Cette semaine, nous avons eu la chance d’échanger avec Maxime et Pierre, alias Korin F. À l’occasion de la sortie de leur album L’Arbre Exponentiel, prévue pour avril 2021, nous avons pu plonger dans le monde de ce duo déjanté. On a parlé musique évidemment, mais aussi septième art, développement durable, et amour. Laissez-vous embarquer dans leur univers !
Propos recueillis par Augustin Guillet de la Brosse
Votre rêve d’enfant
Maxime : Quand j’étais gamin, mon oncle tenait un Vidéo Futur, et quand à l’époque le DVD est arrivé, il m’a filé toute sa collection de VHS de films d’horreurs. J’étais fou ! Il y avait du David Cronenberg, du Kubrick avec Shining, John Carpenter, Dario Argento ! Je crois qu’à ce moment-là je voulais devenir réalisateur de films d’horreur.
Pierre : Tout a basculé pour moi à 6 ans quand j’ai découvert Dragon Ball. Depuis, je recherche Master Korin pour obtenir l’eau sacrée et décupler mes forces.
Votre plus grande inspiration musicale
Pierre : Mon premier choc musical, c’était avec Ennio Morricone dans les westerns de Clint Eastwood. C’est vraiment ce compositeur qui m’a donné l’envie d’aller plus loin et de raconter des choses par la musique.
Maxime : Oulala, il y en a plein ! Ce que j’aimais surtout c’était les personnages un peu délirants. Les mecs qui arrivaient sur scène et qui faisaient des trucs chelou. Pour n’en citer qu’un, je dirai Screaming Jay Hawkins, il n’a pas eu une longue carrière mais dans ce laps de temps, il a quand même réussi à faire de la magie et du vaudou sur scène !
Un artiste plasticien favori
Maxime : Je reviens encore sur mon histoire de personnages délirants mais j’ai un petit faible pour la schizophrénie de Salvador Dalí. « Né crrraignez pas la perfectionne, vous n’y parviendrrrez jamais » Magique !
Pierre : Je trouve que le chirurgien des Kardashian fait un super job.
L’endroit qui vous inspire le plus pour composer
Pierre : Mon salon est devenu notre studio. C’est là qu’on entrepose tout, qu’on compose tout.
Le voyage de vos rêves
Maxime : Visiter l’Île de l’Arbre Exponentiel ça serait pas mal non ?
Votre vœu pour 2021
Pierre : Bah là… Après tout ça… Peut-être simplement assister ou jouer à un concert ce serait déjà pas mal. Si on se permet de rêver, sortir dans la rue sans porter de masque.
Votre époque préférée
Pierre : La nôtre. C’est confortable de se dire que je devrais sans doute dépasser les 40 ans sans être avalé par un animal sauvage.
Maxime : Ouais ton époque est pas mal. En vrai, avec sa gueule défoncée, notre siècle est plutôt un bouillonnement de formes, de reliefs, de ravins et de tempêtes, je pense qu’il n’y a pas meilleur temps pour en être observateur. Être l’œil d’une époque c’est plutôt intéressant !
Une œuvre artistique qui a changé votre vision du monde
Maxime : Bon je parle que de film depuis tout à l’heure mais j’ai quand même envie de citer Dawn By Law, de Jim Jarmusch. Je me souviens de la première fois où j’ai maté ce film, je me suis évadé avec eux quoi ! Oups spoiler. Non mais avec ces zouaves de John Lurie qui joue un proxénète à temps partiel, Tom Waits en disc-jockey et Roberto Begnini en immigré italien qui ne capte rien à l’anglais, tous les trois enfermés dans une cellule de prison… Ça ne pouvait donner qu’un chef-d’œuvre.
Pierre : C’est compliqué comme question… Il y en a plusieurs et heureusement, c’est important de rebooter son esprit ; à ce sujet on peut citer Souvenirs à Vendre de K. Dick du coup.
Un artiste avec qui vous rêvez de collaborer
Maxime : On te dit direct, si t’as le contact de Damon Albarn et Jamie Hewlett on va te braquer tout de suite !
Une chanson qui donne la pêche
Pierre : Hallogallo de Neu ! Nickel pour foncer en ligne droite.
Et parce qu’on est curieux ….
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur L’Arbre Exponentiel, votre premier album prévu pour avril?
Maxime : En vrai, on a voulu raconter l’histoire de deux mecs qui veulent s’échapper de la réalité. L’Arbre Exponentiel, c’est un peu l’analogie d’une quête de croissance infinie à laquelle on est confronté aujourd’hui ; la recherche absolue et absurde d’une économie exponentielle. Au fil de nos morceaux, on pointe du doigt les dérives de nos sociétés pour mettre en évidence une génération qui patauge dans un vieux monde.
C’est qui Baby Lou?
Maxime : Dans la chanson, Baby Lou c’est la femme que tu aimes et qui est loin de toi. Quand c’est pas dans la chanson, c’est le surnom que je donne à celle que j’aime et qui me supporte depuis tant d’années. En réalité ce texte je l’ai écrit en rentrant de Mongolie, quand je me remémorais les moments où j’étais perdu dans les steppes et que je me rendais compte que j’étais loin. Beaucoup trop loin de celle que j’aime. L’amour peut vous faire tenir, l’amour peut vous détruire, mais au bout du compte çça reste toujours une sensation forte.
Le développement durable semble être une thématique importante dans votre processus créatif. Quelle place prend-il dans votre vie?
Pierre : Alors on peut pas dire que le “développement durable” soit notre source d’inspiration (rire) même si on essaye de faire attention dans nos vie privées. En revanche, dans l’album, “l’Arbre Exponentiel” représente une économie qui ne cesse de croître avec ce que ça implique au niveau humain et bien sûr écologique. On se questionne sur le rapport aux choses qui nous définissent dans un monde qui veut aller trop vite. Dans le récit qui accompagne les morceaux avec les illustrations de Camille Chauve, on commence par une expédition dans la Fosse des Mariannes, l’endroit le plus profond de la croûte terrestre. Ce lieu regorge encore de mystère et d’inconnu, et pourtant l’humanité rêve de Mars.