Depuis maintenant quelques mois, la chanteuse de 39 ans est sujet à de nombreux articles dans la presse. On aurait d’ailleurs aimé y apprendre l’annonce d’un nouvel album, d’une collaboration, d’une tournée. En 2019, Britney Spears a pris la décision de mettre en parenthèse sa carrière de superstar, afin de mieux s’occuper de son père malade. Malheureusement, le triomphe de Britney s’est transformé en injuste descente aux enfers.
Article écrit par Julie Guillaud
« Monter sur scène, danser, chanter, ce n’est pas toute ma vie. C’est un à-côté. Dans l’avenir, je me vois avec des enfants et un mari. », confiait Britney Spears à une journaliste au cours d’une interview pour la télévision américaine au début des années 2000. Seulement, les plans de la superstar ne se sont pas déroulés comme elle l’entendait. Depuis 1991, la pétillante blonde aux traits angéliques apparaît sous le feu des projecteurs. D’abord au sein du Mickey Mouse Club jusqu’en 1993. Elle fait même une apparition remarquée dans la série Sabrina, l’apprentie sorcière en 1999, aux côtés de Melissa Joan Hart, pour y interpréter le tube (You Drive Me) Crazy.
La suite, on la connaît. Entre 1998 et 2018, neuf albums studios se vendent à des millions d’exemplaires, des productions couronnées de succès. Entre autres, six MTV Video Music Awards, sept Billboard Music Awards, un Grammy Award pour Toxic en 2004, désignée meilleure chanson dance. Surmédiatisation, jeunesse envolée, rudes exigences quant à l’image à renvoyer aux fans, le craquage des célébrités au succès mondial n’est jamais bien loin. Britney en a subi les frais, son père, James Spears, a profité de la détresse de sa fille pour s’enrichir.
L’année 2008, Britney n’est plus
Impossible d’être passé à côté de Britney le crâne rasé. Âgée de 27 ans à l’époque, elle est en réalité en pleine détresse psychologique. Le 16 février 2007, sous les yeux des paparazzis, la chanteuse apparaît chauve. Dans le documentaire Britney Spears : Breaking the Point, deux témoins reviennent sur cette action.
Esther Tognozzi, la gérante du salon de coiffure, dévoile qu’elle a refusé de s’occuper de ses cheveux, malgré la demande de Britney. Cette dernière s’est emparée de la tondeuse, se retrouvant littéralement mise à nu : sans cheveux et à la vue de tous. « Elle avait deux gardes du corps qui devaient s’assurer que personne ne prenne de photo d’elle. Mais l’un d’entre eux n’arrêtait pas d’ouvrir les rideaux », précise la coiffeuse.
Décidée à s’enticher d’une liberté qu’elle a déjà perdu, Britney s’en va se faire tatouer. Emily-Wynne-Hughes, tatoueuse, ne pensait pas rencontrer la chanteuse en cette soirée de février. Intriguée, elle lui demande : « Pourquoi t’es-tu rasée la tête ? », ce à quoi répond l’intéressée : « Je ne veux plus que qui que ce soit touche mes cheveux. Plus jamais, qui que ce soit. Je n’en peux plus de toutes ces personnes qui touchent mes cheveux. » Lourd de sens, quand on sait que la chanteuse a été placée sous tutelle depuis.
À la suite de cet épisode, Britney est internée en hôpital psychiatrique et perd la garde de ses deux enfants, Sean et Jayden, issus de son union avec son ex-mari, Kevin Federline. Coup dur. Le 1er février 2008, la sentence tombe : le père de Britney obtient le placement sous curatelle de sa fille. Les tribunaux acceptent que celui-ci obtienne l’entière responsabilité, notamment financière, concernant sa progéniture. La mesure judiciaire se partage entre James Spears et l’avocat Andrew Wallet, gérant ainsi une fortune estimée à plus de 50 millions de dollars, sans que Britney ait son mot à dire.
#FreeBritney, l’éveil des consciences
Selon la décision rendue, la curatelle ne devait durer que jusqu’à la fin de l’année 2008, ou dans tous les cas, si Britney présente « signes d’amélioration durable de son état mental ». En vain : cela fait aujourd’hui treize ans que Jamie Spears continue toujours de gérer sa vie de A à Z.
