Pour reprendre les mots de notre président lors de son allocution du 14 octobre, « c’est dur d’avoir 20 ans en 2020 ». En effet, Monsieur le Président, c’est dur. Je dirais même plus, c’est dur d’avoir entre 15 et 25 ans en 2020, car nous sommes une décennie oubliée, sacrifiée, mais aussi et surtout moquée, infantilisée, violentée, méprisée et tenue responsable de bien des choses. Alors oui, la crise sanitaire actuelle aura révélé aux yeux de tous la précarité de la jeunesse, puisque le sort des lycéens semble être décidé à coups de dés, que les étudiants sont abandonnés dans des chambres de dix mètres carrés et que les jeunes diplômés sont sacrifiés sur l’autel de la résilience. Mais cette précarité extrême ne relève pas d’un état d’urgence exceptionnel ni d’un événement passager. Bien au contraire, cette situation et les décisions gouvernementales qui en découlent ne sont que les symptômes d’un phénomène social ancré profondément dans notre culture, et qui prend ses racines bien avant tout virus, et bien avant 2020 : un mépris banalisé envers la jeunesse.
Article écrit par Alma-Lïa Masson-Lacroix
Tous anti-jeunesse
Dans un premier temps, il est évident que la situation actuelle à rendu visible la souffrance de toute une partie de la population, cette fameuse tranche d’âge de 15-25 ans environs, appelons-la jeunesse. En effet, beaucoup s’accordent pour dire qu’ils sont les plus touchés par la crise sanitaire et économique, à la fois dans les conséquences immédiates de sa gestion, mais aussi vis-à-vis des ramifications futures, comme celles d’une société en crise, d’un marché du travail estropié et des dettes à essuyer.
Pour ce qui est des conséquences immédiates, les chiffres ne mentent pas : 21,8% des 18-25 ans sont au chômage (chiffres du dernier trimestre de 2020), soit une hausse de 16% en un an, faisant d’eux la tranche d’âge la plus touchée. Également, la jeunesse représente plus de la moitié des bénéficiaires des restos du cœur. Pour ce qui est des étudiants, une enquête parlementaire réalisée en décembre 2020 sur les effets du covid sur les jeunes révèle qu’un étudiant sur six a dû cesser ses études en raison de la situation. De plus, ils ont pour la plupart perdu leur travail, souvent dans l’intérim, l’événementiel et le service, et l’aide mise en place par le CROUS pour aider les étudiants dans cette situation n’est que de 200€, soit presque rien compte tenu de l’ampleur de la perte, du coût de la vie et surtout de la durée de la crise. Et à cela s’ajoutent évidemment les problèmes d’isolement social, de détresse mentale, de détérioration de la qualité de leurs enseignements, de perte de stages et de perte des perspectives d’emploi. De nombreux étudiants et jeunes diplômés ont crié à l’aide au regard de la détérioration de leur niveau de vie, et plusieurs se sont suicidés.
Les chiffres étant posés, il faut maintenant s’interroger sur l’abandon et l’invisibilisation de jeunesse par l’État. Au regard de l’importance indéniable de ces souffrances et de ces sacrifices, beaucoup se sentent oubliés des mesures du gouvernement ; un hashtag #etudiantsfantomes s’est, par exemple, popularisé sur Twitter.
Il aura en effet fallu des étudiants pour mettre en place les collectes alimentaires dans les Universités, et les aides financières ou professionnelles proposées par l’État ne sont que minimes. La jeunesse est trop souvent un sujet oublié des prises de parole, et il existe un déséquilibre indubitable entre sa situation actuelle et les mesures prises par le gouvernement pour l’aider. Or, cet abandon révèle la source du problème car ces décisions gouvernementales reposent sur une rhétorique du mépris.
Lors de son allocution du 14 octobre dernier, Emmanuel Macron nous a offert une illustration pertinente de ce mépris aux arrières-goûts d’infantilisation. « Quand on est jeune, on fait la fête, on a des amis, et donc je ne culpabiliserai personne […] Pendant quelques semaines et quelques mois – je ne leur demande pas d’avoir moins d’amis – on va devoir faire un peu d’efforts, c’est-à-dire se voir moins nombreux en même temps » nous a-t-il dit. Macron parvient ici en quelques mots à peine et sous couvert de bienveillance à peindre le portrait condescendant d’une jeunesse irresponsable, coupable de la propagation du virus, et à réduire à néant leurs souffrances et leurs sacrifices tout en reléguant à l’état de caprice leurs revendications. De même, on se souvient de la prise de parole de Frédérique Vidal affirmant que l’origine de la propagation du virus au sein des Universités n’est pas « les cours dans l’amphithéâtre mais l’étudiant qui prend un café à la pause, un bonbon qui traîne sur la table ou un sandwich avec les copains à la cafétéria ». Au-delà d’un dédouanement assumé de toute responsabilité gouvernementale, ce genre de prise de parole accentue le sentiment d’infantilisation, et révèle l’image que l’État a de la jeunesse, ou du moins celle qu’il promeut.
