Duo complice dans la vie comme dans la musique, Lou Lesage et Arthur Jacquin sortent enfin leur premier EP, Félins pour l’autre, après avoir dépoussiéré d’anciens morceaux qui n’attendaient qu’une chose : être écoutés pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Entretien avec Soleil Bleu.
Propos recueillis par Julie Guillaud
Salut tous les deux ! Pourriez-vous vous présenter en deux mots à vos futurs fans ?
Lou : Je m’appelle Lou Lesage, j’ai 29 ans. Je suis chanteuse, interprète, comédienne et bretonne (rires) ! Mais parisienne de cœur.
Arthur : Je suis Arthur Jacquin, je viens d’avoir 29 ans. Je suis auteur, compositeur, interprète et arrangeur, notamment pour Moonsters, mon autre groupe, et Soleil Bleu bien sûr. J’ai été aussi comédien, mais maintenant je suis axé sur la musique.
Quelle est l’origine de votre rencontre ?
Lou : On s’est rencontrés au concert d’une amie, Clara Luciani. C’était ses tous premiers concerts juste avant son premier EP. Elle jouait aux Bains Douches. On s’est rencontrés dans le public, Arthur était juste derrière moi ! C’était il y a 5 ans.
Arthur : Il y a une photo qui atteste de ça d’ailleurs. On arrive à me deviner derrière, c’est vraiment un hasard cette rencontre.
Le fruit de votre rencontre a permis de créer votre groupe, Soleil Bleu. Pourquoi ce choix ?
Lou : C’était pour représenter la Lune et le Soleil, le jour et la nuit. On trouvait ça aussi poétique comme image, un « soleil bleu ».
Arthur : C’est aussi la lumière bleue des écrans. Il y a quelque chose de rétro-futuriste.
On le voit bien sur la pochette de votre premier EP, d’ailleurs.
Lou : Oui, que l’on a fait avec un ami à nous, Antoine Duruflé. Il fait de beaux visuels et de très belles peintures à l’huile.
Vous sortez le 26 février votre premier EP, Félins pour l’autre. Comment s’est passé l’écriture, la conception ? La pandémie a t-elle aidé ou au contraire rendu plus difficile la production de l’EP ainsi que les clips ?
Lou : On avait déjà réalisé tous les morceaux il y a un moment. On a mis pas mal de temps en studio pour les enregistrer avec Maxime Kosinetz, un des membres du groupe Bon Voyage Organisation. On avait aussi fait ça au studio Mélodium. Au moment du confinement, on commençait à trouver de super musiciens, et à faire des répétitions, on était trop contents.
Arthur : On préparait le live !
Lou : Oui, on préparait le live en prévoyant la sortie de l’album (rires). C’était un peu soudain, on a tout arrêté, on était un peu tristes.
Arthur : On commençait à sentir un bon équilibre, une bonne harmonie qui commençait à se créer avec les musiciens. C’était important.
Lou : Malgré tout, le confinement s’est bien passé. On a d’ailleurs fait deux reprises, Parce que de Charles Aznavour et L’amour, l’amour, l’amour de Marcel Mouloudji. On s’est amusés à faire ça. Arthur a composé d’autres morceaux. Cela nous a aussi permis de réfléchir à quel moment sortir l’EP, trouver des idées pour les clips. Le clip d’ Alma Page a été réalisé pendant le deuxième confinement. On est juste partis avec le réalisateur, Léo Schrepel. On était tous les trois avec un ami d’Arthur, Edouard. On s’est débrouillés comme on pouvait. Pour le clip de Le Navire, on l’a réalisé il y a une semaine. On était également trois sur une plage, avec cette fois-ci le réalisateur Théo Frémont.
Arthur : On aime bien cet aspect direct et immédiat du tournage. T’es pas limité par la technique ou la mise en place. L’idée, c’est d’arriver avec une caméra et d’être assez spontanés et d’avoir cette approche de cinéma.
La pochette de votre EP renvoie à une ambiance astrale, électrique. Cela vous tenait-il à cœur ? Retrouve-t-on cette ambiance dans vos morceaux ?
Arthur : On voulait se rapprocher de quelque chose de plus nocturne et qui nous représente. On voulait davantage se retrouver dans les paroles aussi. Jusque-là, on était sur quelque chose de plus solaire, pop et été. On aime l’aspect du cinéma nocturne. Des pochettes d’albums sont, pour nous, des références, qui nous ont inspiré comme celles de Roxy Music, ainsi que tous les visuels de Guy Peellaert. Le but, c’est de créer ce flou entre collage, photo et peinture. Même si la ville sur l’EP, qui est derrière nous, existe, on voulait créer une ambiguïté entre le réel et l’imaginaire.
Le clip d’Alma Page, le premier clip de votre EP, a été dévoilé en janvier dernier. Votre ami Léo Schrepel est au cadre, sous forme de scopitone. Un autre ami, Edouard Bressy, vous a accompagné également durant le clip . Pourquoi ce choix d’avoir voulu tourner en pellicule ?
