Il y a deux ans, on vous proposait de (re)découvrir 9 films qui avaient marqué le Festival de Cannes. Alors pour continuer notre exploration du cinéma international primé dans l’un des plus beaux festivals du monde, on vous propose quatre films qui ont marqué le Festival de Cannes… puisqu’ils ont reçu la Palme !
Fahrenheit 9/11 de Michael Moore (2004)
S’il y a bien une définition au terme « controverse », il s’agit forcément de Fahrenheit 9/11. D’abord parce que Michael Moore, réalisateur et scénariste du documentaire, s’attaque droitement aux problèmes de l’Amérique début 2000. Aussi, bien que le film ait remporté la Palme d’or à Cannes en 2004, il fut projeté non pas dans une des grandes salles du Palais des festivals, mais dans un cinéma cannois, sous l’impulsion de Miramax, producteur du documentaire et de Quentin Tarantino, président du jury de l’époque. Beaucoup ont critiqué cette effervescence autour de la séance. Pour certains, la récompense serait influencée par la relation Moore-Miramax-Tarantino.
Fahrenheit 9/11 paraît dans un contexte d’élections présidentielles américaines de 2004, opposant George W. Bush pour un second mandat et John Kerry. Durant deux heures, dans un flot d’images judicieusement bien choisies, le film développe son réquisitoire contre Bush fils. Les révélations sont nombreuses : truquage lors du dépouillement des votes en 2000, soit lors du premier mandat de Bush, doute concernant l’existence de liens entre les familles Bush et Ben Laden, conférences exclusives au sujet de l’invasion américaine de 2003 en Irak, Moore a passé chaque pan du débat politique au crible. Il ne s’agit là ni vraiment d’un film, ni d’un documentaire. Juste l’éclatement d’une vérité dissimulée.
Pour mieux comprendre l’engouement autour du film :
Julie Guillaud
Le Monde du Silence de Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle (1956)
Et parfois, on ne sait sur quel pied danser, le bateau tangue. Réalisé par Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle, Le Monde du Silence fut un documentaire novateur et singulier pour son époque, qui fait encore parler de lui. Accueilli à bras ouvert par la critique, subjuguée par ces prises de vue sous-marines en couleur, de l’équipe du Calypso, dans les mers et Océans, le film finit néanmoins par diviser l’opinion publique. Dans les années 90, face à la prise de conscience des enjeux écologiques, certaines scènes deviennent soudainement insoutenables, comme le massacre de requins ou la destruction d’un récif corallien à la dynamite. Que peut-on montrer ? Que peut-on accepter ? Doit-on tolérer les erreurs du passé ? Finalement, c’est peut-être par la violence des images que l’on peut inciter à la réflexion et à l’action. Le Monde du Silence a remporté la Palme d’Or en 1956, s’imposant dans la lignée de ces œuvres qui sensibilisent à la préservation des Océans. Car oui, quoi qu’on en dise, Cousteau reste avant tout un fervent défenseur de l’environnement.
Pour en savoir plus sur le film :
Maude Vuillez
Sailor & Lula de David Lynch (1990)
Film road-trip, film de fuite, film sur la liberté et l’amour, on y suit Lula, jeune fille rebelle, aventurière et sensuelle, et Sailor, son amant bad boy que sa mère n’approuve pas. Cette dernière lance alors sur Sailor un homme de main pour l’assassiner, et en luttant Sailor le tue et se retrouve en prison. Lors de sa libération, Lula vient l’accueillir, plus amoureuse que jamais. Alors, face à cet amour impossible et à une mère toujours plus déterminée, il n’ont d’autres choix que de s’enfuir, loin de tout, à deux, vivre d’amour et d’eau fraîche. Ils partent alors en voiture, à la découverte d’une Amérique en Technicolor, pleines de voitures Jaguar et de pantalons léopards, de truands assassins et d’amoureux transis. David Lynch joue des genres et se déjoue des attentes, en nous proposant un monde à la fois naïf et cruel, à la fois kitsch et violent, dans une ambiance parodique et bienveillante proche de la série B, toujours plus irréelle, toujours plus improbable et toujours plus fantasque. On le regarde pour un Nicolas Cage dans l’un de ses meilleurs rôles, on l’aime pour ses vestes en serpent (symbole d’individualité et de croyance en la liberté personnelle) et on le revoit à l’infini pour son génie.
Pour découvrir le film :
Par Alma-Lïa Masson Lacroix
M.A.S.H de Robert Altman (1970)
Dans les années 1970, le cinéma américain fait face au déclin du grand Hollywood pour se tourner vers un cinéma plus intime et réaliste : celui du Nouvel Hollywood. Critique de la société et remise en cause des valeurs américaines, c’est dans ce contexte tendu que s’inscrit le cinéma de Robert Altman. Film loufoque à la limite du documentaire, M.A.S.H raconte l’histoire de deux chirurgiens affectés à la 4077 ème antenne chirurgicale militaire en Corée. Plus passionnés par le golf et les femmes que par leur métier, ces rebelles causent pas mal de soucis sur la base militaire. Emprunt de Jeep, parties fines avec les infirmières ou jeu d’argent, les deux chirurgiens ne manquent pas d’occasion pour amuser la galerie.
Véritable satire de la Guerre de Corée, le film fut récompensé lors de la 23e cérémonie du Festival de Cannes et en 1996, il fut sélectionné pour être conservé par le National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américain pour son « importance culturelle, historique ou esthétique ».
Pour découvrir le film :
Par Eva Darré-Presa