En effet, avec la crise sanitaire, ce mépris repose sur un choix d’imagerie et de lexique infantilisant utilisé en continu par les portes paroles de l’État. On retrouve constamment un vocabulaire lié aux « amis », aux « copains », qui réduit les questions graves d’isolement social à une simple notion de divertissement ; et ne parlons même pas des « bonbons ». Mais celui de la fête est sûrement l’élément le plus significatif car il est constamment repris dans les images et les discours, et est particulièrement évocateur d’une forme d’insouciance juvénile et de propagation irresponsable du virus (d’une pierre deux coups comme on dit). On peut également relever à ce sujet la sur-médiatisation dont a fait preuve la fameuse rave-party de Bretagne lors du nouvel an, pourtant à l’origine d’aucun cluster et d’aucun cas positif, par rapport par exemple à l’absence quasi-totale dans les médias de mention des décisions de justice contre la RATP pour non respect des protocoles sanitaires. Par ces manœuvres est mise en place dans l’imaginaire collectif l’équation « jeune = fêtard = irresponsable », rendant impossible toute discussion et supprimant toute crédibilité aux yeux de l’État, mais aussi de la population. Enfin, revenons sur la notion utilisée de façon récurrente par notre gouvernement, celle “d’effort”, devenu le maître mot de toutes les demandes de l’État. L’importance de ce mot, utilisé parfois pour parler à la population dans sa totalité, est intéressante de par son aspect vague. Le mot “effort”, à la place de celui de “sacrifice” par exemple, permet à la fois de diminuer l’importance de l’impact des décisions gouvernementales sur les qualités de vie, mais aussi et surtout, d’unifier, de lisser leurs conséquences à travers toutes les classes sociales. Les “efforts” demandés aux jeunes deviennent alors les mêmes que ceux demandés aux propriétaires de maison avec jardin en CDI. Ce mot est une solution facile et plutôt intelligente pour masquer les inégalités sociales que la crise tend à accentuer. Enfin, le terme possède une connotation paternaliste importante car les efforts sont toujours réclamés par ceux qui savent mieux, ceux qui éduquent. Alors, Monsieur le Président, ne parlez pas d’efforts s’il vous plait, vous qui n’en avez pas fait autant que nous. Et permettez-moi ici d’utiliser des mots qui ne sont pas les miens, mais qui appartiennent à Boris Vian qui était bien plus vieux et bien plus fêtard que nous : « S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre ; vous êtes bon apôtre Monsieur le Président ».
Le cas Greta
Puisqu’il me semble maintenant établi que la crise sanitaire que nous vivons a révélé à la fois la souffrance de la jeunesse et le mépris dont fait preuve l’état envers elle, il est maintenant nécessaire d’observer que ce mépris est possible car il existait déjà pré-covid comme phénomène social et culturel banalisé. De la même façon qu’elle n’a fait qu’amplifier les souffrances étudiantes déjà bien présentes avant tout virus (rappelons-nous l’étudiant Lyonnais ayant tenté de s’immoler par le feu en novembre 2019), la crise a tout autant amplifié ce mépris déjà bien présent à travers différentes couches de la société.
Pour identifier la nature de ce mépris, il est possible d’analyser le cas de Greta Thunberg. Cette jeune activiste pour le climat d’aujourd’hui 18 ans, fortement médiatisée, s’est retrouvée ensevelie sous les insultes et les attaques, notamment de la part de nos députés et autres figures médiatiques. Ces insultes sont particulièrement pertinentes pour cette étude car leur angle principal est son jeune âge, et chaque argument est ainsi décrédibilisé car elle est « trop jeune pour savoir ». Valérie Boyer (députée Les Républicains) lui lance sur Twitter : « on peut se demander si c’est aux enfants de faire de la politique mais il y a une certitude, Greta Thunberg, pour changer le monde, il faut aller à l’école ! ». Le député Sébastien Chenu (Rassemblement national) n’a pas non plus cessé d’attaquer l’activiste sur son âge : « la petite Greta, cette gamine de 16 ans devant laquelle il faut plier le genou ». L’animateur Jérôme de Verdière, quant à lui, s’amuse à la surnommer « Flipper le dauphin ». Enfin, Michel Onfray n’a pas non plus cessé de relever son âge. « Ce qu’elle lit, à défaut de le dire librement, n’est pas écrit par une jeune fille de son âge » nous dit-il, puis il ajoute qu’« il n’y a rien à reprocher à une enfant qui veut voir jusqu’où va son pouvoir d’agenouiller les adultes, c’est dans l’ordre des choses ». Enfin, à propos du groupe de militants adolescents qui s’est formé autour d’elle, il nous explique qu’ils sont « un troupeau de moutons […] qui se croit libre en bêlant le catéchisme que les adultes leur inculquent ».