Les fans ont commencé à s’inquiéter. Dès 2009, surgit le hashtag #FreeBritney lancées par les Américaines Tess Barker et Barbara Gray, admiratrices depuis toujours. Il est scandé sur les réseaux sociaux à chaque fois que la curatelle est discutée devant les juges. Mais #FreeBritney prend considérablement de l’ampleur depuis le premier confinement. Comme bon nombre d’artistes, Britney Spears publie régulièrement des vidéos sur Instagram et TikTok. Certains fans s’inquiètent et remarquent qu’elle a le regard fuyant. Alors, ils s’empressent de commenter « Porte un haut jaune si tu te sens en danger ! » Coïncidence ou non, la chanteuse apparaît en jaune à la vidéo suivante. Dans les commentaires, les internautes mentionnent à tout va le compte Instagram du FBI.
Plusieurs médias comme le podcast Britney’s Gram ou encore des célébrités telles Miley Cyrus et Rose McGowan jugent que la star est en danger. Une information, provenant non confirmée, circule : James Spears aurait interné de force sa fille et aurait annulé ses concerts après avoir exprimé le souhait de ne plus vouloir prendre ses médicaments.
De son côté, Britney Spears appelle au calme et rassure à l’aide d’une publication : « Je sais que certains n’aiment pas ou ne comprennent pas mes posts. Mais c’est juste moi heureuse. » Le doute persiste, les fans ne sont pas convaincus. Le New York Times rappelle que depuis le jugement de la curatelle en 2008, « les détails n’ont pas été rendus publics, pas plus que son état mental ou son diagnostic. »
Malgré des problèmes de santé rencontrés en 2019, James Spears n’a pas mis fin à la curatelle. Pendant un an, Jodi Montgomery, une tutrice professionnelle, l’a remplacée. En août 2020, Britney Spears sort du silence et a exprimé via son avocat Samuel Ingham cette semaine qu’elle souhaitait arrêter l’emprise de son père sur sa personne et ses biens. La mère de Britney, Lynne Spears, la soutient dans ses démarches et souhaiterait aussi que la curatelle se déroule convenablement à l’aide d’un professionnel neutre.
Point mort le 21 août, puisque la justice continue de donner raison à James Spears, qui se doit de gérer la carrière et la vie privée de sa fille au moins jusqu’au 1er février. Entourage et fans de Britney ne se laissent pas abattre : tous participent et soutiennent les manifestations organisées dans la rue à travers les États-Unis.
L’onde de choc du documentaire « Framing Britney Spears »
Disponible depuis le mois d’avril sur Amazon Prime Vidéo, cette enquête du New York Times dévoile comment Britney a été détruite par son succès. Les révélations sont fracassantes : tour à tour, la parole est donnée à des proches de la chanteuse, à des avocats des deux parties, à d’anciens collaborateurs. Certains précisent que Britney Spears, consciente de la curatelle à venir, souhaitait absolument que son père ne soit pas son tuteur. Ce dernier a été absent avant qu’elle ne devienne célèbre et se serve de cette curatelle pour se faire de l’argent sur personne jugée vulnérable, bien que les détails des dossiers médicaux ne soient pas connus. La curatelle apparaît alors comme « un modèle d’entreprise hybride », comme il l’est indiqué dans une requête judiciaire.
Le documentaire angle différemment quant à la carrière de Britney. Seule artiste féminine à avoir véritablement réussi à s’imposer face aux boys bands de l’époque, elle a sans arrêt été poursuivie par les médias et rattrapée par les critiques abusives. Jugée tantôt trop sexy, tantôt trop provocante, on comprend pourquoi cette icône a perdu les pédales.
Si le New York Times a tenté de joindre directement Britney Spears pour lui demander de participer à ce projet, le documentaire précise à la fin qu’ « il n’est pas sûr qu’elle ait reçu ces demandes », bien qu’elle ait qualifié ce documentaire « d’hypocrite ». Quoi qu’il en soit, la curatelle va peut-être enfin prendre un nouveau tournant le 23 juin prochain, date à laquelle Britney Spears prendra à nouveau la parole devant le tribunal. Son avocat demande à ce que son père ne soit plus le tuteur. « Britney veut s’adresser au tribunal directement » a-t-il précisé au cours de la dernière audience.