Aujourd’hui je vais vous parler de deux films présentés durant le Champs-Élysées Film Festival, deux films qui n’ont strictement rien à voir l’un avec l’autre : Slow Machine de Joe DeNardo et Paul Felten et Le Kiosque d’Alexandra Pianelli.
Article écrit par Simon Zytka
Slow Machine de Joe DeNardo et Paul Felten
Commençons par Slow Machine, étrange film s’il en est. On suit Stéphanie, une actrice new-yorkaise qui à l’air de traverser un passage à vide. Elle rencontre alors l’étrange Gérard, policier expert dans la lutte anti-terroriste. Enfin, c’est ce qu’il dit. Une relation des plus étranges va se créer entre les deux personnages avant que Stéphanie ne décide de partir avec Jim, ingénieur du son d’un groupe de musique.
Si le résumé vous paraît étrange, le film l’est d’autant plus. Presque rien n’est expliqué, et les actions s’enchaînent, se mêlant temporellement les unes aux autres. On n’arrive jamais vraiment bien à saisir ce qui est réel et ce qui rêvé ou imaginé. Si cela ajoute au flou onirique constant du film, l’hypnose qu’il peut en découler cède souvent le pas à l’ennui et l’envie de réponses, même minimes. Tout est déconnecté, les acteurs semblent jouer chacun de leur côté, les scènes ne se répondent pas, l’image ne va pas avec le son. À part Gérard, aucun personnage n’est présenté au spectateur et j’en ai plus saisi sur certains en lisant le résumé officiel qu’en regardant le film. Il y a sûrement une explication à tout cela, et discuter avec les réalisateurs pourrait être très intéressant, car si le film est peu compréhensible, il n’est pas creux. On sent qu’il y a quelque chose derrière mais peut-être que tout cela est trop dilué par une envie de perte de repères spatiaux et temporels.
Slow Machine c’est un film qui prend donc un peu trop son temps, et qui te laisse à la fin avec plus de questions qu’au début, et pas la moindre idée de réponses. Entre film absolument indépendant et art-vidéo par moment, il semble avoir laissé plusieurs spectateurs du CEFF sur la touche (ce qui me rassure). C’est dommage car quelques plans sont plutôt chouettes et le grain de la pellicule apporte un plus indéniable.
Le Kiosque d’Alexandra Pianelli
Le Kiosque n’a, pour le coup, rien à voir avec le film précédent : documentaire se présentant comme le journal filmé d’Alexandra Pianelli, la réalisatrice, qui vient à Paris aider sa mère pour tenir un kiosque à journaux, c’est un film léger, touchant, mais aussi informatif sur le métier. Ce kiosque est tenu par sa famille depuis quatre générations nous explique la réalisatrice au début du film en nous montrant les traces de doigts laissées par ses ancêtres dans les petits bacs pour rendre la monnaie. Impressionnant d’imaginer une famille évoluer, génération après génération, dans ce tout petit lieu, qui fait à peine deux mètres de long à l’intérieur pour moins d’un mètre de large. Et cette idée de famille, de lien, on la retrouve dans le film : entre la réalisatrice et sa mère bien sûr, mais surtout entre la vendeuse et les clients, souvent habitués, qui viennent acheter leurs journaux, discuter un moment, ou s’échanger de la nourriture devant ce lieu où ils passent tous les jours et qu’ils connaissent bien à présent. Il y a Mme Pioupiou, Mariush qui apporte toujours à manger, Damien le SDF qui perd toujours sont chat, et tant d’autres. En plus de capturer tout ces moments très humains grâce à son téléphone portable, la réalisatrice nous parle de comment marche la presse papier de nos jours, et même si, face à un client, on sourit, à plus grande échelle le tableau s’assombrit, car le secteur est en crise, et avec le développement constant du numérique, cela ne va pas en s’améliorant.
Bref, je ne veux pas trop en dévoiler, car c’est vraiment un documentaire des plus touchants, où le spectateur devient, pendant quelques mois, vendeur de journaux dans un kiosque à Paris, avec tout les bons et les mauvais côtés. Un film plein de cœur et empli d’amour pour ces rencontres quotidiennes qui nous font sourire, même si elle ne durent parfois qu’un instant.