Évidemment, les répétitions constantes des mots « enfant » ou plus méprisant « gamine » sont là pour accentuer une pseudo-ignorance de l’activiste, et « Flipper le dauphin » cherche tout autant à convoquer un imaginaire lié à l’enfant en bas âge – ainsi, le premier mécanisme du mépris est celui de la moquer en la rendant encore plus jeune qu’elle ne l’est, à l’état de bébé, un âge durant lequel on ne sait pas parler, ou penser. Le constant rappel de l’école permet quant à lui de soulever l’idée d’un manque de connaissance ou d’expérience. L’enfant apprend, l’adulte sait – archétype vieux comme le monde, nous savons pourtant tous qu’il est faux. De plus, sa jeunesse est également envisagée comme une forme de naïveté et de faiblesse, la rendant vulnérable à la manipulation, et elle est souvent qualifiée de « sous-emprise », et « instrumentalisée » par tel ou tel lobby, comme si son jeune âge l’empêchait de penser par elle même, comme l’affirme notamment la citation d’Onfray citée préalablement. Une telle équation « jeune = manipulé » permet, à nouveau, d’endiguer toute discussion avant même qu’elle ne commence. Pour finir, une autre constante dans ces discours est celle de la confrontation rebelle de l’enfant à l’adulte dans un rapport de force égocentrique. Si l’enfant contredit l’adulte, c’est un caprice, c’est un jeu de pouvoir. De façon analogue, comme Sébastien Chenu nous le montre, être d’accord avec un « enfant », c’est plier le genou, abandonner l’autorité parentale. Ainsi, le rapport enfant/parent prend le dessus sur le discours, et le rapport de force devient prioritaire par rapport au contenu des arguments.
Au quotidien
Or, tous les éléments de mépris, de pseudo-domination de l’adulte sur le jeune que l’on observe dans ce cas particulier se retrouvent de façon généralisée, bien que moins violemment, dans le quotidien de la jeunesse. Je tire tous les éléments qui suivent de l’actualité, de mes expériences personnelles, de celles dont j’ai été témoin, ainsi que d’un rapide sondage auprès de mes proches et de mes collègues.
Le premier élément qu’il est intéressant de soulever est évidemment l’infantilisation subie au quotidien. Elle repose, encore une fois, sur une rhétorique constamment liée à l’âge, ou plus précisément à la différence d’âge entre les interlocuteurs. Par exemple, lors de mon sondage, plus de 60% des personnes interrogées avaient déjà entendu « si j’avais ton âge, je ne me permettrais pas de dire / faire ça » ; ou encore, de nombreuses fois, « tu comprendras quand tu auras mon âge ». Enfin, 92% se sont fait tutoyer de façon condescendante par des gens qu’ils devaient, eux, vouvoyer. La différence d’âge devient immédiatement un moyen de domination, et ainsi une façon de couper à court toute discussion, toute confrontation. Dès lors, cette domination s’exerce parfois de façon tout à fait injuste, voire illégale (jouer de l’âge lors d’un constat d’accident pour intimider par exemple, ou encore lors d’un désaccord professionnel) – or, 72% des personnes interrogées affirment avoir déjà vécu une telle situation, agrémentée d’un « ça te fera une leçon de vie ». En effet, le champ lexical de l’éducation n’a de cesse d’être sollicité, souvent accompagné d’un ton condescendant. 28% des personnes interrogées ont déjà entendu « il faudrait t’éduquer », ou encore, toujours 28%, « si j’étais ton père/ta mère, je t’en collerais une ». Le jeune est soit sage, soit rebelle. Est alors mise en place une binarité absolue bercée par un fantasme d’autorité parentale qui empêche toute prise de parole contestataire. Rappelons par exemple, lors de l’interpellation des lycéens en grève en 2018 à Mantes-la-Jolie, les mots du policier filmant ces jeunes à genoux : « Voilà une classe qui se tient sage ». Tout est dit. Enfin, à cela s’ajoutent évidemment des généralisations que l’on connait tous, que l’on a tous entendu de la part d’un collègue, d’un oncle ou d’un inconnu dans la rue, comme « les jeunes sont tous des petits cons », ou encore « votre génération est fainéante / inculte / bête / incompétente / fragile » et autres variations sur le même thème, alors que ces généralisations ne reposent sur aucune réalité. Cet imaginaire est banal, et il permet d’accentuer, au quotidien, ces traits fictifs attribués à la jeunesse, dont les conséquences s’étendent des relations quotidiennes jusqu’au monde du travail.
