Les rues de New York sont de véritables plateaux de tournage. Que ce soit dans les films ou les séries, la Grosse Pomme a vu ses monuments les plus célèbres devenir des lieux iconiques où se rencontrent des personnages pour déjeuner, s’embrasser ou être kidnappés par un singe géant. Il serait difficile d’évoquer tous les films qui se déroulent à New York, qu’ils aient été réellement ou non tournés là-bas. Qui dit New York au cinéma, dit forcément Woody Allen et son fameux Manhattan (ou même plus récemment avec Un jour de pluie à New York). On pense au baiser échangé en haut de l’Empire State Building dans Elle et lui de Leo McCarey. Encore, comment oublier la bande d’amis new-yorkaise qui passe ses journées au Central Perk ? On pourrait même évoquer la série Gossip Girl qui, depuis 2012, s’est vu offrir un jour officiel par le maire de New York pour les bénéfices que la série a apporté à la ville.

Crédits : Marion Marty

Article écrit par Eva Darré-Presa

Sans doute qu’en pensant à New York au cinéma, vous aurez d’autres images que les nôtres en tête. Sans doute que d’autres volets de cet article arriveront par la suite pour continuer à parler de la ville qui ne dort jamais au cinéma. Pour ce premier opus, nous avons choisi des films d’époques variées afin de montrer New York et ses différents quartiers sous des jours différents. Alors, prêts à découvrir des parties de la ville à travers cinq regards de cinéastes ?

Panique à Needle Park de Jerry Schatzberg (1971)

Avec Panique à Needle Park, il est définitivement l’heure de dire adieu aux drogues douces qui servaient de carburant à tout le Nouvel Hollywood pour entrer dans une aire plus dure, jonchée de seringues et de petites pochettes transparentes pleines de poudre blanche. Car la période peace and love est sur sa fin en 1971 quand Schatzberg signe le film qui fera d’Al Pacino le monstre de cinéma que nous connaissons aujourd’hui. Il interprète ici Bobby, un paumé en proie aux drogues dans un New York gris et froid. Dans une forme presque documentaire, Panique à Needle Park raconte l’histoire de deux drogués, ignorants de la dépendance et du monde extérieur qui s’aiment malgré tout et malgré les autres. Aux côtés d’Al Pacino, Kitty Winn, au jeu tout aussi naturaliste, porte la folie d’une époque mouvementée. Ce film sera le premier à décrire point par point les ravages de la drogue sans les sentimentaliser. Le spectateur devient le témoin d’une génération perdue qui se pique dans des squats. Aucun jugement pourtant dans la caméra de Schatzberg qui passe du rôle de photographe de mode à réalisateur d’un cinéma du réel. Le son est abrupt lui aussi : pas de musique, seulement les bruits de la ville, assourdissants et omniprésents, comme pour mieux souligner la détresse inhérente à la vie urbaine.

Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (1984)

New York oui, mais un New York d’antan. Sergio Leone ne signe pas un western avec son dernier film mais une fable de 3h40 sur la vie de Noodles, un gangster juif interprété par Robert de Niro. Installé dans une fumerie d’opium de Chinatown, Noodles va se laisser envahir par ses souvenirs, entrainant le spectateurs dans de nombreux flashback. De sa jeunesse dans le Lower East Side au pied du Williamsburg Bridge jusqu’à une promenade au bord de l’East River, en passant par des lieux réinventés comme la scène à Grand Central en réalité tournée à Paris (mais promis, on vous parlera de cette gare dans un prochain épisode…), Il était une fois en Amérique est une carte authentique de New York. Véritable mélange des genres cinématographiques constituant une recherche du temps perdu, il faut absolument se laisse porter par la vie de ce gangster de pacotille. On vous promet que vous ne verrez pas le temps passer.

Crédits : Marion Marty

Brooklyn Boogie de Wayne Wang et Paul Auster (1995)

Suite de Smoke réalisé la même année, il suffirait d’évoquer le casting incroyable de Brooklyn Boogie pour donner envie de le voir : Harvey Keitel, Lou Reed, Madonna, Jim Jarmusch, et bien d’autres font de ce métrage un film à voir absolument. À Brooklyn, Auggie Wren tient un petit supermarché dans lequel les habitants viennent discuter. Véritable lieu de vie du quartier, les histoires s’enchaînent, oscillant entre grosses disputes, discussions sur la cigarette ou vente de montres. Ces petites séquences, nous rappelant le futur Coffee and Cigarettes de Jim Jarmusch, sont entrecoupées par des entretiens avec de véritables Brooklynois, qui fourmillent d’anecdotes. À la fois drôle et touchant, particulièrement bien écrit par le scénariste et écrivain Paul Auster, Brooklyn Boogie nous donne envie de rencontrer ces personnages hauts en couleur qui font le quartier.

Soyez sympas, rembobinez de Michel Gondry (2008)

Un peu de triche avec ce film mais comment passer à côté de ce chef d’œuvre de Michel Gondry dans lequel Jack Black et Mos Def tournent des films pour remplacer les cassettes qui ont été effacées dans le vidéo-club pour lequel ils travaillent. Même si le film a été tourné dans une petite ville du New Jersey, à treize kilomètres de Manhattan, pour échapper aux habitants de la grande ville, on peut retrouver des lieux emblématiques de la Grosse Pomme, notamment lors du tournage du remake de Ghostbusters et de la fameuse scène de chasse aux fantômes dans la New York Public Library.

Frances Ha de Noah Baumbach (2012)

Film iconique de la filmographie de Noah Baumbach mettant en scène Greta Gerwig, Frances Ha est une véritable déambulation dans les rues new-yorkaises. Jeune danseuse de 27 ans, Frances vit en colocation avec sa meilleure amie Sophie. Mais quand cette dernière décide de prendre un autre appartement, la vie de Frances tourne un peu au désastre. Film mélancolique sur le passage de la vie d’étudiante à la vie d’adulte, Frances Ha nous rappelle cette chose difficile qu’est le fait de grandir. On a pourtant envie d’aller à une fête avec elle et de prendre un taxi puisque le métro de la ligne F ne passe plus, de fumer une clope à la fenêtre d’un appartement de Brooklyn ou de courir chercher un distributeur quand notre carte ne passe pas au restaurant. En bref, on n’a pas envie de grandir.

Crédits : Marion Marty

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