Les 16 et 17 septembre, nous étions aux Inouïs du Printemps de Bourges pour découvrir des artistes émergents de différents horizons. Voici l’interview de Baron.e, un duo électro-pop originaire de Suisse.
Propos recueillis par Olympe Dupont et Florine Le Moine
Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous présenter Baron.e ?
Faustine : Baron.e, c’est nous deux. C’est de l’électro-pop et surtout des textes. On a envie de représenter une jeunesse qui est un peu perdue dans un monde avec plein d’opportunités sans savoir trop quoi faire avec tout ça.
Arnaud : Oui, c’est beaucoup de paradoxes, beaucoup de questions sur le monde dans lequel on vit. La base de notre musique, c’est nos peines et nos réflexions, avec une musique festive et des textes qui amènent plus à réfléchir.
Comment le groupe est-il né ?
Faustine : Un verre d’égo c’est un morceau qu’Arnaud avait composé avant notre premier concert, puis on l’a remodelé à deux et ça a donné l’impulsion pour le reste.
Pouvez-vous nous parler de votre EP Jeunesse Dorée ?
Arnaud : Jeunesse Dorée, c’est notre premier EP. C’est un peu comme notre nom de groupe. C’est une sorte d’ironie pour dire que tout se passe bien, qu’on fait la fête et qu’il y a plein de choses plus dramatiques dans le monde, mais qu’on est quand même tout le temps dans ce rapport de réflexion sur le sens de ce qu’on fait. C’est un peu le paradoxe de tout va bien et rien ne va.
Faustine : On essaie de traduire un malaise qui est très présent dans notre vie, mais qui est à remettre en question parce qu’on est tout de même privilégiés. Puis il y a plein de problèmes qui nous prennent la tête, mais qui sont à relativiser par rapport à d’autres plus grands. C’est pour ça qu’on parle aussi d’écologie, par exemple. On aime bien qu’il y ait une double écoute dans notre musique : la musique est assez facile d’accès et entraînante donc on peu s’amuser dessus et danser, et une autre écoute où on peut plus s’attarder sur les textes et se plonger en profondeur sur les thématiques abordées. On parle de tout : de pression sociale, d’amour, de fête, d’alcool… Donc des choses graves et moins graves et joyeuses et moins joyeuses.
Arnaud : On aime que les gens fassent la fête, mais qu’ils soient aussi bousculés par la musique.
La jeunesse d’aujourd’hui est très engagée. On le voit notamment sur les réseaux. Vous parlez déjà un peu d’écologie dans vos textes. Est-ce que vous avez envie, dans vos projets musicaux futurs, de plus vous impliquer là-dedans ?
Faustine : Oui, ça nous tient très à cœur. Même si pour la question de l’écologie, on peut militer, mais on se sent finalement peu légitimes.
Arnaud : On fait du mieux qu’on peut, mais on n’est pas forcément bons. Par contre, on peut réfléchir à l’avenir sur nos spectacles, si on tourne, sur comment le faire de manière plus responsable.
D’autres sujets qui vous tiennent à cœur ?
Faustine : Un sujet qui nous tient à cœur, c’est le féminisme. On n’en parle pas forcément mais on glisse des choses. Pour nous, c’était important d’avoir un nom inclusif, et on essaie d’écrire des textes un peu neutres ou tout le monde peut s’identifier. On veut mélanger les genres et s’adresser à l’humain.
Un artiste qui a marqué votre adolescence ?
Arnaud : Alt-J
Faustine : The Do et les Babyshambles
Arnaud : Et aujourd’hui pas mal de francophones et de rap, alors qu’avant j’écoutais beaucoup la scène indé britannique.
Faustine : C’est vrai que, moi aussi, vers 15-16 ans, j’écoutais beaucoup d’anglais. Après j’ai commencé à écouter Fauve, La Femme et d’autres artistes qui ont redonné une impulsion à la langue française dans la musique.
Vos projets à venir ?
Arnaud : On enregistre un EP entre la Suisse et la France. On va continuer dans la même lignée avec un peu plus de bouteille.
Faustine : Et avec plus d’entourage aussi ! Il y a plus de gens qui commencent à graviter autour du projet et ça va nous permettre de faire des sons un peu plus pro et moins bricolés.
Arnaud : Tout ça avec la même authenticité que le premier projet.
Vous pouvez retrouver Baron.e sur Instagram en cliquant ici.