En effet, au-delà du simple mépris, un tel imaginaire provoque un sentiment d’impunité des « adultes » vis à vis des jeunes, et plus de la moitié des personnes interrogées affirment avoir subi une agression verbale ou physique à cause de leur âge. Cela va de l’insulte au travail, dans la rue ou en caisse d’un supermarché, à la bousculade ou aux coups – claque mise par des inconnus au cinéma car « on bouge trop la tête », coups donnés dans le métro car « on s’approche trop », corps agrippés et bousculés “car on marche trop lentement/trop vite”, car “on bloque la vue du spectacle”, le tout par des gens en âge d’être nos parents (mais qui d’évidence ne le sont pas), et se permettant de faire preuve de violence sans raison face à quelqu’un de 20 ans, ce qui est tout bonnement impensable face à quelqu’un de 30 ou 40 ans.
Également, de ce manque de respect banalisé découle une conséquence concrètement handicapante, celle du manque de confiance, lui aussi devenu normal, dans le milieu professionnel. Les jeunes rencontrent de plus en plus de difficultés chaque année à trouver un emploi (rappelons-nous les chiffres du chômage), les entreprises ne faisant pas confiance à leurs capacités, à leur motivation ou à la qualité de leurs expériences. Entre autres, bien qu’il soit interdit par le code du travail de demander l’âge du candidat lors d’un entretien, c’est pourtant une question que l’on m’a demandé dans 80% des cas. Enfin, lorsqu’une personne jeune trouve un poste, son âge est constamment remis sur la table comme une façon de dénigrer son travail, sous forme de remarques déplacées, d’abus de pouvoir, d’exclusion de réunion, ou d’exclusion immédiate d’idées qui viennent de lui ou d’elle (témoignages récupérés lors de mon sondage). Ainsi, ce mépris permet d’asseoir la domination de l’ « adulte », qu’il ait raison ou non, tout en disqualifiant d’office le jeune, son travail ou ses propositions.
Enfin, la mise en place de ce mépris provoque une dernière conséquence, et peut-être la plus problématique – celle du manque d’écoute et de l’exclusion du discours, et donc de la vie politique. En effet, si le jeune est capricieux, manipulé, ignorant, rebelle et irresponsable, pourquoi l’écouter ? Grâce à ce mépris – qu’il soit culturel ou mis en place par choix – la jeunesse est réduite au silence. Elle ne parvient qu’avec difficulté à revendiquer ses droits et à se faire entendre pour la construction du monde de demain. Alors, la jeunesse est en colère. Elle est en colère car elle est exclue et car elle n’est pas écoutée. Et ce n’est pas la première fois. Rappelons, par exemple, les propos tenus des années après par les jeunes ayant participé à Mai 68 (nommé dans les journaux de l’époque « rébellion adolescente »), affirmant qu’ils étaient loins d’être de grands révolutionnaires, et qu’ils souhaitaient simplement s’insérer dans une société dont ils étaient exclus et qui leur imposait une précarité sociale et économique. Si le choc des générations tend à s’accentuer d’époque en époque, elle a constamment été présente, stigmatisant les jeunes, qui trouve alors comme seule réponse la colère, et parfois la révolte.
Les « adultes » veulent une jeunesse sage, obéissante, dominée, car ils ont peur d’un monde pensé autrement, ils ont peur de se sentir vieux, d’avoir eu tort, ils ont peur que le monde change – alors, ils attaquent, ils dominent de force et ils font de ce mépris leur arme pour réduire au silence. Malgré les révoltes passées, notre société n’a pas perdu son patriarcat ; elle fonctionne encore selon une ordre familial de l’enfant et du parent, de celui qui sait et celui qui apprend, de l’éducateur et du capricieux, de celui qui domine et celui qui se soumet. Que le mépris de la jeunesse vienne d’un système bourgeois traumatisé par Mai 68 (ou 1848, ou 1789…), ou encore, allons plus loin, d’un fait culturel originel ancré dans l’imaginaire de notre société et dans les textes fondateurs de nos religions, celui de la peur du fils rebelle à l’origine du mal (on va loin, mais allons-y à fond), il n’en demeure pas moins inadéquat et dangereux. Rappelons-nous quelques instants que les générations qui ont marqué l’Histoire étaient faites de jeunes qui pensent, qui désobéissent et qui se font entendre – en France, on se souvient de Mai 68, on se souvient aussi de la Résistance dont les forces étaient principalement faites d’une jeunesse qui se battait pour son avenir, ou encore, on se souvient de 1848 ; au États-Unis, on se souvient des Blacks Panthers et des autres mouvements anti-esclavage, anti-apartheid, anti-racisme ; ainsi, la liste est longue. L’Histoire est construite par le changement, dès lors, très souvent, elle est construite par la jeunesse – et ce mépris social, banalisé, est l’arme d’un confort qui refuse de se remettre en question, à l’heure où la remise en question est plus que jamais nécessaire.