Vous avez peut-être découvert Gabriel Cheurfa aka Draumr cet été lors de la sortie de son single Sunlight Tryst. Le musicien et producteur parisien débarque enfin avec son premier album Drawn-Out Daydream qui sort demain. On entre dans cet album comme Sheeta entre dans la forêt dans Le château dans le ciel. Voyage mystique et onirique, Draumr a su façonner un univers qu’on ne souhaite pas quitter. Alors rendez-vous dans les dessous de la création de cet album avec un nouvel épisode de “dans la tête de…”. 

Crédits photo : Théo Robin Meyer

Propos recueillis par Eva Darré-Presa

Ta première émotion musicale

Les Beatles ont été responsables d’une réelle émancipation musicale pour moi. Quand j’ai écouté les morceaux Because ou Here, There and Everywhere, ma vie a fondamentalement changé. J’ai pris conscience à ce moment-là de la richesse incroyable de leur catalogue et du potentiel que pouvait avoir un artiste. Ces chœurs incroyablement maitrisés et cet univers tellement vaste, c’était tout simplement magique. Je n’ai toujours pas pu m’arrêter de les écouter en boucle encore à ce jour.

Un album qui te transporte dans un autre univers 

Person Pitch de Panda Bear. C’est un voyage sensoriel. Peu d’artistes ont eu un impact aussi important dans ma vie. C’est le cas de Noah Lennox, le membre du groupe Animal Collective derrière le projet solo Panda Bear. C’est un maître en la matière, il joue avec les samples et les sons étranges pour créer un tout harmonique et enchanteur, transportant l’auditeur dans un monde incomparable. Je recommande grandement cet album, c’est une référence ultime pour moi.

Un.e artiste avec qui tu aimerais faire un feat 

Emmanuelle Proulx, la chanteuse du groupe Men I Trust (ainsi que le groupe entier). Elle a une voix magnifique, d’une douceur, d’une sensualité et d’une justesse sans égal.

Image tirée du clip “Sage Green Eyes”

Un film dont tu aurais pu composer la BO

La Cité des enfants perdus de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet. Même si je ne serais jamais arrivé à la cheville d’Angelo Badalamenti, j’aurais adoré me prêter à cet exercice pour ce film. Sûrement car c’est probablement ma bande originale favorite, et un de mes films préférés.

La musique à écouter la tête posée contre le hublot d’un avion, au cœur des nuages

L’album Foreign Body du groupe Mirrorring. Il vous sort de votre corps, c’est une expérience unique et transcendantale. Il n’a pas de frontières, ni d’origine. C’est pourquoi il a sa place dans le ciel et les nuages.

L’endroit où tu te sens le mieux pour composer 

Ibiza. C’est l’endroit où j’ai grandi et où je me sentirai toujours le mieux. J’ai passé les deux confinements là-bas, dont le premier tout seul. C’était une chance et un vrai bonheur. Ce premier album a également été composé et enregistré en très grande partie là-bas. Il garde cette empreinte et cet amour que j’ai pour cet endroit magique.

Un.e artiste plasticien avec qui tu aimerais travailler 

Michel Gondry. Travailler sur un clip ensemble, ou bien seulement une photo ou un décor, ce serait vraiment fantastique ! Mais au-delà du simple rêve de collaborer avec lui, je suis persuadé que nous pourrions faire quelque chose d’extraordinaire.

Une chanson qui te permet de bien commencer la journée 

Anchi Bale Game de Admas. Cette chanson donne l’impression que tout va bien se passer, quoiqu’il advienne.

Un souvenir marquant de concert (où tu as joué ou auquel tu as assisté) 

J’ai vu Roger Waters à Bercy en 2011. Il ressuscitait sa tournée The Wall. J’ai rarement assisté à un show aussi magique et impressionnant.

Un conseil pour tenir jusqu’à 2021

Rapprochez-vous des gens qui vous aiment et prenez le temps d’écouter le silence autour de vous.

Et parce qu’on est curieux…

Qu’est-ce que ça fait de sortir son premier album ?

C’est un vrai bonheur de pouvoir enfin partager ces chansons, j’y ai mis toute mon âme, et j’en suis très fier. C’est une consécration pour un artiste, mais aussi un vrai challenge. Il y a 5 ans, je n’aurais jamais cru ce projet possible, c’était juste un rêve.

Maintenant qu’il existe, je suis en lévitation. C’est un album une nouvelle fois très introspectif, mais qui parle de sujets universels. J’espère que certaines personnes pourront y trouver du réconfort, de l’amour et du rêve.

As-tu fait face à des difficultés pour finaliser ton album au vu des conditions actuelles ? 

Pas vraiment. J’ai toujours aimé et eu la chance de pouvoir prendre mon temps dans ce projet. Il est très important d’avoir du recul, afin de se sentir un tant soit peu satisfait, complet. Le processus de création et d’enregistrement des titres aura pris un an, puis l’aspect graphique une année et demie de plus. Le seul problème que je rencontre maintenant que tout est (presque) terminé de ce côté-là, c’est bien évidemment de ne pas pouvoir jouer en concert. Nous aimerions beaucoup présenter notre nouveau show devant un public et partager tous ces nouveaux morceaux en live.

Tu as co-réalisé Sage Green Eyes avec Maxence B. Cardon. Comment s’est passée cette nouvelle collaboration ?

Comme d’habitude, les planètes se sont alignées. Nous sommes toujours aussi fusionnels sur les idées, et sur l’histoire que je veux raconter, avec l’aide précieuse du chef opérateur avec qui nous adorons travailler : Théo Robin Meyer.

Pour ce clip, nous avons vraiment essayé de jouer avec l’œil du spectateur. Beaucoup d’effets visuels ont été réalisés de manière réelle, sur le plateau, avec quelques “easter eggs” dissimulés à certains moments, comme pour Elsewhere Forever et Sunlight Tryst. Il y a tout le temps des indices sur mes prochains morceaux, visuels ou clips dans chacune de nos vidéos. Ça nous amuse beaucoup de faire ça, même si je pense que personne ne les a remarqués ! Ceux qui ont été attentifs ont même pu m’apercevoir pendant un très court instant dans le clip de Sage Green Eyes.

Si tout se passe bien, il risque d’y avoir une dernière surprise autour de l’album en 2021 !

Pour retrouver Draumr sur Instagram, c’est par ici.