Pour notre première interview en confinement, c’est Alix et Clément d’Hier Soir qui ont répondu à nos questions. Ils nous ont parlé d’eux et de leur nouveau bébé « Midi Minuit », qui vient tout juste de sortir aujourd’hui, le 27 mars !
Propos recueillis par Olympe Dupont
Avez-vous des inspirations musicales communes ? Lesquelles ?
Alix : On se retrouve clairement dans tout ce qui est chanson française des années 60-70, ou groovy disco funk des années 80. Ce qui est cool, c’est que je peux autant réussir à faire craquer Clément sur un groupe de pop indé space, que lui sur de la techno de garage qui tabasse. Après il y a Air, Odezenne, Beach House… des terrains de jeux communs vaporeux et aériens.
Clément : Oui, c’est bien résumé. J’ajouterais Toro y Moi ou LCD Soundsystem.
Quelle est la provenance de votre nom “Hier Soir” ?
Alix : Ce nom fait référence au lendemain de la veille du jour où on s’est rencontrés. C’était un peu flou comme « hier soir on s’est dit qu’on allait se mettre à s’envoyer de la musique et voir ce que ça donnerait notre mélange, est-ce qu’on déconnait ou on s’y met vraiment ? »
Clément : Oui car, à la base, avec Alix, on ne se connaissait pas du tout. On s’est parlés quelques minutes dans un bar où il y avait un concert et on savait via des connaissances communes qu’on faisait chacun de la musique dans des univers très différents. C’était assez peu probable qu’on finisse vraiment par se revoir dans le but d’en faire ensemble, pourtant c’est arrivé !
Comment se sont déroulées l’écriture et la production de l’EP ? Quelle histoire raconte-t-il, avec vos mots ?
Alix : On en a fait très peu à distance, pas comme le premier EP où l’écriture s’est faite en ping-pong. Là, c’était plus ensemble. On avait des mini bases venant de l’un ou l’autre mais le corps de ce second EP est vraiment une œuvre commune faite à un instant T. En l’occurrence : aux sables d’Olonne, dans le studio de Clément, en une semaine. Tout s’est écrit et enregistré très vite, et du coup j’ai l’impression de ne pas avoir eu le temps d’en profiter. C’est toujours cool là-bas, on est coupés un peu de tout et c’est idéal pour la créativité. On aime bien, après une séance le soir tard, partir en voiture et tester les morceaux dans la chaîne de l’auto en conduisant un peu trop vite sur les routes sableuses, c’est juste parfait comme truc !
Clément : *rires* C’est vrai que c’est un bon process, en tout cas c’est le nôtre.
Avec qui avez-vous collaborez et pourquoi ? Quels rôles ont-ils eu dans le projet ?
Alix : Sur la musique, à vrai dire, on n’a pas encore collaboré avec des personnes extérieures, mais c’est quelque chose qu’on aimerait bien faire à l’avenir, notamment sur la partie studio enregistrement/mix. Et sur la partie créa, il y a évidemment le collectif CELA.
Clément : Oui, on a monté le collectif avec d’autres amis de lycée. On fait un peu de tout, notamment de la vidéo, mais aussi des installations, des performances, de la musique, etc., autour des arts numériques principalement. Du coup, on (CELA) accompagne dès qu’on peut le faire, le projet Hier Soir, mais aussi mon projet solo Jumo.
Midi minuit c’est des paroles très sombres mais des mélodies très rythmées. Pourquoi avoir choisi ce paradoxe ?
Alix : On est souvent naturellement dans ce paradoxe. Je crois que ce n’est pas vraiment contrôlé. Il y a une certaine dualité qu’on a ensemble dans l’écriture : l’opposition chaud/froid et la coexistence de deux personnes très différentes l’une de l’autre qui s’assemblent apporte forcément un rendu contrasté.
Clément : Oui, je ne saurais pas dire si ça vient de nos univers musicaux respectifs, ou si c’est vraiment une question de personnalité. En tout cas c’est super intéressant, la confrontation nous emmène là on ne serait pas allés seuls.
Le titre « Paradis 0 », dont vous avez sorti le clip il y a quelques semaines, ressemble un peu à une course ou une danse effrénée dans un contexte apocalyptique. Qu’est-ce que vous souhaitez exprimer dans ce morceau ?
Alix : Pour être très terre à terre, sur ces paroles je me suis mise dans la peau d’une personne qui est face à la mer et qui s’imagine comme symbole de ce qui se passe dans sa vie, voir la marée monter, s’étouffer dans l’eau et couler. Et pendant que cette personne coule, elle se rend compte de son obstination à vouloir laisser une trace sur terre. C’est gai n’est-ce pas ? *rires*
Clément : Au moins la musique l’est et c’est ça qui est intéressant encore une fois dans la confrontation. En temps normal, j’ai beaucoup de mal à aller vers un truc vraiment gai dans ma musique, c’est souvent un entre-deux mélancolique. Mais là, avec Hier Soir, on ne se pose même pas la question. C’est peut-être la présence du texte assez sombre parfois qui donne envie de contrebalancer.
Travaillez-vous sur un autre projet en ce moment ?
Alix : On a tous les deux un projet en parallèle de Hier Soir : Extraa et Jumo. Avec mon autre groupe, Extraa, on a notre album qui sort le 10 avril en digital et le 15 mai en physique. Avec Clément, je pense qu’en ce moment on a surtout besoin de se retrouver tous les deux pour écrire et se remettre dans les dizaines de bouts de chanson qu’on a commencé à faire à droite à gauche. Je crois qu’on se dirige vers quelque chose de plus sec, moins aérien, plus brut. C’est le sentiment que j’ai en tout cas. On aimerait bien aussi réussir à alléger le live niveau installation : dire au revoir à l’ordinateur ou du moins, faire moins appel à lui, et pourquoi pas un batteur avec nous ?
Clément : Un batteur, ce serait cool ! Oui, en effet, on a pas mal de choses en cours. J’espère qu’en cette période de confinement, on va pouvoir en profiter pour avancer un peu malgré la distance.
Une tournée prévue pour cet été ? Ou plus tard ?
Alix : La grande question durant la période du coronavirus ! *rires* On n’a pas de tournée prévue, mais on doit recaler une date au Café de la danse et au Bus Palladium à Paris. Sinon, on fait un festival cet été et on a pour projet de prendre un van et d’aller faire des DJ sets un peu partout en France au mois de juillet ou août. C’est un beau projet, au stade de projet, mais on a pour projet que ça ne reste pas qu’un projet.
Clément : *rire* Exactement.
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