Malgré les cinémas encore fermés et les normes de sécurités sanitaires, le Champs-Élysées Film Festival a tout de même lieu, mais en ligne ! Ce qui est une bonne nouvelle car ça me permet de voir des nouveaux films et de vous en faire un retour en restant vautré sur mon canapé.
Article écrit par Simon Zytka
Pour la soirée d’ouverture du Champs-Élysées Film Festival, j’ai pu découvrir en avant-première le film Jumbo écrit et réalisé par Zoé Wittock (sortie en salles le 1er juillet). Le film raconte l’histoire de Jeanne, jeune femme très introvertie travaillant de nuit dans un parc d’attraction et qui va tomber amoureuse d’une des attractions du parc : Jumbo. Au grand dam de sa mère, la délurée Margarette qui souhaite une « vraie » relation pour sa fille.
Si on peut saluer la photographie et certains cadrages du film, on ne restera pas devant pour autre chose. Le ton est trop confus, l’histoire avance en sursaut, sans aucune évolution graduelle et les personnages, malheureusement pas très bien écrits, ne permettent pas à leur acteurs de bien les jouer. Le spectateur ne saisit jamais vraiment la teneur des relations entre les différents personnages, que ce soit entre Jeanne et sa mère, Jeanne et Marc (le boss de Jeanne) ou même Jeanne et Jumbo. Le film tourne autour de ces quatre personnage, encen Jumbo. Celui auquel je me suis le plus attaché, c’est Hubert (le plan cul de la mère de Jeanne) parce que c’est le seul qui n’a pas de réactions totalement connes tout le temps. Même l’attirance de Jeanne pour Jumbo, pourtant point le plus important du film, est étrangement amenée. Lors du premier contact entre la jeune femme et l’attraction, Jeanne nettoie les ampoules du manège. Mais on ne voit même pas qu’il s’agit de Jumbo : aucun plan ne nous le montre, et dès la nuit suivante, elle est folle amoureuse de l’attraction. Tout cela est certainement fait pour créer une sorte d’onirisme et montrer le décalage entre Jeanne et les autres personnages, mais ça ne fonctionne pas vraiment.
Si les acteurs avaient sûrement de la bonne volonté en jouant dans le film, le résultat à l’écran n’est pas fameux. Emmanuelle Bercot est toujours à côté de la plaque dans le rôle de la mère et on ne croit jamais vraiment au personnage de Jeanne, pourtant incarné par Noémie Merlant. On a l’impression que ses seules directions ont été : « un personnage timide, qui parle peu, qui n’est pas très social et qui se coiffe comme Amélie Poulain ». Bref, c’est assez décevant pour le coup de voir des actrices de qualité galérer comme ça dans le film à cause de son écriture. Les dialogues sont juste très mauvais, rien ne sonne vrai dans la bouche des acteurs et c’est assez douloureux à entendre par moment, tellement la plupart sonnent clichés.
Si l’idée originale est intéressante et aurait pu donner un gentil drame avec un soupçon de SF, le résultat ne convainc pas. En regardant le film, on a l’impression de voir un patchwork d’inspirations différentes jetées sur l’écran. On a du mal à trouver une cohérence visuelle. Wittock invoque Under the Skin dans son long-métrage et certains plans font grandement penser à Rencontres du troisième type de Steven Spielberg, mais aucun juste milieu n’est atteint et une scène donne même l’impression de regarder un clip sans musique. Quant à la dernière scène, je peine sincèrement à la relier à n’importe quel autre moment du film.
Pour conclure, entre le drame familial, le film d’horreur ou même la SF, Jumbo ne réussit jamais vraiment à aligner correctement les différents genres qu’il convoque, et si c’est pour voir un humain tomber amoureux d’une machine, je préfère revoir Christine de John Carpenter. En voulant faire de son film une fable sur l’acceptation et l’amour quel qu’il soit, Zoé Wittock se perd avec une écriture trop faible et des personnages pour lesquels on ne développe aucune empathie. On retiendra surtout la photographie de Thomas Buelens, qui a pu s’amuser avec les lumières de l’attraction, et certains plans qui doivent être vraiment chouettes à voir sur grand-écran. On remarque enfin l’affiche, qui est vraiment très belle.