Les lieux culturels ont enfin rouvert et certains festivals ont la chance de pouvoir être maintenus. Parmi eux, le Très Court International Film Festival, qui se déroule du 4 au 13 juin 2021, pour sa 23e édition. Face à la situation sanitaire, cette édition est hybride, entre petits et grands écrans, les spectateurs peuvent découvrir la programmation en extérieur ou en ligne. Avec des films Très Courts, répartis dans 3 compétitions et 4 sélections thématiques, ce festival fait découvrir des productions audiovisuelles issues du monde entier. Une règle : des formats de moins de 4 minutes. Nous avons rencontré Anne-Sophie Jacques, coordinatrice générale pour la première fois au festival, qui revient sur son travail et les enjeux de ce festival atypique.

Propos recueillis par Maude Vuillez 

En quoi consiste votre travail de coordinatrice générale ?

Le boulot consiste à ce qu’au bout, il y ait un festival qui sorte ! (rires). Il faut penser aux réseaux, aux villes concernées. On reçoit entre 2000 et 3000 films qui viennent du monde entier, il y a donc une étude de présélection pour savoir qui les visionne pour sélectionner ceux qui vont être finalement diffusés. Il faut également prendre contact avec les réalisateurs dont le film est sélectionné ainsi que constituer un jury. La communication est essentielle, surtout qu’au festival s’ajoute un Marathon 48h. Coordinatrice générale est un vrai travail d’organisation, avec des partenaires qui partagent les mêmes valeurs, comme pour « Paroles de Femmes ». En tout cas, on était très heureux, enthousiastes, de savoir que notre travail pour cette année n’était pas vain.

Qu’est-ce que « Paroles de Femmes » ?

C’est une sélection de films qui interrogent la place des femmes dans la société et on fait ça depuis 12 ans. Les films ne s’offrent pas tant comme un lieu de dénonciation mais mettent en lumière la puissance des femmes. Ce sont des films qui dénoncent les violences dont elles sont victimes mais aussi et surtout, il s’agit d’un regard des femmes sur le monde. La programmation de cette sélection est pensée ainsi.

Quoi qu’il arrive, Mathilde Cotillon (France), compétition Paroles de Femmes.

Comment se passe l’organisation à l’international et certains films sont-ils soumis à la censure ?

Ce ne fut pas simple, il faut en effet penser à l’ensemble du réseau. Ce festival a lieu au Canada, en Egypte, en Grèce, en Irlande, au Maroc, aux Etats Unis… Contrairement à l’année dernière où tout était en ligne, nous proposons cette fois une édition hybride. Certaines villes peuvent ouvrir leurs cinémas et accueillir un public, d’autres toujours pas. Pour la censure, il y en a une en Chine, mais on pourrait parler de censure préventive, que certains thèmes sont de toute façon refoulés. Sinon, c’est assez libre, je pense notamment à l’Inde. Il y a trois salles ouvertes, à Pune, Mumbai, Delhi et ils prennent sans aucun problème l’ensemble des films comme ceux de « Paroles de Femmes ».

Quel genre marche le mieux pour un format 4 minutes ?

Il n’y a pas de thèmes ou de genres à proprement parler. Il y a vraiment de tout, c’est incroyable comme ce format peut interroger toutes les facettes… questions autour du genre, catastrophes qui ont lieu au Moyen-Orient, l’écologie, l’angoisse d’un quotidien… c’est une programmation d’une grande richesse. Mais comme il y a une grosse sélection, il est vrai que nous avons tendance à choisir des thèmes qui nous intéressent d’emblée. Il y a des sujets qu’on ne veut pas mettre en avant. Par exemple, on a fait le choix de ne pas diffuser des films sur le covid… sauf quand c’est foncièrement politique. Mine de rien, c’est un festival qui est engagé, plutôt militant, familial, c’est pas Cannes ou Deauville mais c’est de qualité ! 

Pourquoi se rendre au Très Court International Film Festival et pas un autre ?

C’est du cinéma à fond et on en a été beaucoup privé ! Je dirais d’aller particulièrement à ce festival car il est certain à 99,9% que le spectateur sera chamboulé par ce format ! La preuve, les réactions du jury sont unanimes : « waouh !! » C’est la force de ces films, nous sommes charmés, ils sont ancrés en nous, puissants, profonds. En 4 minutes, il faut réussir à dire ce que l’on veut dire et c’est fabuleux.  

Pour plus d’informations sur le festival et sa programmation, c’est par ici. Et pour savoir dans quelles salles visionner les films, c’est !

2019 – Julie Boutteville, (France), sélection française.