Cinquième film de Gaspar Noé, Climax nous entraîne dans un huis-clos lors d’une soirée d’une troupe de danse parisienne avant son départ pour les États-Unis. D’une grande salle à des couloirs sans fin, la narration tient en une nuit d’épouvante qui entraîne la dégradation, voire la mort, de ces danseurs professionnels qui vont vivre une nuit éprouvante. Mais pourquoi aller voir Climax de Gaspar Noé ?
Article écrit par Eva Darré-Presa
Pour la photo sous acide de Climax
Des lumières rouges ou vertes, des plans souvent pris en totale plongée qui nous entraînent dans un tourbillon d’horreur de plus en plus intense, l’image de Climax est perturbante, fluide et totalement sous acide. Les longs plans séquences rarement entrecoupés de plans fixes tiennent le spectateur en haleine, la peur au ventre de voir apparaître une scène encore plus tripante au prochain angle du couloir. Caméra sous ecstasy et corps désarticulés n’aboutissent qu’à un horrifique cocktail de drogue, de sexe et de mort.
Parce que c’est un film sur la danse, et que la danse, ils maîtrisent
Chacun partira dans son trip petit à petit, et la danse deviendra elle-même une vision d’horreur sans fin. D’un groupe uni et parfaitement coordonné qui viendra ouvrir le film de manière magistrale, à des êtres esseulés qui dansent encore et toujours et que seule la mort semble pouvoir arrêter, Gaspar Noé précise sa volonté de mettre en scène des danseurs plus que des acteurs.
Danse rime également avec musique grâce à une B.O phénoménale articulée autour de Supernature de Cerrone et allant de Daft Punk à Kiddy Smile en passant par les Stones ou encore Thomas Bangalter. Du funk, de l’électro et du rock, on en redemande volontiers. La playlist est d’ailleurs à écouter sur Spotify juste ici.
Parce que la drogue c’est mal, même au cinéma
Tout part d’une substance déversée dans de la sangria après une dernière répétition. Et ce qui rend Climax le plus angoissant, c’est le réalisme de l’effet de la drogue sur chaque danseur. Car chacun aura sa manière de partir en vrille, entre violence, pulsions sexuelles et panique contagieuse. La déconstruction de la troupe sera rendue encore plus réaliste grâce à la première scène du film, un casting diffusé sur un poste de télé qui présente la personnalité de chaque danseur.
Le film contient une vision très pessimiste de la vie et des comportements humains, centrés autour de l’hédonisme. Noé nous le dit clairement : l’hédonisme est un mal qui ne mènera qu’à la perte et à la destruction. Mise à part les scènes de danse, les personnages ne sont que rarement filmés à plus de trois et sont tous préoccupés par leurs propres problèmes. Le salut disparaît quand le corps, articulé par la troupe dansante, disparaît derrière l’égo du trip.