Arthur : On adore ce que crée la pellicule au moment du tournage. Déjà qu’on a peu de moyens pour tourner les clips, on s’adapte et cela nous donne toujours d’autres idées. On en ressort au final avec quelque chose de simple, mais marquant, et qui se superpose bien avec la musique. La pellicule dure 10 minutes, après on ne peut pas tourner plus. Il n’y a pas ce confort et cette facilité, qui pourrait être une limite.
Lou : Ça crée de la concentration et il ne faut pas se planter. Faut bien faire son playback ! (rires)
Arthur : On a deux prises à peine par couplet. C’était limité, et on sait que si on se rate, on peut pas faire autrement. C’est du sport en fin de compte !
Arthur : Oui ! (rires) Mais du coup, ça change le moment. On a découvert ça avec notre premier clip, Petite femelle. C’était un plan séquence où Lou devait danser et tenir la caméra tout le long, et on ne pouvait le faire que trois fois. Par contre, pour le clip de Le Navire, on ne l’a pas fait avec une pellicule. Là, c’était plutôt les conditions extérieures qui nous ont fait nous magner ! On était dans le froid total, en bord de mer en Bretagne, en plein vent et sous la neige ! (rires) Lou avait plus de paroles et commençait à avoir les lèvres bleues, c’était compliqué pour le playback. Là aussi, on est dans une ambiance immédiate et dans un réel total.
Si vous ne deviez écouter qu’un seul album jusqu’à la fin de votre vie, qui serait l’heureux élu ?
Lou : Ce serait Once Upon a Time in America d’Ennio Morricone. Parce qu’il t’emmène dans toutes les ambiances. J’adore le film, à chaque fois que j’écoute le vinyle, je revois un peu les scènes, j’arrive à m’imaginer des histoires. Cet album est incroyable.
Arthur : Moi je dirais plutôt La Planète sauvage, la bande originale d’Alain Goraguer. Chaque instrument représente un personnage du dessin animé.
Et un film ?
Arthur : Les Ailes du désir de Wim Wenders.
Lou : Je suis d’accord. Arthur me l’a fait découvrir y a pas longtemps, et j’ai adoré ce film.
Arthur : Faut le voir ! Ça résume beaucoup de choses sur la passion, l’amour, la vie, la conscience. C’est mis en image d’une façon très poétique.
La Ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a envisagé le maintien des festivals cet été, à condition qu’ils soient assis et qu’ils ne dépassent pas la jauge de 5 000 personnes. Quel est votre ressenti face à cette annonce ?
Lou : C’est tellement compliqué… Roselyne Bachelot est très floue, c’est très agaçant. Ça change tout le temps. J’espère vraiment que les festivals vont pouvoir se faire cet été, que les jeunes vont pouvoir aller voir des concerts, même si c’est assis.
Arthur : Ce qui est absurde aussi, c’est qu’il n’y ait aucune mesure pour que les musées restent ouverts. Le risque est quand même moins important que lorsque l’on va faire ses courses. Ça ferait un bien fou à tout le monde de voir quelques œuvres… Pareil pour les cinémas.
En dehors de la musique, avez-vous d’autres passions ?
Lou : J’aime bien dessiner, faire de l’acrylique. Je fais un peu de céramique à côté également.
Arthur : Moi, je crois que c’est que la musique.
Lou : Et la boxe !
Arthur : Oui et la boxe.
Mais ton premier amour reste la musique malgré tout.
Arthur : C’est ça.
Lou : Et il y a moi aussi, quand même ! (rires)
En une phrase, que pourriez-vous dire à nos lecteurs pour donner envie d’écouter votre EP ?
Lou : Pour son côté cinématographique, pour écouter des histoires, plonger dans un monde imaginaire avec des personnages. Ainsi que voyager avec nous.
Arthur : On a essayé d’être directs dans nos intentions de composition, d’écriture, d’arrangement. C’est s’oublier là dedans, pour avoir quelque chose qui n’est pas marqué dans un style précis.
Lou : Sortir cet EP, ça nous tient vraiment à cœur. On est tellement contents de le sortir, ça nous fait trop plaisir. On souhaite aussi montrer notre évolution par rapport aux anciens morceaux.
Avez-vous d’autres projets en cours ? Une tournée, un album, une collaboration ?
Lou : On va voir pour sortir un deuxième EP très vite, comme ça quand les salles seront ouvertes, on pourra jouer les deux EP en concert. Soit carrément sortir un album, on a plein de morceaux en réserve.
Arthur : Avant de faire une belle tournée, on prend le temps de trouver une belle osmose, une belle harmonie entre nous et les musiciens, pour ensuite aller chercher des dates. On va reprendre les répétitions d’ici un mois pour être vraiment à l’aise.
Lou : On est super ouverts pour collaborer. J’ai très envie de faire un morceau et de faire chanter mes copines dessus. Pas pour le moment, mais dans le futur, oui, c’est sûr et certain.
Arthur : Avec les rencontres et les affinités qui se créent, c’est mieux quand les collaborations se font de manière spontanée et naturelle.