Entre cours, scène et plateaux de tournage, Emilie Lehuraux est une véritable étoile montante. Elle a accepté de nourrir notre webzine de sa douce parole, depuis Bordeaux, où elle est en déplacement pour le travail. Nous vous présentons le portrait coloré de cette jeune comédienne, qui n’a pas fini de faire parler d’elle, parole du MaG !
Propos recueillis par Léa Pruvoost
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Emilie Lehuraux, j’ai vingt ans et je suis comédienne. J’habite à Paris depuis quatre ans. Je lis beaucoup et j’aime beaucoup coudre quand je ne travaille pas.
Quel a été ton parcours ?
Après l’obtention d’un Bac Littéraire spécialité théâtre, je suis allée à Paris aux Cours Florent. J’y ai obtenu la classe libre, c’est-à-dire une formation gratuite et ponctuée de stages avec des professionnels au sein de cette école qui forme les « artistes de demain ». J’ai commencé à travailler professionnellement au début de ma troisième année, avec Les Idiots au théâtre, puis j’ai eu l’opportunité d’apparaître à la télévision sur France 3, en décembre dernier, dans un épisode de la série Alexandra Ehle, le médecin légiste.
Pourrais-tu nous parler du spectacle Les Idiots, ainsi que du rôle que tu y joues ?
Les Idiots est une pièce de Claudine Galea, qui parle d’une jeunesse en perte de repères et qui dégénère. L’auteure est partie de faits divers qu’elle a fait coexister au sein d’une même famille. Cela lui permet d’évoquer tous les bémols de notre société à travers l’histoire d’un foyer.
J’y ai interprété le rôle d’Ange, la petite sœur de 13 ans, amoureuse folle d’un jeune homme de dix ans son ainé. Elle finit même par se jeter sous un train avec lui, face à l’incompréhension de leur entourage. C’est un rôle très dynamique ! Et en même temps, c’est une grosse responsabilité et un travail passionnant que de se plonger dans la tête de quelqu’un qui en arrive à un tel extrême, que ce soit dans l’amour ou dans la mort.
Après avoir entendu parler de cette pièce revisitée par le Collectif La Capsule et avoir passé une audition, j’ai été contactée par la metteur en scène Théa Petibon en juin 2017. Et là, l’aventure a été folle ! Elle nous a menés jusqu’au Festival d’Avignon en juillet 2018 avec une équipe incroyable.
Quelle représentation t’a le plus marquée ?
Il y a eu évidemment la première, à Paris en septembre 2017 ! On a eu de vraies réactions du public et il y avait toujours la fébrilité des premières fois. C’est vraiment un crash test : ça plaît ou non.
Puis, il y a aussi la dernière à Avignon. Nous avons joué tous les jours pendant un mois avec un jour de relâche par semaine, en tractant l’après-midi, on voulait marquer le coup. On maîtrisait tellement la pièce qu’on s’est même permis des libertés entre nous et des petits défis à l’insu du public, qui nous ont amusés mais qui ont aussi donné un nouveau souffle à la pièce qu’on avait jouée tellement de fois.
Tu t’es aussi prêtée à l’exercice de metteur en scène avec Les Nuits Blanches, de Dostoïevski, primé en tant que Travail de Fin d’Etude 2018. Qu’est ce que tu as retenu de cette expérience ?
Ça a été passionnant ! Après, comme je voulais absolument jouer un des rôles, c’est vrai que j’ai dû partager la mise en scène avec Edouard Efimakis. C’est donc un travail d’équipe. C’est d’ailleurs plutôt lui qui a géré la direction d’acteurs, ce qui pouvait être frustrant car j’aurais aimé avoir aussi ce regard tout à fait extérieur. Mais je ne regrette en rien puisque c’est un vrai plaisir pour moi de jouer. Je ne sais pas si je serais un jour metteur en scène ; ça a surtout été une rencontre avec le texte de Dostoïevski et le besoin absolu de le monter. Je n’aurais pas pu le faire seule.
Concernant ton apparition à l’écran maintenant, est-ce que tu peux développer ce qui t’est arrivé ?
Alors, je me suis retrouvée dans Alexandra Ehle en passant un casting tout simplement. Je ne pensais vraiment pas être prise puisque le rôle à interpréter est une adolescente gothique, assez éloignée de moi, donc. Et il se trouve que ça s’est passé super bien ! J’aime beaucoup le rôle qui est très drôle à interpréter et complètement loufoque.
Ça a été une expérience folle puisque c’est un rôle récurrent donc j’ai pu tourner la suite, retrouver l’équipe, travailler avec des comédiens beaucoup plus expérimentés… Il y avait tout à réapprendre parce que ça n’a rien à voir avec le théâtre. Au début, je me sentais un peu « fragile ». Maintenant ça va mieux, même s’il y a des séquences où j’ai l’impression de ne plus savoir jouer. Mais c’est en pratiquant qu’on apprend !
Théâtre ou télévision du coup ?
C’est vrai que ma passion initiale est le théâtre. Après j’aime bien varier les expériences. À l’écran, j’aimerais beaucoup faire du cinéma, plutôt que de la télévision. C’est encore une autre dynamique. On verra où l’avenir me mène !
Tu as des projets pour le reste de l’année 2019 ?
Je joue dans une nouvelle pièce avec le Collectif La Capsule, À petites pierres de Gustave Akakpo, mis en scène par Paul Lourdeaux. Celle-ci devrait être rendue publique d’ici 2020. Pour ce qui est de l’écran, je vais tourner la suite de la série Alexandra Ehle, qui sera diffusé sur France 3 d’ici peu.
À côté, je vais passer les concours des écoles nationales.
As-tu un conseil à transmettre aux personnes souhaitant suivre ta voie ?
Il faut être sûre d’être guidée par un désir artistique de dire des choses et pas un désir de « paillettes ». Parce que des paillettes, il y en a peu et ce n’est pas ça qui nous tient debout dans les moments difficiles. Il faut lire, beaucoup, aller au théâtre, au cinéma. Bref, sortir. Il faut être curieux de tout : c’est important, à mon sens, d’être spectateur avant d’être acteur, de rêver.