes à la rue, car elles font évidemment face à l’impossibilité de se confiner, les centres d’accueil ne pouvant pas accueillir tous le monde. Cet isolement pose déjà de nombreux problèmes d’un point de vue moral et mental, favorisant marginalisation, dépression, ainsi que la détérioration de l’état des maladies mentales dont souffrent de nombreux sans-abris. De plus, le confinement réduit de façon importante l’apport monétaire que peut permettre la manche. En effet, de nombreuses personnes comptent sur ces quelques euros qui leur permettent de manger au jour le jour. À la baisse de la santé mentale s’ajoute donc une baisse de la santé physique, et pour la première fois depuis la mise en place du numéro d’urgence sociale, le 115 affirme recevoir des appels à l’aide de personnes qui ont faim et qui ne sont pas parvenues à manger depuis plusieurs jours.
Également, toutes les structures d’aide et d’accueil aux personnes sans abri ont souffert des protocoles sanitaires mis en place, réduisant ainsi leur efficacité. En effet, à cause des confinements, mais également parce que certaines personnes fragiles doivent se protéger du virus, le nombre de bénévoles a largement diminué depuis le début de la crise. De plus, les restaurants solidaires ont dû fermer en même temps que tous les autres restaurants. Et enfin, les règles de distanciation sociale auxquelles doivent se soumettre ces structures réduisent de façon drastique leur capacité d’accueil au sein des restaurants et dans les centres d’hébergement, les empêchant ainsi d’être aussi efficaces que d’habitude.
Cet isolement peut donc être compris d’un point de vue sociétal, car les sans-logis sont oubliés des mesures sanitaires et marginalisés par elles. Rappelons par ailleurs le scandale ayant éclaté à Lyon lors du premier confinement, lorsque des policiers avaient verbalisé un sans-abri de cette fameuse amende de 135€ pour non-respect du confinement. Au-delà d’un acte honteux, cette verbalisation nous montre l’absence de considération de cette partie de la population par le gouvernement dans l’élaboration de ces mesures qui finissent par détériorer leur santé plutôt que la protéger.
Pour faire face à cette situation, de nombreuses associations existent afin d’aider les sans-abris à vivre et à s’en sortir, pour lesquelles il est toujours possible de donner son temps, son argent et un peu de nourriture, telles que Les Restos du Coeur, la Banques Alimentaires, ou encore la Croix Rouge. Enfin, n’oubliez pas que les gestes les plus simples, un bonjour, un sourire, une pièce ou un sandwich permettent toujours d’aider, et surtout de renouer des liens avec ces personnes marginalisées et invisibilisées. Avec cette crise, il est nécessaire de se mobiliser d’autant plus.
Alors, comme promis, voici quelques belles idées, quelques initiatives touchantes qui ont été mises en place par des associations, qui vont permettront facilement d’exprimer votre soutien et d’aider à votre échelle les plus démunis face à la crise.
Les Boîtes de Noël – l’initiative la plus festive
Afin de faire participer les sans-abris aux festivités de fin d’année, l’idée des Boîtes de Noël s’est vite répandue. Le principe est de préparer chez soi des boîtes (à chaussures) remplies avec un vêtement chaud, quelque chose à manger, un produit sanitaire et un produit culturel (un livre, un puzzle, un carnet), ce à quoi on ajoute un petit mot, créant ainsi un sorte de cadeau de Noël complet qu’il faut emballer du plus beau des papiers et déposer dans un point de collecte afin qu’il puisse être distribué pour Noël par plusieurs associations. La beauté de cette initiative relève du fait que ce cadeau n’est pas qu’un simple colis alimentaire, c’est un geste d’une personne à une autre, qui permet de renouer un lien social, et ainsi faire participer les sans-abris aux fêtes et aux traditions pour briser leur isolement le temps d’un instant.
Si cette idée vous intéresse, vous avez jusqu’au 20 décembre pour composer votre boîte et la déposer. Pour Paris, c’est par ici, et pour les autres régions, n’hésitez pas à aller chercher sur Facebook le groupe adéquat. Vous trouverez sur ces pages toutes les informations nécessaires à la confection de vos boîtes, ainsi que la liste des points de collecte.
Le mouvement #PourEux – l’initiative la plus sportive
Avec le mouvement #PourEux, vous avez le choix entre deux participations. Dans un premier temps, vous pouvez faire un bon plat, froid ou chaud, soit une portion supplémentaire de votre repas du midi, soit un repas fait pour l’occasion, afin de le partager avec une personne dans le besoin. Ajoutez-y un peu de sel et un mot doux, pour rendre le sourire et remplir l’estomac de la personne qui le recevra.
La deuxième possibilité est de prendre votre vélo à deux mains, et aller chercher ces plats cuisinés pour les distribuer aux sans-abris. Pour tous les sportifs en manque de défi et autres adeptes de vélos, ne manquez pas cette occasion pour faire une grande balade à la rencontre de plein de gens. En plus, c’est quand vous voulez, quand vous pouvez et aussi longtemps que vous le souhaitez, alors n’hésitez plus.
Le mouvement s’est déjà répandu dans de nombreuses villes de France : Lille, Lyon, Paris, Nancy, Toulouse, Marseille et Strasbourg. Pour participer, en cuisinant ou roulant, c’est ici.
Pour les suivre sur Instagram, c’est par ici.
Le DVEL – l’initiative la plus animaux friendly
Initiative lyonnaise, le Dispensaire Vétérinaire Étudiant de Lyon est une association créée en 2008, regroupant les étudiants de nombreuses écoles vétérinaires, afin d’offrir des soins gratuitement aux animaux des personnes sans abri et veiller à leur alimentation et leur santé. Ils effectuent des maraudes dans les rues et des distributions de croquettes, et ils cherchent à former les travailleurs sociaux et les structures d’accueil à la prise en charge des animaux, en offrant à ces structures un service vétérinaire gratuit. Enfin, ils cherchent à rendre visible l’importance de ces compagnons pour les sans-abris, qui ont tendance à mettre les besoins de leurs animaux avant les leurs. De plus, prendre soin de l’animal favorise les échanges avec son propriétaire, rendant ainsi possible la re-création d’un lien et favorisant la réinsertion sociale.
Il est possible de soutenir cette belle initiative avec un don ici, mais vous pouvez continuer leur volonté en n’oubliant plus les animaux, en ajoutant un paquet de croquettes lors des collectes alimentaires (ou dans vos boîtes de Noël) par exemple.
Pour les suivre sur Instagram, c’est par ici.
Règles élémentaires – l’initiative la plus féminine
Les règles des femmes à la rue sont bien une chose à laquelle on ne pense pas en premier lieu. Mais oui, les femmes sans-abris ont leurs règles comme toutes les femmes, et comme vous le savez les protections hygiéniques ne sont pas peu chères. L’association Règles élémentaires cherche donc à lutter à la fois contre la précarité menstruelle, en fournissant un produit élémentaire, mais elle lutte également à détruire ce tabou des règles qui fait tant de mal. Pour faire preuve de solidarité avec ces femmes, vous pouvez faire un don monétaire, mais également un don de protections hygiéniques dans de nombreux points de collecte présents dans plusieurs villes de France : Paris, Nantes, Angers, Lyon, Bordeaux, Marseille et Montpellier. Pour plus de renseignements, c’est par ici !
Les Ravitailleurs – l’initiative la plus nourrissante
Nés du premier confinement, les Ravitailleurs travaillent de près avec les restaurants. Leur mission : rendre le bien manger à tout le monde. Car, on ne vous l’apprend pas, la bonne santé vient avec la bonne nourriture. De leur côté, ils récoltent des dons afin de pouvoir fournir de la matière première aux restaurants, et du côté des restaurants, les chefs se prêtent au jeu de cuisiner des merveilleux mets, qui seront par la suite distribués aux plus démunis. De nombreux restaurants se sont déjà engagés à leurs côtés, et 60 044 repas ont déjà pu être préparés avec amour et distribués à ceux dans le besoin. Dans l’urgence du second confinement, ils se fixent un nouvel objectif : financer 50 000 repas avant le 31 décembre. Si vous voulez donner un peu d’argent et les aider à accomplir leur but, c’est par ici. Comme ils l’affirment haut et fort, c’est par le ventre qu’on crée un lien, et avec des marmites qu’on change le monde !
Pour les suivre sur Instagram, c’est par ici.
Pour aller plus loin :
Afin d’aider à recréer un lien, notamment entre riverains et SDF d’un même quartier, la journaliste Lauriane Clément, engagée auprès de la Croix Rouge depuis dix ans, vient de publier l’ouvrage Avec et sans abri, le guide pour tisser du lien, co-édité par l’association Entourage.